Pollution de l'air. Vaut-il mieux habiter près d'un grand boulevard ou près d'un aéroport ?

C'est une première en France, une Association Agréée Surveillance Qualité de l'Air a posé ses capteurs près de l'aéroport de Nantes Atlantique. Elle communique ses conclusions après quatre ans d'études.

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Si l'on pouvait choisir sa pollution, vaudrait-il mieux loger près d'un aéroport comme celui de Nantes Atlantique, environ 50 000 décollages et atterrissages dans l'année, ou près du périphérique de cette métropole et de ses 100 000 véhicules par jour ?

Air Pays de la Loire (association agréée par le Ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires pour assurer la surveillance et l’information sur la qualité de l’air dans les Pays de la Loire) vient de communiquer les chiffres de son étude de la qualité de l'air dans la région pour les neuf premiers mois de l'année 2024.

Il en ressort que l'année 2024 a été de meilleure (moins mauvaise ?) qualité que 2023. Une tendance qui reste à confirmer puisque les données de 2024 ne prennent pas encore en compte le dernier trimestre.

Moins de jours de mauvaise qualité de l'air

Néanmoins, la tendance est là. Sur la Métropole de Nantes, en 2023, il y avait eu un jour de très mauvaise qualité de l'air, 20 jours de mauvaise qualité et 50 de qualité dégradée.

En 2024, il n'y a eu aucun jour de très mauvaise qualité, 4 de mauvaise qualité et 24 de qualité dégradée.

199 jours ont été de qualité moyenne en 2023, contre 214 en 2024.

Enfin, il y a eu (seulement !) 3 jours où l'air a été de bonne qualité en 2023, contre 5 jours en 2024.

On en conclut donc, que, malgré l'inquiétante qualité moyenne de l'air les deux tiers de l'année, cette qualité s'est améliorée entre 2023 et 2024.

Une tendance régionale due à la pluviométrie

Un constat similaire se retrouve sur l'agglomération d'Angers avec une qualité de l'air meilleure en 2024 qu'en 2023 (24 jours mauvais en 2023 contre 4 en 2024). Il en va de même en Mayenne, en Sarthe et en Vendée.

►Tous les chiffres sont à retrouver en bas de cet article.

Cette évolution positive a pour explication principale... la météo !

Certes, Air Pays de la Loire constate que les émissions de gaz polluants et de particules fines sont en baisse, mais la pluie qui a pourri cette année 2024 a eu pour effet de plaquer les polluants au sol. On les a donc moins respirés. Et oui, la pluie est bonne pour la qualité de l'air !

Précision : Air Pays de la Loire note "des élévations (de niveaux de pollution) le matin en lien avec les émissions routières et en soirée liée à la conjugaison des émissions routières et du chauffage résidentiel".

Mais qu'on ne s'y trompe pas, les valeurs de référence au-dessus desquelles l'air est qualifié de mauvaise qualité changeant de directive en directive, on se rend compte de plus en plus que ce que nous respirons est chargé d'éléments nocifs. Plus la barre édictée par l'Europe est basse, plus on juge dégradé l'air respiré.

Le 17 septembre prochain, de nouvelles directives européennes vont être définies qui seront ensuite soumises au vote du Parlement européen et ces directives sont plus exigeantes que les actuelles qui datent de 2005.

L'Europe moins exigeante que l'OMS

Un exemple : la directive de 2005 concernant le dioxyde d'azote (lié au trafic routier) plaçait à 40 microgrammes par m³ le taux maximum acceptable. La prochaine directive descend ce taux à 20 microgrammes par m³. En fait, cette nouvelle réglementation ne va pas révolutionner les choses puisque, selon Air Pays de la Loire, ce taux limite n'est pour ainsi dire jamais atteint dans la région.

Il serait plus contraignant d'appliquer les préconisations de l'Organisation Mondiale de la Santé, bien plus exigeantes. L'OMS estime en effet, que pour protéger la santé humaine, on ne devrait jamais dépasser les 10 microgrammes de dioxyde d'azote par m³ d'air. 

