Une enseignante de l’école Saint Joseph de Carquefou, au nord de Nantes, est accusée d’avoir humilié et violenté des enfants pendant des années. Les premiers parents ont déposé plainte en mai 2019. 16 autres ont suivi. Le procès s’est tenu ce jeudi au tribunal de Nantes.
"Sauvez-moi s’il vous plait monsieur !", raconte avec émotion Philippe Plantard, le directeur de l’école privée Saint Joseph à Carquefou.
Le petit garçon qui l'implore s’appelle Eden et il est âgé de 10 ans. Depuis des mois, il subit des violences verbales de la part de son enseignante devant toute sa classe, des humiliations. Et ce jour-là, au bout du rouleau, il se réfugie chez le directeur. "ça m’a surpris et ça m’a fendu le cœur de découvrir ces faits", poursuit Philippe Plantard.
Comportement modifié et terreurs nocturnes
La maman d’Eden voyait bien que quelque chose ne tournait pas rond chez Eden. Le comportement du garçon s’était modifié.
"Il n’arrivait plus à s’endormir. Il avait des terreurs nocturnes", raconte Julie Fort, sa maman.
Une fois Eden dans son bureau, le directeur l’a appelé et là, elle est tombée des nues.
Petit à petit, la parole se libère
Un autre papa raconte les sévices infligés à son fils par cette même enseignante, arrivée à l’école Saint Joseph en 1993.
Il devait rester debout sur une chaise, faire des tours de terrain, garder les bras en l’air devant toute la classe jusqu’à ce que ses épaules soient en feu. Elle l’a aussi enfermé dans un placard
Julien BoucherPapa d'un enfant humilié et violenté
Une première famille porte plainte le 25 mai 2019. Classée sans suite. Julien Boucher prend contact avec le Rectorat, l’Inspection Académique, le Diocèse. Personne ne l’entend.
Il porte à son tour plainte en juin 2021 à la gendarmerie de Carquefou. Les choses bougent alors. Les témoignages de brimades de la part de cette enseignante se multiplient. Au total 17 plaintes sont déposées.
"On l’a fait en pensant aux futurs enfants et pour envoyer aussi un message pour ceux des années précédentes. Leur dire que ce n'’était pas normal, et qu’il fallait que cette personne soit sanctionnée", insiste Julien Boucher.
17 plaintes pour faits de violence
L’enseignante sera seulement mise en mesure conservatoire en juin 2021. C’est-à-dire qu’elle n’est plus dans l’école jusqu’au procès. Pourquoi si tard ? "Demandez à l’Inspection Académique. Elle ne m’a jamais reçu malgré mes multiples requêtes ni les appels du collectif des enseignants ", regrette le directeur de l’école Saint Joseph, arrivé en 2012 à la tête de l’établissement.
Ce jeudi après-midi à la barre du tribunal, l’enseignante déclare, "je suis une enseignante rigoureuse et bienveillante. L’enseignement est un travail de chaque instant. Je pense que j’ai fait mon travail au mieux. Je n’ai rien à ajouter."
Pour le moment, l'Inspection ne souhaite pas s'exprimer puisque l'affaire est entre les mains de la justice.
Il faut que les enfants soient reconnus comme victimes et qu’ils puissent se reconstruire, reprendre confiance en eux et en l’école
Philippe PlantardDirecteur de l'école Saint Joseph à Carquefou
Les familles attendent beaucoup de ce procès. " Mon fils Eden m’a dit : j’espère que la justice sera faite et qu’on aura gain de cause", souligne Julie Fort.
"Aujourd’hui je pense à ce petit garçon qui est venu dans ma classe en pleurs. J’espère que le justice prendra une décision forte en leur faveur. Il faut qu'ils soient reconnus comme victimes et qu’ils puissent se reconstruire, reprendre confiance en eux et en l’école", conclut le directeur de l’école Saint Joseph.
30 mois de prison avec sursis ont été requis contre l'enseignante ainsi qu'une interdiction définitive d'exercer. Le délibéré sera rendu le 29 août prochain.