Un an que la guerre en Ukraine a débuté. Et pour certains Ukrainiens, un an d'exil, loin de chez eux. La France en a accueilli des milliers. La région des centaines, notamment en Vendée. Où l'association Les joyeux petits souliers leur a trouvé en urgence des familles d'accueil. Des liens étroits se sont tissés entre les Ukrainiens et leurs hôtes. Dans cette période très troublée, il y a aussi de belles histoires humaines.
Pour tous, c'est un exil forcément douloureux. Sacha est arrivée à Nantes il y a onze mois, laissant derrière elle la fureur de la guerre.
"J'ai passé un mois d'occupation et c'était vraiment quelque chose d'horrible pour moi. J'ai vu les cadavres, j'ai vu notre voisin qui a été tué par les Russes. Nous, par miracle, on n'a pas été tué par les Russes", témoigne Sacha Oleksandra Potapenko.
Le week-end, la jeune Ukrainienne rejoint sa petite sœur de 9 ans et sa mère en Vendée. En semaine, elle est étudiante à Nantes. En fac de sciences. Sacha s'accroche à un rêve : celui de faire médecine. "Je viens d'une famille modeste et pour nous, ça coûte trop cher de faire des études dans un pays étranger et, bien évidemment, c'est une chance pour moi".
Une parenthèse de vie pourtant compliquée. Déchirée entre son pays et la France, Sacha se partage également pour ses études entre Nantes et Saint-Gilles-Croix de vie, grâce au soutien de non pas une, mais deux familles d'accueil.
La famille, c'est quelqu'un qui te donne du bonheur, qui t'aide dans les situations compliquées, qui te soutient. Tous ces critères, ça correspond à ma famille d'accueil.
SashaRéfugiée ukrainienne
"Je crois qu'avant, j'étais heureuse mais je ne me rendais pas compte et je ne relativisais pas les choses mais maintenant que j'ai vu des choses horribles, je relativise. Et donc, je crois que suis heureuse, vraiment heureuse".
De la bienveillance et de la solidarité
Adriana Chuchman, chanteuse professionnelle repartie à Lviv en Ukraine, tente elle aussi d'être heureuse. Là-bas, à près de 3 000 km de la Vendée et de ses hôtes. Entre eux, désormais, les liens sont inaltérables.
"C'est vrai qu' on s'est retrouvées en Vendée dans des circonstances malheureuses, mais c'était vraiment important d'être entourée de toute cette bienveillance. Il y a eu une vraie solidarité, on a traversé cette période difficile tous ensemble".
AdrianaRéfugiée ukrainienne
Pas toujours simple la famille recomposée. Mais chez Katie, la présence de Nadia et de sa fille Sonia semble une évidence. Elles ont débarqué chez les Girard le 8 avril 2022. "Je suis très heureuse qu'elles soient à la maison mais en un sens, je préfèrerais qu'elles ne soient pas là. Parce que si elles sont là, ça veut dire que chez elles, ça ne va pas. J'espère qu'elles repartiront bientôt et que demain elles prennent leur bagage et qu'elles s'en aillent, même si ça va être compliqué de les voir partir parce que maintenant, elles font parties de la famille", explique Katie Girard, famille d'accueil.
Difficile aussi pour sa maman, Annie, qui espère les revoir prochainement : "A Noël, ont leur a souhaité que nous, on fasse nos valises et qu'on aille souhaiter Noël chez elles l'année prochaine".
"Je suis sincèrement reconnaissante à la famille de Katy et Annie. Vous êtes devenue notre famille. Votre maison est devenue la nôtre, et c'est tellement bien de pouvoir parler avec vous, de vivre avec vous", reconnaît Nadia Schelkunova.
Nadia et Sonia viennent de Svatové, une ville de l'oblast de Lougansk. Région où Moscou a intensifié les opérations ces dernières semaines. Leur maison est désormais occupée par les russes.
Sur son portable, Sonia Schelkunova montre à sa famille d'accueil une carte de l'Ukraine pour situer sa ville, Svatové, en plein dans la zone occupée par les Russes : "J'espère chaque jour que la situation va s'améliorer chez nous, mais en ce moment, ce n'est pas bon du tout", regrette-t-elle.
Un départ au printemps ou au début de l'été pour beaucoup
Sur les 84 ressortissants ukrainiens accueillis en Vendée via l'association les joyeux petits souliers, Il reste aujourd'hui 23 personnes.
"Ceux qui restent aujourd'hui, c'est ceux qui n'ont plus rien, plus de maison, voire plus de famille et qui, de toutes façons, s'inscrivent chez nous dans le long terme. Et puis d'autres, qui ont trouvé un travail ici, qui se disent que l'hiver n'est pas le bon moment pour partir mais qui évoquent, pour beaucoup, un départ au printemps ou en début d'été", explique François Blanchet, président de l'association Les joyeux petits souliers et maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie.
Un très hypothétique retour, dans un pays meurtri, que Nadia, Adriana Sacha et des milliers d'autres réfugiés rêvent de voir libéré.
(Avec Vincent Raynal)