Réforme des retraites. Aéroport bloqué, barrages filtrants... A Nantes, plusieurs manifestations ont paralysé la circulation ce mardi matin

A la veille d’une nouvelle journée de mobilisation contre la réforme des retraites, de nombreuses actions militantes ont perturbé la circulation ce mardi 14 mars. Voitures interdites d’accéder à l’aéroport, lycées bloqués, barrages filtrants... On fait le point.

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Ce matin du mardi 14 mars, la circulation était particulièrement difficile aux abords et dans la ville de Nantes. Sur plusieurs routes très empruntées par les automobilistes à l’heure de pointe, des manifestants ont mis en place des barrages filtrants pour dénoncer le projet de réforme des retraites du gouvernement. Retour sur ces actions. 

L’accès à l’aéroport de Nantes interdit aux automobilistes

La scène est originale. A quelques kilomètres de l’aéroport de Nantes-Atlantique ce mardi 14 mars, des centaines de voyageurs crispés marchent le long de la route et traînent leur valise sur le bitume. "J’ai pas le temps, j’ai un avion à prendre", râle l’un de ceux que nous abordons. L’homme a dû se garer bien loin des parkings de l’aéroport, à une vingtaine de minutes à pieds, empêché de passer en voiture par un barrage de la gendarmerie.

Si les forces de l’ordre empêchent les automobilistes d’approcher l’aéroport, c’est parce qu’un peu plus loin, d’autres barrages ont été installés, par des manifestants cette fois. Depuis 4h du matin, pour dénoncer le projet de réforme des retraites, ils perturbent l’accès à l’aéroport. Effet boule de neige, sur le périphérique nantais, des kilomètres de bouchons ont persisté une bonne partie de la matinée.

C’est légitime et c’est très bien de manifester, mais là vous vous trompez de cible, parce que vous emmerdez tous les français, alors que ceux qu’il faut emmerder c’est les préfectures, c’est les ministères

Un voyageur qui renonce à prendre son avion

Si la plupart des rencontres entre manifestants et voyageurs se déroulent bien, il y a bien eu quelques tensions. Un couple de retraités, qui devait se rendre à Nîmes en avion, interpelle un gréviste. "C’est légitime et c’est très bien de manifester, mais là vous vous trompez de cible, parce que vous emmerdez tous les français, alors que ceux qu’il faut emmerder c’est les préfectures, c’est les ministères, ceux qui sont en train de faire cette loi" scande l’homme, très agacé par la perspective de devoir marcher deux kilomètres, au point de renoncer à prendre l'avion.

Les salariés des entreprises voisines eux aussi impactés 

Pour Ronan Lherbier, secrétaire général Union locale CGT Sud Loire, présent sur place, bien au contraire, cette zone de blocage est bien choisie. "Ici on veut taper une zone qui regroupe un certain nombre d’entreprises, des entreprises du CAC 40 : on a Vinci, Airbus… il faut aller taper sur l’économie", répond le syndiqué. Les salariés des entreprises visées sont eux aussi empêchés d’accéder en voiture à leur lieu de travail.

Contraint de se garer au parking relais à Neustrie, un salarié d’Airbus est en rogne après les gendarmes et les manifestants, même s’il rejette lui aussi le projet du gouvernement. "C’est scandaleux d’empêcher les gens d’aller bosser, en plus on n’a pas été prévenus sinon j’aurais fait du télétravail chez moi", regrette-t-il. Un autre de ses collègues, qui a passé une heure dans les bouchons, affirme son soutien aux grévistes. "Ca fait une petite marche matinale c‘est pas très grave, le pays est bloqué c’est comme ça ce n’est pas très grave, merci le président !", sourit le quarantenaire.

