Leur présence à Nantes ne date pas d'hier. Les Ursulines sont installées à Nantes depuis 4 siècles. Aujourd'hui les quatre dernières soeurs encore installées au sein du groupe scolaire catholique Blanche de Castille s'apprêtent à quitter les lieux.
Blanche de Castille, établissement scolaire catholique qui regroupe école élémentaire collège et lycée, a été fondé par les Ursulines. Des soeurs qui font œuvre d’éducation à Nantes depuis 1627. C'est donc forcément avec beaucoup d'émotions que les quatre dernières soeurs présentes au coeur de l'établissement s'apprêtent à quitter Nantes à la fin de l'année de scolaire.
Un départ célébré, comme il se doit, ce mardi 25 mai. En présence des élèves, collégiens et lycéens qui le souhaitaient, une grande messe a été organisée dans la cour de Blanche de Castille. Un événement tenu secret, que les soeurs ont découvert ce mardi matin. Comme un dernier cadeau avant de partir pour une autre mission.
Pour soeur Marie Dolorès, cette année scolaire qui s'achève ne ressemble à aucune autre. Bien sûr, elle a une saveur toute particulière :"J'organise la pastorale pour les élèves de 6e et de 5e. Et donc je rassemble aussi beaucoup de bénévoles qui viennent gratuitement pour ça. Nous avons des temps de fêtes, de sacrements. On a toute la vie de l'établissement à gérer et la rencontre avec les parents". Au delà de Nantes et de Blanche de Castille, soeur Marie Dolorès se souviendra d'abord "d'une église bien vivante, joyeuse et puis surtout de la créativté. Parce que dans ce métier-là, il faut constamment inventer, imaginer et créer des choses nouvelles".
Les souvenirs remontent en ce jour de fête. Difficile d'en choisir un. "Ce que je retiens ? Les relations qui se sont créées dans cet établisement avec des jeunes et des adultes. Et puis à l'extérieur au diocèse. Je faisais partie d'une équipe de la mission, cela élargit l'horizon et notre regard. L'accompagnement des personnes malades ou âgées a aussi beaucoup compté pour moi. Il faut être présent et disponible".
Les soeurs vivent dans l'enceinte même du groupe en communauté dans un bâtiment adjacent." Nous aimons nous retrouver entre nous pour prier mais nous prions ausi avec les élèves et les parents", raconte soeur Marie Brigitte qui a enseigné le cathéchèse aux élèves de 6e et de 5e.
Signe que le déménagement est proche le lieu regorge de cartons, prêts à partir pour une nouvelle vie.
La chapelle a accueilli jusqu'à 40 Ursulines
Dans la chapelle, les soeurs ont placé en évidence la statue de Sainte-Angèle, leur fondatrice. "Pour qu'elle reste bien visible après notre départ et qu'elle continue à animer l'établissement et les personnes qui y vivent". L'édifice a été construit en 1930 quand les soeurs sont arrivées ici. "A l'époque une quarantaine d'Ursulines priaient dans la chapelle. Depuis, nous faisons vivre ce lieu par nos prières. Ici, chaque lundi matin, les tout petits viennent participer à des temps de cathéchèse. Nous partons mais tout va continuer".
"Cela fait 394 ans que les soeurs sont à Nantes. Blanche est un des plus anciens établissements de France. Les Ursulines ont été aventurières et pionnières. Elles sont arrivées, elles ont proposé des écoles gratuites. Elles ont fondé des écoles dans un grand nombre de pays dans le monde", raconte Hervé Mauduyt, directeur adjoint du lycée Blanche de Castille.
Elles ont été généreuses au point de donner leurs vies. Un certain nombre d'entre elles ont été tuées pour avoir osé faire ce qu'elles ont fait.
"Quand elles sont arrivées à Nantes c'était pour permettre à des jeunes filles d'accéder à l'enseignement gratuit. Elles donnaient aussi des cours le dimanche pour les enfants qui travaillaient en semaine", poursuit le directeur.
Si leur premier rôle a été l'enseignement, les Usurlines se sont adonnées à bien d'autres tâches . "Elle se sont occupées de personnes âgées, de malades. Elles étaient présentes auprès des plus démunis."
Elles sont irremplaçables. Leur présence a été merveilleuse. Leur absence ce sera de la tristesse mais elles resteront avec nous, dans notre esprit et notre coeur.
L'histoire de Blanche de Castille
C'est en 1627 que les religieuses Ursulines arrivent à Nantes à l’emplacement de l'actuel Lycée Clémenceau. Leur école propose un externat gratuit, un pensionnat pour les filles, une école du dimanche pour les pauvres. "Tout au long des 17e et 18e siècles, l’œuvre d’éducation se développe et le monastère s’étend jusqu’à l’actuel jardin des Plantes", peut-on lire sur le site de l'établissement nantais.
La loi de séparation Eglises-Etat est votée en 1905. C'est la fin d'une époque pour les Ursulines de Nantes qui "sont expulsées manu militari au petit matin du 4 mai 1907 et doivent s’exiler. Avant leur départ, quelques religieuses ouvrent un “cours Blanche de Castille”.
Après un exil en Belgique, "où les Ursulines poursuivent tant bien que mal leur œuvre d’enseignement", elles rentrent progressivement à Nantes dès la fin de la 1e Guerre Mondiale, jusqu’en 1928. Il faudra attendre 1995 pour que l'établissement adopte la mixité.
Si la prochaine rentrée scolaire se fera sans la présence des soeurs, l'établissement scolaire reste sous la tutelle des Ursulines.