Sécheresse et canicule : chez un vigneron du pays nantais à quelques semaines des vendanges, "on estime qu'on a perdu 2 semaines où la vigne n'a pas grandi"

Le viticulteur Jo Landron est une figure de la région. Il cultive son muscadet en bio depuis 2002 et possède une propriété de 46 hectares sur la commune de La Haie Fouassière, près de Nantes. Les aléas de la météo rendent difficile à déterminer la date des vendanges.

C'est la 44ème vendange pour Jo Landron, lui même fils de vigneron et épaulé par sa fille Hélène.

Le gel puis la canicule et la sécheresse ont profondément stressé la vigne de sa propriété et ne sont pas loin d'avoir le même effet sur leur propriétaire, malgré son expérience viticole acquise sur le terrain.

Jo Landron explique en arpentant les rangs de vigne de son domaine qu'il a fait au plus fort de la canicule jusqu'à 45 degrés sur sa propriété pourtant située sur une butte et bercée par les vents.

"On estime qu'on a perdu 2 semaines où la vigne n'a pas grandi. A cause de la chaleur la plante se met en pause. La photosynthèse ne se fait pas. Pour garder son énergie la plante ne nourrit pas ses fruits", détaille le viticulteur.

"Il suffit de 3 à 4 millimètres d'eau pour réveiller ce processus mais il n'a pas plus depuis début juin" rajoute Jo Landron.

Nous arrivons en camion au plus proche des rangs pour effectuer avec sa fille et un apprenti formé au domaine ce qu'on appelle un prélèvement de maturité.

"On note le rang qu'on va prélever régulièrement avant les vendanges, deux fois par semaine" explique Hélène Landron, un petit sac transparent à la main.

On prélève chacun 50 grains de raisin de façon aléatoire. Ensuite on va à notre labo, on presse le jus. Et à partir de ce jus on peut évaluer le taux de sucre du raisin et donc le taux d'alcool potentiel. On va aussi mesurer l'acidité

Hélène Landron

viticultrice

Conséquence de  la météo capricieuse cette année, la viticultrice constate déjà des différences inédites sur la croissance de la vigne.

"Il y a des différences de maturité entre parcelles mais aussi sur un même rang voire sur un même cèpe de vigne "assure Hélène Landron.

"Le feuillage est un peu rabougri ou carrément grillé et n'amène pas assez de sève pour nourrir le raisin. Il faut à peu prés huit à neuf feuilles pour alimenter une grappe" ajoute-t-elle.

Et pas question bien sûr d'arroser, restrictions d'eau ou pas car "quand on récolte le raisin d'une vigne qui doit être vinifiée la réglementation nous interdit d'arroser quand c'est en production. C'est dans le protocole du vignoble français pour notre zone Grand Ouest , la zone B". détaille Hélène.

Paradoxe du moment se désole Jo Landron : "On a la température pour une précocité de la vigne mais on a pas l'eau qu'il fait pour faire avancer les choses"

La vigne est comme un être humain elle ressent les contrastes du temps. Or nous sommes en pleine période de véraison.

Jo Landron

viticulteur

"Il s'agit d'une phase du cycle végétatif de la vigne qui se déroule en principe au mois d'août. Les grains de raisin changent de couleur, passant du vert au rouge, pour les vins rouges ou du vert au jaune pour les vins blancs. Ce stade annonce le début de la maturation. Mais les caprices de la météo, gel puis canicule, stoppent partiellement ce phénomène".

"On a fait une analyse qui notre premier prélèvement qui est donc le repère de base" rajoute Jo Landron.

Verdict d'Hélène après analyses faites dans le petit labo installé dans la cave du domaine...

"C'est beaucoup d'acidité pour l'instant donc il faut attendre encore pour vendanger que le raisin murisse un peu " note la viticultrice.

"On ne va pas décider la date des vendanges sur la base d'un seul prélèvement mais considérer l'évolution". rajoute son père.

"A quelle vitesse on dégrade l'acidité, à quelle vitesse on concentre le sucre au niveau des grains de raisin pour pouvoir sortir une date de récolte:" finit Jo Landron.

Dans la fourchette estimée par le propriétaire expérimenté des lieux, à savoir entre le 22 et le 29 août, il avoue s'orienter vers la deuxième partie du calendrier

Jo Landron reste un fervent défenseur de la vendange à la main.

La météo lui donne raison car, quelle que soit la date finale des vendanges, il faudra certainement faire un gros travail de tri entre les grappes suffisamment mûres pour produire le vin souhaité et les autres.

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