 

Des enseignants occupent un rond-point dans le centre-ville de Nantes

Un peu plus loin dans la ville de Nantes, sur le rond-point Marcel Saupin, la circulation était-elle aussi ralentie ce mardi matin. "On y croit, tous ensemble on peut encore y arriver !", scande une enseignante en grève. Depuis l'aube, elle tient le piquet de grève sur le rond-point avec une cinquantaine d’autres enseignants, pour la plupart membres de la Fédération Syndicale Unitaire (FSU). A la veille de la huitième journée de mobilisation générale contre la réforme des retraites, en pleine heure de pointe, les profs invitent les automobilistes à se joindre à la manifestation et leurs glissent un tract.

La plupart des conducteurs soutiennent les grévistes 

L’opération escargot agace quelques conducteurs, mais la plupart adressent un signe de soutien aux grévistes. "Je valide, je suis avec vous de tout cœur", lance une automobiliste qui a baissé sa fenêtre. Un autre travailleur, en retard à cause du barrage, fait malgré tout preuve de solidarité avec les enseignants. "Tout le monde a le droit de défendre ses avis personnels, c’est comme ça, c’est la vie", lance-t-il en passant.

Thomas Marigné, enseignant en classe de CE2 dans un établissement Nantais, regrette toutefois le comportement de certains automobilistes. "Même si c’est plutôt des retours positifs, on sent un peu de tension. Il y en a un qui est descendu de sa voiture et qui m’a bousculé", relate le prof.

La partie est loin d’être finie. Ca n’est pas parce que le Sénat a voté la semaine dernière et que la commission mixte paritaire se réunit demain que le combat s’arrête

Bernard Valin

Co-secrétaire de la FSU en Loire-Atlantique

Pour Bernard Valin, co-secrétaire de la FSU en Loire-Atlantique, il ne faut rien lâcher.  "La partie est loin d’être finie. Ca n’est pas parce que le Sénat a voté la semaine dernière et que la commission mixte paritaire se réunit demain que le combat s’arrête", anticipe-t-il. L’enseignant sera en grève mercredi, mais aussi le lendemain, jeudi 16 mars, à l’appel de la FSU. Il est persuadé que les modes d’actions de son syndicat sont les bonnes, même si cela complique le quotidien des travailleurs. "Je ne culpabilise pas, la bataille est légitime. Au bout du bout si on gagne, les gens ils remercieront toutes les personnes mobilisées et les organisations syndicales qui ont pris leurs responsabilités", prédit Bernard Valin.

Un autre barrage devant la Régie de l'eau de Nantes Métropole 

Toujours à Nantes, un troisième blocage a largement perturbé la circulation ce matin, cette fois-ci sur le boulevard Seattle, devant la régie de l’eau de Nantes Métropole. Là-bas, une petite centaine de salariés de l’usine a mis en place un barrage filtrant dès 8h, pour protester contre le report de l’âge de la retraite à 64 ans.

Selon l’un des salariés mobilisés, le dispositif, levé vers 11h ce mardi, devrait être reconduit par les grévistes demain matin, mercredi 15 mars, toujours aux alentours de 8h.

D’autres manifestations ailleurs en Loire-Atlantique

Ailleurs en Loire-Atlantique, d’autres actions ont été menées par des manifestants ce matin.  L’accès à certains lycées a été bloqué par de jeunes manifestants, comme au Lycée Alcide d’Orbigny à Bouaye. Avant le début des cours, le portail avait été barricadé grâce à des palettes en bois et des barrières en métal, et quelques dizaines de lycéens ont manifesté devant leur établissement.

A Saint-Nazaire, c’est l’accès à la cité scolaire et au collège Anita qui a été perturbé, cette fois-ci en partie par des enseignants. Au petit matin, une cinquantaine de personnes appartenant au syndicat Educ en Lutte, ont tenu un piquet de grève à l’entrée du boulevard Coubertin de Saint-Nazaire.  

Demain, de nouvelles mobilisations pourraient perturber la circulation dans la région des Pays de La Loire. A Nantes, l'intersyndicale organise une huitième manifestation à 10h30 près du miroir d'eau mercredi 15 mars. 

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