Polluants éternels : "Ce qui met en colère, c'est que des scientifiques, des industriels ne fassent rien"

Les députés ont adopté une proposition de loi pour restreindre la production et la vente de polluants éternels. La députée écologiste nantaise Julie Laernoes a été une des porteuses de ce texte. Elle a fait tester des habitants pour savoir si des traces de ces polluants se retrouvaient dans leurs cheveux. Des résultats édifiants.

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Ils sont partout depuis les années 40. Les PFAS, les alkyls polyperfluorés.
Derrière ce nom, des milliers de substances chimiques que l'on retrouve dans la fabrication d'objets du quotidien. Les emballages alimentaires, les câbles d'isolation, les vêtements, mais aussi les poêles, les casseroles ou même certains produits cosmétiques.

Ces PFAS sont cancérigènes probables, selon les scientifiques et, particularité, ils ne se dégradent pas dans la nature. On les qualifie donc de polluants éternels.

Depuis un an, des parlementaires ont lancé une enquête. Ils ont testé les cheveux de centaines de Français. Et en Loire-Atlantique, les conclusions sont édifiantes : 80 % sont positifs aux PFAS. Parmi eux, Violaine Boutet. Elle est institutrice, consomme des aliments bio et filtre l'eau du robinet. Pourtant, elle et son fils sont contaminés.

"Ce qui met en colère, c'est que des scientifiques, des industriels soient au courant et qu'ils ne fassent rien. Ma colère, elle est là, explique-t-elle, on ne peut rien y faire. On a ça. Il faut vivre avec. J'ai eu un peu de stress pendant 24 heures et puis ensuite, je me suis dit 'bon bah voilà, c'est un fait' et je pense qu'on est en fait très très nombreux à être dans mon cas".

Une demi-victoire

Jeudi 4  avril, à l'Assemblée nationale, le groupe écologiste a déposé un projet de loi pour interdire les PFAS et il a été voté en partie.

"On a proposé l'interdiction immédiate d'un certain nombre de produits pour lequel des alternatives existent, explique Julie Laernoes, iI s'agit notamment des vêtements, nous avons des vêtements qui ont des propriétés pare-feu ou qui ont des propriétés imperméables, qui contiennent encore des polluants et on sait faire autrement".

"Ça concerne aussi le maquillage, ce qui était extrêmement préoccupant, parce qu'il y a des maquillages avec des PFAS à l'intérieur.  Vous imaginez les jeunes filles qui se maquillent de plus en plus tôt, puisque ce sont aussi des perturbateurs endocriniens, les conséquences graves qu'il y avait sur la santé".

Pour les écologistes, c'est une demi-victoire, car des manifestations ont eu lieu comme ici devant l'Assemblée Nationale. Des salariés de l'usine Seb craignant pour leur emploi.

Conséquence, au dernier moment, les ustensiles de cuisine ont été exclus du projet de loi. Nos poêles et casseroles pourront donc toujours être fabriquées avec des polluants éternels.

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Les députés ont adopté une proposition de loi pour restreindre la production et la vente de polluants éternels. La députée écologiste nantaise Julie Laernoes a été une des porteuses de ce texte. Elle a fait tester des habitants pour savoir si des traces de ces polluants se retrouvaient dans leurs cheveux. Des résultats édifiants. ©Le reportage de Fanny Borius, Pacôme Le Mat, Amélie Lepage et Christophe Person

De nouvelles normes pour l'eau en 2026

Une directive européenne de 2020 prévoit l'intégration des PFAS pour 2026 avec des paramètres qui seront mesurés dans le cadre du contrôle sanitaire de l’eau.

"La norme qui pourrait alors être définie serait la suivante : la somme des 20 PFAS considérés comme préoccupants pour les eaux destinées à la consommation humaine ne devra pas dépasser les 0,10 μg/l en eau traitée", précise Atlantic’eau, service public de l'eau potable pour 159 communes de Loire-Atlantique, 2 communes de Vendée et 1 commune du Maine-et-Loire.

Atlantic’eau précise anticiper la réglementation "en menant un suivi bimestriel sur ses ressources". "Les résultats sont très rassurants", affirme l'organisme.

"La plus forte concentration mesurée reste plus de 7,5 fois inférieure à la valeur de 0,10 μg/l (0,013μg/l en octobre 2023 en sortie du site de production d’Ancenis, qui prélève l’eau dans la Loire). On retrouve également des traces en sortie d’usines de Saint-Michel-Chef-Chef, Basse-Goulaine, Machecoul, Saffré, Saint-Mars-du-Désertet Saint-Gildas-des-Bois." 

Le reportage de Fanny Borius, Pacôme Le Mat, Amélie Lepage et Christophe Person

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