Sur les sites des agences d'intérim, les annonces commencent à se multiplier pour trouver des candidats au rôle de Père Noël. Mais voilà, la perspective d'endosser le costume pour une animation d'une journée dans un centre commercial n'attire plus les foules. La magie des fêtes en déclin ?
Recherche animateur ou comédien pour le rôle du Père Noël. Depuis quelques jours, sur le site de l'agence Intérim spectacle et audiovisuel, l'annonce se décline en de nombreuses offres. Poste à pourvoir du 14 au 15 décembre 2024 à Toulouse, le 21 décembre à Carcassonne, ou encore à Paris ou Lorient. "Les demandes des clients sont de plus en plus tardives, explique le fondateur de l'agence. Et puis, surtout, personne ne se bouscule au portillon pour répondre et devenir Père Noël."
"Ce n'est pas valorisant de griller un week-end pour trois francs six sous"
Même spécialisé dans le recrutement intérimaire dans le secteur de comédiens et d'animateurs pour des spectacles ou de l'événementiel, Kari Bounabi avoue être désormais confronté à quelques difficultés pour satisfaire ses clients. "Avec mes collaborateurs, on a fait un petit calcul : il faut quasiment passer 100 appels pour trouver une personne disponible." Il faut dire que tout le monde veut son Père Noël sur une même période d'une quinzaine de jours.
On n'achète pas 40,50 ou 60 Pères Noël juste pour la même journée. Et si vous multipliez ça par le nombre d'agences événementielles et de supermarchés, c'est un peu compliqué.
Kari Bounabi, fondateur d'Intérim spectacle audiovisuel
Et puis, revêtir le costume rouge même pour faire briller les yeux des enfants n'est plus très valorisant. "Souvent, les comédiens faisaient le Père Noël pour faire des cachets supplémentaires, pour avoir droit à leurs heures. Aujourd'hui, cet argument-là, il est parti, on va dire, un petit peu en fumée, parce que de toute façon, il y en a certains qui savent qu'ils n'auront jamais leurs heures, donc ils ne veulent pas faire Père Noël pour rien", avance en guise d'explication le fondateur de l'agence d'intérim. Kari Bounabi dit comprendre qu'une personne rechigne à jouer le Père Noël, payé au Smic. "Ce n'est valorisant pour une personne de griller un week-end pour trois francs six sous", fait-il remarquer.
Noël, une fête qui perd de sa magie ?
Le responsable d'agence évoque aussi le climat actuel, "une époque un peu particulière" qui fait ombrage à l'insouciance. Comme si le sens de la fête se perdait et que Noël perdait un peu de sa magie. "Avant, on trouvait toujours dans les villages des bénévoles et des gens qui se prêtaient au jeu. Aujourd'hui, j'ai l'impression qu'il y a moins d'engouement. Que les adultes ont un peu de mal à retrouver leur âme d'enfant", estime Kari Bounabi.
S'il n'y a plus de Père Noël, on est mal barré quand même !
Kari Bounabi, de l'agence Intérim spectacle audiovisuel
Selon une enquête internationale lancée en 2018 par un professeur britannique de l'université d'Exeter, l’âge moyen auquel les enfants cessent de croire au Père Noël serait de huit ans. Et sur les 1200 premières réponses reçues à l'époque, 34% des personnes interrogées auraient souhaité continuer de croire au Père Noël.
Kari Bounabi, lui, continue de croire en cette magie. "Quand on voit un Père Noël quelque part, de suite les enfants arrivent, les parents prennent des photos..." Mais le casting n'en reste pas moins restreint. "Profil recherché : idéalement jeune retraité, débutant ou confirmé sont acceptés : l'essentiel est d'être motivé, ponctuel et aimer la magie des festivités de fin d'année. Expérience dans ce rôle et/ou contact aisé en société et avec les enfants souhaité", peut-on lire sur les annonces d'emploi d'animateur ou comédien pour le rôle du Père Noël. Et puis, il faut trouver candidat à proximité du lieu de l'animation. Question de budget encore une fois.