Nantes : l'équivalent de 12 stades de la Beaujoire à nettoyer chaque année, le coût faramineux du nettoyage des graffs clandestins et des tags

Graffiti ou Tag ? Dans les deux cas, ils sont souvent indésirables. Dans la métropole de Nantes, ils sont systématiquement effacés quand ils ont été réalisés depuis l'espace public. Un travail sans fin qui représente un coût qui n'est pas négligeable pour la collectivité. Quant aux surfaces "effacées" chaque année, elles sont considérables, comme vous allez pouvoir le lire.

Graffiti ou graff, tag, sont deux mots qui désignent deux genres différents mais renvoyant au Street-Art. Un mouvement artistique urbain qui s'est développé à la fin du 20ème siècle. Œuvres géniales parfois, la plupart du temps incompréhensibles pour les profanes, moches presque toujours et gênantes surtout pour les propriétaires qui viennent de ripoliner leurs façades à grand frais !

Un graff est une œuvre qui fait appel à différentes techniques artistiques, les plus connues étant l'aérosol, le pochoir ou encore le collage. Les peintures utilisées pour le Street Art sont solides puisque conçues pour faire durer les œuvres des artistes.

Le tag est une technique qui consiste à inscrire une signature de manière rapide dans un endroit fréquenté.

Les tagueurs qui le réalisent souhaitent imposer leur signature dans un lieu particulier. Manière de sortir d'une forme d'anonymat ou de s'approprier le support.

Incivilités ou art urbain ?

Problème, l'un comme l'autre, sont diversement appréciés. Globalement considérés comme des incivilités par le grand public. Plus rarement comme l'expression d'un art de rue. Les communes laissent de plus en plus les street-artistes s'exprimer sur des endroits convenus. Et font la chasse aux clandestins qui "signent" leur passage sur les murs des édifices publics comme ceux des particuliers.

Nombre de villes ont mis en place des dispositifs pour venir en aide aux particuliers notamment, victimes de de ces tags indésirables. Soit sur simple appel, soit après un dépôt de plainte ou à minima le dépôt d'une main courante au commissariat du quartier.

La métropole de Nantes, la grande effaceuse

À Nantes, les services de la métropole veillent sur les murs bordant les voies publiques, et en effacent tout ce qui s'écrit sur ou se peint sur les murs. 

"On efface les graffiti présents sur l'espace public ou des façades qui sont en limite de domaine public jusqu'à 3 mètres de hauteur. Tous les graffiti faits par des gens se trouvant sur l'espace public sont enlevés même sur des façades privées, sauf avis contraire du propriétaire", explique Éric Bouchet, le chef du service de la propreté urbaine au pôle Nantes-Loire de Nantes métropole.

Sur une grande partie de la commune de Nantes les effacements sont réalisés d'une manière "automatique" par les agents spécialisés, les habitants peuvent bien évidemment toujours appeler. Sur les autres communes de la métropole, les tags sont relevés par les agents du nettoiement ou les agents de voirie, et une entreprise assurera leur effacement.

"Le graffiti est enlevé gratuitement, il n'est pas recouvert de peinture. On repeint si on a abîmé le support. Par exemple, si on a abîmé un support en tuffeau, comme on en a beaucoup en centre-ville, on va rechauler derrière pour retrouver une teinte naturelle", précise Éric Bouchet.

La métropole n'est compétente que sur l'espace public, elle ne peut intervenir dans les nombreuses voies privées. Pas plus que sur les pignons ou façades en hauteur. "Nous n'avons pas le droit d'intervenir hors du domaine public. Hors des 3 mètres de hauteur, la responsabilité du graffiti est clairement du fait de la copropriété, l'accès a son toit a été déficient, puisque les graffeurs ont pu y accéder. Les graffiti n'ayant pas pu être réalisés depuis l'espace public". La précision est importante.

C'est donc aux copropriétés de les enlever. La police nationale pourrait exiger qu'elles le fassent sous quinze jours, puisque le règlement sanitaire départemental impose à tous les propriétaires d'avoir... des façades propres !

12 stades de la Beaujoire à effacer chaque année, forcément ça coûte !

Enlever tous les graffiti coûte forcément à la collectivité. À nos impôts pour faire court. Attention ça pique ! "Ça coûte de l'argent, à partir du moment où la collectivité a décidé de le prendre en compte, on a une entreprise avec une dizaine de salariés affectés à cette tâche, qui travaille sur les communes de la métropole à l'exception du centre-ville, et on a une régie, avec une quinzaine d'agents spécialement formés qui travaillent uniquement en centre-ville".

Le budget  : entre 1,5 million et 2 millions d'euros par an. Dans les années 2010 - 2015 les techniciens effaçaient 120 à 130 000 m² par an. Depuis les surfaces sont à la baisse. "Là on est en 2016 à 119 000m², en 2017 à 111 000 m², 105 000m² en 2018, les années de covid ont fait baisser les chiffres, 91 000 m² en 2020 et 87 000 m² en 2021", détaille Éric Bouchet.

Si ces chiffres ne vous disent rien, cela représente plus de 12 fois le stade de la Beaujoire en 2021. Vous pouvez vérifier le calcul, la surface de la pelouse fait 105 par 68 mètres, chiffres officiels ! À vos calculettes.

"Le centre de Nantes représente deux tiers des graffitis enlevés chaque année sur l'ensemble des 24 communes de la métropole", précise encore Éric Bouchet. Un graffiti injurieux politique ou raciste disparaît en 48h, hors week-end, les graffitis "classiques" pourront rester jusqu'à deux semaines.

Les graffiti sans fin du samedi

On pourrait penser qu'on pourrait disposer sur les murs des villes des revêtements anti-graffiti. Pas si simple explique Éric Bouchet : "L'antigraffiti permanent consiste à mettre une couche tellement imperméable pour empêcher la migration dans le support, que cela va changer la nature du support, et ça pose d'autres problèmes, et donne un aspect vernis désagréable".

Peu efficace, les services de la métropole réservent ce traitement aux murs de la préfecture qui sont redécorés après chaque manifestation du samedi. "On met un oléofuge hydrofuge avec une espèce d'huile végétale sur laquelle le graffiti va couler avec de l'eau chaude". Dans le courant de la semaine, les techniciens remettront une couche d'huile, prête pour la prochaine manif du samedi. Soit l'histoire du graffiti sans fin.

Pour autant ce rituel préfectoral dérisoire du samedi n'est pas le plus important. Les graffiti des manifestations ne sont pas les plus courants. Les signatures de Screw et les graffeurs sont assurément beaucoup plus productifs.

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