Originaires de Narbonne, Perpignan, Béziers, Montpellier et même Toulouse, des intérimaires recrutés par une entreprise spécialisée dans les sinistres climatiques sont arrivés à Valence en Espagne pour déblayer une zone commerciale. L'appel à candidature avait entraîné un grand nombre de réponses. Ziad témoigne de l'ampleur des dégâts.
"On ne sent comme des soldats contre toute cette boue, toute cette eau !", raconte Ziad Allaya. Cela fait cinq jours qu'il est arrivé à Valence en Espagne, ville meurtrie par les inondations, fin octobre, qui ont causé la mort de 217 personnes selon un bilan toujours provisoire.
Ce Narbonnais (Aude) fait partie de la quarantaine d'intérimaires embauchée suite à la publication de plusieurs annonces d'agences d'intérim dans les départements de l'ex région Languedoc-Roussillon et même en Haute-Garonne. Recruté en tant que conducteur d'engin de chantier pour nettoyer un centre commercial situé à Alfafar, Ziad est impressionné par ce qu'il découvre.
Une zone de guerre
"Quand on est arrivé mardi soir (NDRL : 12 novembre 2024) vers le centre de Valence, on ne voyait rien des dégâts. Puis, on nous a emmenés sur la zone sinistrée, décrit-il. J'avais beaucoup regardé les infos, des vidéos avant de partir. C'est beaucoup plus impressionnant que ce que l'on peut voir à la télé !"
On voit que par endroits l'eau, la boue ont atteint 1 m 80 de haut, tout le monde est touché même des concessionnaires automobiles. On se croirait sur une zone de guerre !"
Ziad, Narbonnais parti en mission d'intérim pour déblayer à Valence
S'il n'a pas encore conduit d'engin, Ziad et ses confrères venus de Montpellier, Nîmes, Perpignan, Béziers et Toulouse, s'emploient à nettoyer comme ils le peuvent 8 heures par jour. "Avec des pelles, des raclettes, on désencombre, on remplit la brouette." Payé 12 euros bruts de l'heure, Ziad ne voulait pas rester les mains croisées.
C'est un pays que je connais où je viens en vacances depuis tout petit, j'y suis attaché et j'aime les Espagnols. Je ne pouvais pas rester les bras croisés.
Ziad Allaya, narbonnais parti en mission d'intérim pour déblayer à Valence
Le Narbonnais n'en est pas à sa première expérience post-catastrophe. Petit, il se souvient être venu en aide avec son père aux victimes des inondations qui ont impacté l'Aude en 1999. Ce père de trois enfants, âgé de 36 ans, restera un mois à Valence. Et davantage si la mission est prolongée. "Tous les jours, ça s'améliore. On est au moins 200 personnes sur la zone commerciale où l'on travaille, il y a des gens qui viennent de partout en France, mais aussi d'Allemagne, embauchés par d'autres entreprises. Ce samedi matin, on a vu des gros bus arriver avec des Espagnols encadrés par la police, venus en renfort."
Logés par l'entreprise qui les emploie, les intérimaires français ne passent pas inaperçus au sein de la population. "Les Espagnols ont l'air assez fiers et heureux que des Français viennent les aider. Mais les gens sont dévastés", raconte Ziad.
D'autres espèrent partir aider
Touchée elle aussi en plein cœur par le drame que vivent les Espagnols, Pilar Baris, 50 ans n'a pas été retenue pour partir. Et pour cause seuls des hommes ont été recrutés cette fois. Cette Perpignanaise, ancienne agricultrice en reconversion, a de la famille juste de l'autre côté de la frontière. " On aimerait qu'il fasse pareil pour nous si ça devait nous arriver. Si on peut leur redonner un petit peu d'énergie..."
Pilar fera peut-être partie des prochains appelés. Intérim Nation qui avait diffusé l'annonce début novembre avait été submergée d'appels et de candidatures. "On a vraiment été submergés d'appels de partout en France, et c'est vraiment par solidarité", assure Delphine Gard, Directrice de secteur Occitanie au sein du groupe Belvedia.
Le recrutement en intérim pour une entreprise spécialisée dans la gestion des sinistres climatiques s'est déroulé en une journée, le vendredi 8 novembre. Il a donc été rapidement complet comme l'a posté l'agence sur son compte Facebook.
Si une quarantaine de personnes a été embauchée, les autres candidatures sont conservées. "On répertorie les numéros de personnes intéressées en cas de besoins supplémentaires." Car de nouveaux intérimaires pourraient rejoindre l'Espagne d'ici quelques jours.
L'impact du changement climatique
Ces inondations intenses, conséquence du changement climatique, font aussi réfléchir Ziad et Pilar sur l'arrivée d'un tel chaos en France. "Je ne m'inquiète pas car il y a déjà eu des inondations à Perpignan il y a trois-quatre ans, des gens passaient en barque devant mon immeuble ! se rappelle Pilar. Mais on a plus de terre. Avec ce nouvel épisode en Espagne, je me suis demandé qu'est-ce que je pourrais sauver ? On peut tout perdre notamment les souvenirs, les photos auxquelles on est tant attachés !" "Je sentais qu'on devrait faire face à des changements inédits. On est tellement habitués à notre confort, on n'oublie que ça peut aussi nous arriver", conclut Ziad.