Projet de loi immigration. "Infâme" pour les associations et les partis de gauche, "insuffisant" pour la droite et le RN

L'exécutif ouvre ce mercredi 1er un nouveau chantier explosif, en pleine bataille des retraites, avec la présentation en Conseil des ministres d'un projet de loi sur l'immigration qui braque largement, de la droite à la gauche et révulse les associations d'aide et d'alphabétisation aux migrants.

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C'est le plus petit bistrot de Nantes, mais ici les portes sont toujours ouvertes et il y a de la place pour tout le monde, pour le "Monde entier", comme aurait pu le dire Lolo, ancien patron charismatique désormais en retraite. 

"Cette loi ? Un modèle de duplicité"

Il faut grimper un escalier étroit pour les trouver. À l'étage des dizaine de migrants sagement planchent sur leurs cahiers. Ils apprennent le français, accompagnés par de nombreux bénévoles parmi lesquels, Gaspard Norrito, militant engagé à Nantes et Saint-Brévin pour l'alphabétisation et l'accueil des migrants.

"Cette loi est un merveilleux exemple du en même temps Macronien. Son nom : contrôler l'immigration et améliorer l'intégration est un modèle de duplicité ! " 

"Si on peut accueillir d'avantage de migrants et leur permettre de travailler dans des conditions satisfaisantes et légales. Pourquoi pas ? ", convient le militant qui voit dans cet aspect un "voile se lever. " C'est bien le seul à l'écouter...

Il y a une réalité économique, souligne Gaspard Norrito. "Un certain nombre de patrons sont montés aux créneau, en disant ça suffit l'immigration ne peut plus être un enjeu politique !   Nous, on a besoin d'eux."

"L'an dernier, les restaurateurs dans les stations balnéaires étaient désespérés, ils ne trouvaient personne. Ce qui est terrible dans pareille situation, c'est que l'on n'emploie pas des personnes qui ne demande qu'e ça."

Ils sont des centaines à Nantes qui ne rêvent que de ça, travailler et qui en sont interdits. Ils ne peuvent que lorsqu'il y a le feu, comme pour le muguet ou le maraîchage.

Gaspard Norrito

Militant pour l'accueil et l'alphabétisation des migrants

"C'est une nouvelle fois une loi idéologique. Un enjeu politique. Il y en a qui pousse plus loin encore que Darmanin, comme les Ciotti et les Retailleau chez nous qui demandent encore plus de répression", ajoute le militant.

"Jamais nous n'avons eu autant de demandes"

"En ce qui concerne l'apprentissage du français l'OFI (office français de l'immigration) sait pertinemment que le temps de formation consacré aux migrants a drastiquement diminué. Cette formation, c'est pourtant l'État qui la donne et qui doit la donner. Jamais nous n'avons eu autant de demandes pour apprendre les rudiments de la langue et ils, et elles, viennent de partout", constate-t-il.

Certains points pour Gaspard Norrito sont intenables.

Une fois de plus on veut faire plaisir à la droite extrême et à l'extrême droite. Pas sûr que la loi passe. Une partie du patronat est contre. Ce qui est sûr, c'est que personne n'arrêtera l'immigration et n'empêchera des femmes et des hommes de fuir les souffrances et la misère.

Gaspard Norrito

Militant pour l'accueil et l'alphabétisation des migrants

 "Cette loi occulte le fait que nous sommes un pays d'accueil. Plutôt que mettre des freins il faut ouvrir les bras à ceux qui sont là. Nous avons besoin d'immigration. Que seraient les secteurs de la restauration et du BTP sans les personnes étrangères ?"

Nous ne pouvons pas nous passer de main d'œuvre immigrée. Regarder la réalité en face c'est admettre aujourd'hui qu'aucun hôtel ne pourrait avoir de gardien la nuit sans personnel migrant, aucune structure d'aide à la personne ne pourrait tenir.

Gaspard Norrito

Militant pour l'accueil et l'alphabétisation des migrants

"Il faut de la fermeté et de l'humanité"

C'est donc un dossier explosif qu'ouvre ce mercredi 1er février le gouvernement au lendemain de la mobilisation massive contre la réforme des retraites, le projet de loi immigration. Le texte prévoit une série de mesures pour faciliter les expulsions, surtout des
étrangers "délinquants", une réforme du droit d'asile et un volet intégration, notamment la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les "métiers en tension" (restauration, bâtiment..) où les employeurs peinent à embaucher.

"Il faut de la fermeté et de l'humanité. On ne peut pas accueillir tout le monde", résumait Emmanuel Macron en décembre dans le quotidien Le Parisien, tout en appelant à "intégrer plus vite et mieux" ceux qui obtiennent l'asile.

Le projet de loi est porté par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, pour son volet sécuritaire, et celui du Travail, Olivier Dussopt, pour la partieéconomique et sociale.

Destiné à séduire à la fois la droite républicaine, de plus en plus radicale sur le sujet, et la gauche, qui dénonce les conditions d'accueil des étrangers, le texte a fini par fâcher tout le monde...et pourrait nécessiter de déclencher l'arme constitutionnelle du 49.3, qui permet son adoption sans vote.

"Je voterai contre ce texte"

"Je voterai contre ce texte", qui devrait être présenté en Conseil des ministres le 1er février, affirmait le 18 janvier le nouveau président des Républicains Eric Ciotti. Le député des Alpes-Maritimes, nouveau patron des LR connu pour son intransigeance sur le sujet, l'assure : "le texte fait semblant d'imposer des mesures plus fermes. Certaines vont dans le bon sens mais elles sont très largement insuffisantes".

Pour Les républicains un titre de séjour "métier en tension" est inconcevable, voire rédhibitoire. 

Cette mesure conduirait à une "régularisation massive", assure le patron vendéen des sénateurs LR Bruno Retailleau. Pour lui le texte "va ouvrir les vannes de l'immigration".

La majorité elle-même apparaît divisée, entre tenants de l'aile droite, prêts à le durcir encore si nécessaire, et élus issus de la gauche, qui y voient des lignes rouges.

"La paresse c'est quand on copie Zemmour"

La Nupes est vent debout contre un texte "qui copie le programme de Zemmour", selon Andy Kerbrat, député de Loire-Atlantique.

Ce texte, le 29e sur l'asile et l'immigration depuis 1980, "alimente avant tout le moulin de l'extrême droite en répondant sur leur terrain", déplore pour sa part Fanélie Carrey-Conte de l'association d'aide aux migrants la Cimade. 

A Paris et en région, la Ligue des Droits de l'Homme est mobilisée ce mercredi pour dénoncer "un projet de loi infâme et mettre fin aux maltraitances administrative".

Sans surprise, le RN a annoncé qu'il ne voterait pas le texte.

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