Le gouvernement a décidé de recourir à l'article 49.3 de la Constitution pour adopter le texte de la réforme des retraites sans qu'il soit voté à l'Assemblée Nationale. La décision prise jeudi 16 mars met le feu aux poudres pour les syndicats que nous avons contactés, qui espèrent toujours un retrait de la réforme.
"Beaucoup de colère, c'est le premier sentiment. Mais cette décision est loin d'entamer notre moral, ça renforce notre détermination".
Fabien Privé Saint-Lanne, délégué CGT de la raffinerie de Donges, est catégorique : le choix du gouvernement d'utiliser l'article 49.3 de la Constitution pour faire passer la réforme des retraites ne fera pas reculer le mouvement. Au contraire.
"L'heure est à la continuité et à l'élargissement du mouvement" face à ce qu'il estime être un "déni de démocratie évident".
L'enjeu aujourd'hui va beaucoup plus loin que la réforme des retraites, c'est l'avenir de la démocratie sociale qui est en question.
Fabien Privé Saint-LanneDélégué CGT de la raffinerie de Donges
Une assemblée générale se tiendra demain, vendredi 17 mars, entre les membres du syndicat, puis entre les salariés. Fabien Privé Saint-Lanne ne présage pas de ce qui sera décidé, mais n'exclut pas la poursuite de la grève.
"On ne baissera pas les armes jusqu'à ce que la réforme soit retirée", martèle-t-il.
Une détermination renforcée jusqu'au retrait de la réforme
Ce discours combattif fait écho à ceux de plusieurs autres unions syndicales de la région nantaise et nazairienne.
"Ce qui est sûr, c'est que ça renforce notre détermination. C'est la survie de notre régime de retraites qui est en jeu, mais aussi la capacité du corps social à faire bouger les choses dans ce pays", commente Mathieu Pineau, délégué syndical de la CGT Énergie 44.
Le gouvernement a occulté le débat public et parlementaire. On va paralyser l'économie, puisque c'est ce qui le fera sûrement réagir.
Mathieu PineauDélégué syndical de la CGT Énergie 44
"La centrale électrique de Cordemais est à l'arrêt, le terminal méthanier et la centrale à gaz de la Spem à Montoir aussi. On maintiendra nos actions jusqu'au retrait", affirme le délégué syndical.
Mathieu Pineau est amer : "On n'est pas vraiment surpris, ça montre qu'ils sont prêts à tout. C'est un aveu de faiblesse, ils ont perdu la bataille des idées. Ils ont ignoré les manifestations, ils ont ignoré l'opinion publique. Ça montre encore une fois que ce gouvernement est hors-sol, arrogant et méprisant".
De nouvelles dates de manifestations à venir
Fabrice David, secrétaire général de la CGT de Loire-Atlantique, abonde en ce sens. "Nous sommes habitués à la façon autoritaire de gérer ce pays. Il y a une colère profonde. C'est un nouveau déni de démocratie." Et de poursuivre : "On va continuer à mener la lutte et passer les étapes supérieures, dans les réseaux de transport, les services de voirie et de l'eau".
Ça va se radicaliser. Il faut que l'économie soit mise à l'arrêt. Le gouvernement ne retirera la réforme que quand le Medef appellera à arrêter les frais.
Fabrice DavidSecrétaire général de la CGT 44
Une réunion de l'intersyndicale se tiendra dans la soirée au niveau national, et dans la journée du vendredi 17 mars à l'échelle du département.
"De nouvelles dates de manifestations seront sûrement annoncées", précise Fabrice David.
Une semaine supplémentaire de grève pour les éboueurs
Du côté des éboueurs de Nantes, l'annonce du 49.3 et l'échec des négociations avec la direction alimentent le ressentiment.
"C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase", déclare Yves Lamy, secrétaire général de la CGT des éboueurs nantais.
Il annonce que la grève sera reconduite "demain et toute la semaine prochaine, il n'y aura pas de service de ramassage ce week-end".
"Le mouvement va durcir énormément et à mon avis, on ne sera pas les seuls", ajoute-t-il.
Appel au rassemblement devant mairies et préfectures
Le syndicat national unitaire des professeurs d'école, enseignants du 1er degré de Loire-Atlantique (FSU SNUipp 44) se mobilise déjà en ce sens et appelle au rassemblement à 18h ce jeudi 16 mars devant plusieurs lieux dans le département.
Selon le syndicat, ces actions sont menées avec Sud Éducation et la CGT Éduc'action pour "afficher notre opposition dans la poursuite de la mobilisation contre la réforme des retraites et l'utilisation du 49.3".