Des ostréiculteurs de l'étang de Thau, dans l'Hérault, ont mis en place une toute nouvelle technique d'élevage pour contrer les effets néfastes du réchauffement climatique.
Sur le Bassin de Thau (Hérault), Emmeline et Quentin, ostréiculteurs à Mèze dans l'Hérault, ont adopté le captage naturel. Cette technique consiste à récolter des larves d’huîtres dans la lagune pour les élever jusqu’à maturité.
Des huîtres 100 % locales
"C’est une expérimentation que Quentin a lancée l’année dernière", explique Emmeline. "Avant, on disait que ça ne fonctionnait pas ici. Mais de nouvelles études ont montré que c’était possible. On a essayé, et ça a très bien marché."
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Sous leurs parcs, des collecteurs en caoutchouc empilés sur des cordes accueillent les larves. "L’été, les huîtres deviennent laiteuses et libèrent des larves dans l’eau. Ces larves flottent avec le courant et cherchent un support pour s’accrocher. Nos collecteurs sont là pour les attraper", précise Quentin.
Une méthode adaptée au climat
Jusqu’à présent, les ostréiculteurs du Bassin de Thau se fournissent principalement en naissains, ces jeunes huîtres, auprès de nurseries de l’Atlantique. Mais ces huîtres venues d’ailleurs sont parfois fragiles face aux conditions méditerranéennes. Avec le captage naturel, les larves grandissent dans leur environnement d’origine. "Les huîtres nées ici sont mieux adaptées", assure Emmeline. "On a constaté beaucoup moins de mortalité avec celles de l’an dernier."
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Pour ces ostréiculteurs, cette méthode a aussi une valeur symbolique. "C’est très gratifiant de dire à nos clients que nos huîtres sont nées ici, dans la lagune. Ce sont des huîtres sauvages", ajoute-t-elle.
Une pratique encore peu répandue
Malgré ses avantages, le captage naturel reste encore marginal. "Aujourd’hui, seule une dizaine de producteurs l’utilisent sur les 400 entreprises de la région", souligne Patrice Lafont, président du Comité régional conchylicole.
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Pour développer cette pratique, un projet d’écloserie locale est en préparation. Prévue d’ici cinq ans, elle pourrait devenir la première écloserie de la Méditerranée. "Ce serait une avancée importante pour la filière", explique Patrice Lafont.
En attendant, Emmeline et Quentin poursuivent leurs efforts. Ils espèrent que leurs huîtres, 100 % locales et résistantes, séduiront les consommateurs pour les fêtes de fin d’année.