Si une telle mesure de référence devenait la règle, cela concernerait, selon Air Pays de la Loire, 57 % des Nantais !

2 000 décès prématurés dus aux particules fines

Si on s'intéresse aux particules fines générées par le chauffage, le trafic routier, l'activité industrielle, l'activité agricole, et que l'on applique les recommandations de l'OMS, alors c'est 100 % de la population qui respire un air vicié ! Sachant que ces particules fines sont potentiellement à l'origine de maladies neurodégénératives, de cancers, de maladies cardiovasculaires ou/et respiratoires, on a de quoi être inquiet.

Selon les données communiquées par Air Pays de la Loire, on estime qu'il y a 2 000 décès prématurés dus à la pollution de l'air chaque année en pays de la Loire (40 000 en France).

Et l'on en vient à parler des aéroports et de leur rôle dans la production de particules fines. 

En fait, pour ce qui concerne le trafic aérien, on parle ici de particules ultrafines. Pour donner un ordre de grandeur, un cheveu a une épaisseur de l'ordre de 70 microns (micromètres). Une particule fine est de l'ordre de 2,5 microns.  

Si l'on parle en nanomètre (1 millième de micron), une particule fine mesure 2 500 nanomètres. Pour les particules ultrafines, on descend encore plus bas : en dessous des 100 nanomètres (0,1 micron). C'est plus petit qu'un virus.

"Plus c'est fin, plus ça va diffuser sur l'ensemble du corps, explique François Ducroz, ingénieur référent qualité de l'air à Air Pays de la Loire. Les avions sont émetteurs de particules inférieures à 20 nanomètres. Cela peut passer directement dans le sang."

Une recherche inédite en France

De 2020 à 2024, sur financement de la direction générale de l'aviation civile, Air Pays de la Loire a mené une étude inédite en France : identifier et mesurer la présence de particules ultrafines aux abords de l'aéroport de Nantes Atlantique. Les données relevées ont été comparées à des mesures de qualité de l'air sur des sites éloignés de l'aéroport.

"On a cherché des particules de 5 nanomètres à 40 nanomètres" précise François Ducroz.

Les conclusions de ces quatre années de prélèvements montrent que les populations proches de l'aéroport sont moins exposées à des particules fines que celles qui sont proches de boulevards à dense circulation, mais connaissent, lorsqu'elles sont sous le vent du trafic aérien, des expositions plus importantes aux particules ultrafines générées par les réacteurs d'avions.

Plus au décollage qu'à l'atterrissage

Le décollage est plus "généreux" en production de particules ultrafines, mais l'atterrissage n'est pas loin derrière du fait de l'inversion de poussée qu'enclenchent les pilotes pour freiner l'avion et qui mobilise 70 % de la puissance.

La présence de particules ultrafines au moment des mouvements aériens diminue progressivement si l'on s'éloigne des bouts de piste, mais on les détecte encore jusqu'à 3,6 km de distance.

Les particules ultrafines sont, certes, plus dangereuses, mais elles n'impactent la qualité de l'air que 3 % du temps pour les personnes exposées proches de l'aéroport.

Alors que la pollution aux particules fines générées par le trafic routier, moins dangereuse (mais dangereuse quand même), est plus présente dans l'air ambiant des riverains de voies de circulations fréquentées. 

Et l'on sait que ce qui pose le plus de problèmes à la santé, c'est la pollution chronique.

Chacun tirera les conclusions qui s'imposent de cette étude, mais il est intéressant de savoir que l'Europe va durcir ses directives tout en ayant conscience de rester bien en deçà des préconisations de l'OMS.

Et, à Air Pays de la Loire, on aime à citer un article du code de l'environnement qui rappelle "le droit reconnu à chacun à respirer un air qui ne nuise pas à sa santé."

La qualité de l'air entre 2023 et 2024 dans chacune des 5 grandes villes de la région

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