L’Office français de la biodiversité (OFB) et la gendarmerie nationale ont interpellé une équipe de trafiquants de civelles qui sévissaient en Vendée, en Loire-Atlantique et en Charente-Maritime. Ces trafics illégaux sont en partie la cause de la baisse significative de la population de l'anguille européenne.
L'anguille européenne est classée en danger critique d'extinction, et le trafic de son alevin, la civelle, en est la cause principale.
"La valeur annuelle estimée du trafic illégal est estimée à plusieurs milliards d'euros. Les civelles sont très prisées car le kilo se négocie entre 250 et 500 euros en France et jusqu'à 5 000 euros en Asie", précise la préfecture de Vendée dans un communiqué commun avec l'OFB.
Un trafic largement alimenté par le braconnage, particulièrement sur le littoral Atlantique.
Un réseau de braconniers vient d'ailleurs d'être démantelé à l'issue d'une enquête menée depuis début 2023 par la gendarmerie nationale via la brigade des recherches de La Roche sur Yon. S'y sont associées plusieurs services de l’OFB, dont l’unité spécialisée sur les migrateurs et les brigades mobiles d’intervention.
230 kg de civelles saisies
"Les investigations ont permis d’identifier différents sites de braconnage, plusieurs lieux des stockages d’alevins et de mettre à jour un réseau illégal organisé composé de plusieurs individus non apparentés à la filière professionnelle", explique la préfecture.
Mercredi 3 avril 2024, des braconniers présumés ont été interpellés suite à des perquisitions qui ont permis de mettre la main sur leur butin : "230 kg de civelles d’une valeur marchande d’environ 70 000€ et 17 000€ d’argent liquide" ainsi que du matériel de pêche et de stockage de civelles.
"Trois sites, répartis sur les communes de Bouguenais, Saint-Aignan de Grand-Lieu et des Herbiers, ont été perquisitionnés par 44 agents de l’Office Français de la Biodiversité, 50 militaires de la gendarmerie nationale des groupements 44 et 85 renforcés par un escadron de 70 gendarmes mobiles de Drancy", détaille la préfecture.
À l'issue de ces perquisitions, trois personnes ont été placées en garde à vue.
Pour ce trafic en bande organisée, elles risquent une peine de 7 ans d’emprisonnement et 750 000 euros d’amende ainsi que la confiscation du matériel et du produit direct et indirect de l’infraction.
Les alevins d’anguille ont ainsi été rejetés dans leur milieu naturel à proximité des sites de stockage.
Une pêche réglementée
En trente ans, l'anguille européenne a perdu 75 % de sa population. Mais le trafic des alevins n'explique pas tout.
"Leur nombre diminue de manière conséquente depuis les années 1980 à cause de nombreux facteurs : pollution, dégradation des habitats aquatiques, obstacles à la migration, surpêche, etc", explique l'OFB.
Seuls les pêcheurs professionnels sont autorisés à capturer les civelles. Leur pêche est cependant encadrée par la mise en place de quotas de captures. Depuis 2013, 60 % sont destinés au repeuplement de l'espèce et 40 % à la consommation.
L'exportation de cette espèce hors de l'Union européenne est interdite depuis 2010.
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