Les salariés de l'usine Saunier Duval à Nantes étaient en grève ce lundi 14 octobre. La colère monte depuis l'annonce de la reprise du travail en 2x8 alors qu'un plan social menace 30 % des emplois.
C'est l'annonce de trop. La semaine dernière, la direction de l'entreprise Saunier Duval a indiqué le retour d'un travail en 2×8, prétextant un retour à la hausse du marché de la pompe à chaleur. Concrètement, elle demande à deux équipes de se relayer pour assurer un fonctionnement durant 16 heures dans une journée.
Pourtant, le 16 juillet dernier, cette même direction détaillait son plan de sauvegarde de l’emploi (PSE) qui prévoit la suppression de 225 postes. À notre micro, Yuna Josse, directrice de l’usine nantaise, justifiait cette décision par l'écroulement des ventes de pompes à chaleur.
Cette fois, c'est une grève totale. On voulait plus fort parce que l'annonce est trop brutale
Marie-Paule DupondDéléguée syndicale CFDT
"Pourquoi supprimer des postes si le marché se porte mieux ?", interroge désormais Marie-Paule Dupond, déléguée syndicale CFDT. Salariée de l'usine depuis près de 40 ans, elle est levée depuis 4 h du matin ce lundi 14 octobre. Ce jour-là, la syndicaliste a troqué ses habits de travail pour un gilet orange fluo à l'effigie de son syndicat.
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Aux côtés de ses confrères de chez Force Ouvrière (FO), elle passera sa journée à tenir le piquet de grève. Jusqu'alors, les syndicats n'avaient impulsé que des débrayages pour protester contre le PSE. Le premier avait eu lieu en juillet, le second en septembre et il n'avait pas été suivi par la CFDT. "Cette fois, c'est une grève totale. On voulait plus fort parce que l'annonce est trop brutale", appuie Marie-Paule Dupond.
D'après FO et la CFDT, près de 99 % des salariés de l'usine auraient suivi cette grève. "Ils n'étaient que deux en production sur près de 500 personnes d'habitude", détaille Bruno Hatton, secrétaire adjoint du syndicat des métaux Nantes Force Ouvrière (FO).
Des salariés angoissés
Tout au long de cette journée de grève, Bruno Hatton raconte avoir échangé avec des salariés minés par le stress de ne pas savoir s'ils seront licenciés ou non. "Les gens se regardent dans le blanc des yeux en se demandant qui va sauter", lance-t-il.
En effet, la plupart des secteurs d'emplois de l'usine sont concernés par les suppressions de postes annoncés. "On a deux infirmiers sur le site, un poste doit être supprimé ; on compte 162 opérateurs multivalents, 89 postes doivent être supprimés ; on a 29 formateurs, six postes devraient être supprimés", énumère le syndicaliste.
En négociation avec la direction depuis près de trois semaines, FO et la CFDT déplorent également un manque de dialogue et un mépris de sa part. "On a l'impression d'être pris pour des imbéciles parce que la directrice ne répond pas à nos premières propositions de négociation et elle passe à autre chose. On a une réunion demain et si on n'a pas de réponse, ça risque de chauffer encore davantage", prévient Bruno Hatton.
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