Vertueuse sur le papier, la plateforme de compostage de déchets verts et alimentaires installée à La Chapelle-sur-Erdre, près de Nantes, l'est nettement moins dans les faits. Les riverains dénoncent des nuisances olfactives insoutenables et réclament son déménagement.
Loin des bruits de la ville, ce quartier résidentiel de La Chapelle-sur-Erdre, au nord de Nantes parait bien paisible. Une ambiance champêtre pour qui a perdu l'odorat. Car depuis neuf mois, des odeurs nauséabondes de purin macéré bouleversent le quotidien des habitants.
Ces nuisances olfactives proviennent de la plateforme de compostage Terra Ter, située à quelques encablures.
"Le site s’est implanté à 50 mètres des maisons. Il traite des déchets alimentaires, donc des déchets qui ne peuvent pas ne pas être odorants. Cela nous parait une aberration", s'insurge Jean Iemmolo, membre du collectif "Respire à la Chapelle".
Des irrégularités multiples
En colère, les habitants ont fondé un collectif. Il ne cesse d’alerter et de dénoncer outre les nuisances olfactives, l’illégalité du projet. D’après leurs recherches, la nature du site et son fonctionnement à ciel ouvert, imposerait un éloignement à 200 mètres des habitations.
Selon eux, les irrégularités sont multiples, fosse à purin non couverte, absence de système d’extraction, absence de clôture et absence de dispositif de rétention pour l’environnement. "C’est-à-dire que des liquides peuvent s’écouler dans la nature", s'inquiète Jean Iemmolo.
On a l’impression que tout a été fait à minima, sans respecter la réglementation.
Jean Iemmolo
Exploitée par la société coopérative Compost in Situ, la plateforme Terra Ter traite des déchets alimentaires et des déchets verts, 3 500 tonnes par an actuellement et potentiellement 6 000 tonnes, soit le double. La matière première récoltée provient en majorité de la restauration collective, des supermarchés et des collectivités.
"Tous les jus de la plateforme se retrouvent à l’intérieur de cette fosse. Il y a des jours avec et des jours sans odeur ; cela dépend des bactéries qui se développent dans la fosse", précise Dana Pfeuty, directeur de Compost in situ.
Si les odeurs ne disparaissent pas d'ici le 31 mars prochain, le site surveillé par la préfecture pourrait être amené à fermer.
"Le débat est bancal"
Lors de la dernière réunion de médiation animée par le maire de la commune, la tension était palpable. "Le débat est bancal : nous avons le maire qui est pour ce projet et nous n’avons personne de l’entreprise qui nous pollue depuis neuf mois", s'agaçait le collectif. "Aujourd’hui, nous souhaitons vous présenter les mesures correctives qui vont être mises en œuvre", précisait pour sa part Fabrice Roussel, le maire de la commune.
A l'issue de cette réunion de médiation, le collectif assurait vouloir engager des poursuites judiciaires.
La finalité de cette plateforme est de livrer du compost gratuit naturel et local à une quinzaine d'agriculteurs des environs, eux-mêmes partenaires de ce projet. A terme, des sites comme Terra Ter sont amenés à être développés aux quatre coins de Nantes Métropole.