Le club de handball Les Neptunes de Nantes a été mis en liquidation judiciaire ce mercredi 31 juillet. Son principal partenaire financier, le groupe Réalités, victime de la crise immobilière, a jeté l'éponge.
Encore un club de l'agglomération nantaise qui n'a pas démérité, mais qui va devoir baisser le rideau du fait de graves difficultés financières.
Courant juillet, on apprenait que le club de Nantes-Rezé-Métropole-Volley cessait son activité faute d'avoir trouvé un candidat à la reprise de sa dette de 450 000 €. Dommage, le NRMV avait fini deuxième de la ligue A cette saison et remporté la coupe de France.
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Aujourd'hui, ce sont les Neptunes de Nantes, structure sportive qui regroupe les clubs féminins de handball et de volley, qui vacille.
Le partenaire financier principal s'est retiré
En cause, le retrait de son principal financeur, le groupe immobilier Réalités, qui s'était lancé dans ce sponsoring il y a quatre ans.
Le club de volley dont l'équipe professionnelle a remporté le titre de Championne de la Ligue A en fin de saison 2023-2024 après avoir remporté en mars la Coupe de France, devrait poursuivre sous la houlette de l'association dont la présidente Monique Bernard a fait chauffer son téléphone pour trouver de nouveaux partenaires. Ça passera sans doute par une réduction de la voilure.
En revanche, les joueuses de l'équipe de handball, qui ont fini troisième de première division lors de la saison dernière, ont découvert qu'elles n'avaient plus de club. Le tribunal de commerce en a prononcé la mise en liquidation judiciaire.
"Ce club a mis 28 ans pour arriver au niveau où il est aujourd'hui, déclare Pascal Gentil, le tout récent président de l'association Neptunes Handball et donc du club depuis que la SAS Neptune Handball est liquidée. Si on ne fait rien, ce sont 28 ans qui partent à vau-l’eau. Ce n'est pas possible."
"On est en mode combat"
Un conseil d'administration élargi s'est réuni pour décider de la marche à suivre.
"On est en mode combat, enchaîne Pascal Gentil. Il est hors de question que ce club disparaisse."
Pour les joueuses sous contrat avec la SAS, et pour les salariés, tout s'arrête. Bien sûr, certaines joueuses pourront se recaser. On pense notamment aux trois joueuses sélectionnées en équipe de France pour les Jeux Olympiques. Tamara Horacek et Oriane Ondono avaient déjà signé ailleurs. Concernant Lena Grandveau, Pascal Gentil ne se fait pas d'illusions.
"On sait qu'elle va partir. On n'a pas les moyens de la garder", dit-il.
Reformer un nouveau groupe pour une poursuite en deuxième division est évoqué afin d'éviter une descente en Nationale, chez les amateurs.
"C'est le pire des timings"
La présidente de la Ligue Féminine de handball dénonce, dit-elle, un manque d'anticipation.
"Je pense qu'il fallait agir très rapidement et essayer d'être plus proche de la réalité, de cette difficulté économique, déclare Nodjialem Myaro, chez nos confrères de France Bleu Loire-Océan. On parle quand même de joueuses, de salariés de club. On les laisse espérer pendant un an avec une marge de manœuvre durant un an et puis là, en l'espace d'un mois, ça s'arrête, c'est compliqué, c'est violent. Certaines des joueuses sont en train de faire les Jeux Olympiques. C'est le pire des timings. La période est compliquée parce que c'est l'intersaison. Les clubs anticipent et ont déjà fait leur effectif."
La question se pose aussi pour celles qui évoluent dans le centre de formation. Que vont-elles devenir ?
"C’est un coup très dur pour les équipes"
De son côté, la métropole nantaise par la voix de son vice-président Ali Rebouh, parle de décision "soudaine et brutale". La collectivité territoriale connaissait les difficultés financières rencontrées par le groupe Réalités, victime de la crise immobilière, mais pensait pouvoir compter sur son soutien encore une saison. Le temps de trouver un repreneur.
"C’est un coup très dur pour les équipes, les supporters et en premier lieu pour les joueuses, qui ont assuré une saison exceptionnelle et dont certaines disputent actuellement les Jeux Olympiques, déclare Ali Rebouh. Nous sommes déterminés à nous mobiliser, aux côtés des instances sportives et partenaires, pour trouver des solutions permettant à chacune des entités (handball et volley) de survivre à cette situation."
Réalités, un groupe immobilier dans la crise
Le groupe immobilier Réalités est un promoteur immobilier installé à Nantes, plus exactement à Saint-Herblain, depuis 2003, et dont l'activité rayonne aujourd'hui sur un quart nord-ouest de la France. Vingt ans après sa création, Réalités a bien grossi et s'est diversifié après avoir croqué plusieurs entreprises.
Mais à l'été 2022, la hausse des taux d'intérêt commence à bousculer le secteur immobilier français. Deux ans plus tard, alors que ce secteur commençait à espérer une reprise, la dissolution de l'Assemblée Nationale crée un électrochoc qui tétanise le marché. Les projets sont annulés ou reportés. Réalités, dont le chiffre d'affaires a chuté de 33 % entre le premier semestre 2023 et le premier semestre 2024 et qui emploie 1300 personnes, annonce une restructuration. Un plan social est élaboré.
"Un véritable crève-cœur pour nous"
C'est dans ce contexte de crise que le groupe a pris la décision de cesser son soutien à la holding Neptune Handball Volley, club féminin dont il était le financeur principal depuis 2020.
"Depuis 2020, déclare Yoann Choin-Joubert, le PDG de Réalités, en y investissant près de 8 millions d’euros, le groupe Réalités a porté un projet dédié au sport professionnel féminin unique en son genre. Quatre saisons plus tard, les Neptunes de Nantes ont su rassembler plus de 84 000 spectateurs sur la saison 2023-24, former une nouvelle génération de jeunes joueuses et se forger un palmarès national et européen... Cette décision responsable, la seule qui s’impose face à l’absence de repreneurs et à la brutalité de la crise immobilière, représente un véritable crève-cœur pour nous".
Le nom de ce club a été inspiré de la devise de Nantes : "Favet Neptunus Eunti", Neptune favorise ceux qui osent. L'équipe de handball était qualifiée pour la Coupe d'Europe 2024-2025. Elle s'en est retirée.
Le dieu Neptune est semble-t-il aux abonnés absents en ce moment...
►Voir le reportage de Christophe Amouriaux, Vincent Raynal et G. Ripert.