A Doué-en-Anjou, dans le Maine-et-Loire, les premiers coups de sécateurs ont été donnés, notamment pour le crémant. La récolte s'annonce compliquée après une année météorologique catastrophique pour la profession. On annonce d'ores et déjà 30% de pertes en moyenne, jusqu'à 75% pour le Muscadet.
Le soleil se lève sur le domaine. Dans les rangs de vignes du Château de Chanteloup à Doué-en-Anjou, dans le Maine-et-Loire, les vendangeurs sont arrivés. Beaucoup d'étrangers cette année, notamment des Bulgares.
Ils sont nombreux, le dos courbé, à couper les grappes. Mais la récolte s'annonce bien maigre. C'est une certitude, la quantité ne sera pas au rendez-vous mais le millésime sera bon à boire.
"Pour ce millésime on va espérer avoir de jolis équilibres parce qu'en fait pour avoir des arômes il nous faut des nuits fraîches, explique Pierre-Jean Sauvion, responsable communication d'Interloire, l'avantage c'est qu'on n'a pas eu de canicule, on a eu des nuits fraîches, donc on va avoir de très jolis arômes, de jolis bouquets".
"On va certainement avoir des acidités qui seront relativement faibles avec de belles concentrations en sucre, poursuit Pierre-Jean Sauvion, cela donnera des vins tout en rondeur et tout en gourmandise".
L'an passé les vendanges, commencées le 19 août, étaient particulièrement précoces.
"La qualité sera là. Les raisins qui restent sont parfaitement sains. Tout ce qui est cépage blanc est parfait, confirme Antoine Billé, responsable des propriétés du pôle Loire, sur les rouges, il va falloir être très vigilants par rapport à l'hétérogénéité de la maturité. Sur le Cabernet franc, par exemple, il va falloir accentuer nos tris pour obtenir le meilleur fruit pour l'élaboration de nos cuvées".
Une météo catastrophique
En ce jour de mi-septembre, il fait chaud : 28°C, alors quet tous espèrent de la pluie. Le ciel décidement n'aura rien épargné aux viticulteurs. Un hiver bien trop doux, un printemps glacial, des gelées qui ont grillé les bourgeons, un été pluvieux et la maladie qui a fini par attaquer les feuilles et les grappes. "C'est une année extrêmement compliquée puisqu'on a eu un cas d'école à chaque étape du développement du vignoble".
"On a eu un hiver très chaud qui a abouti à des gelées. Et puis on a eu beaucoup de maladies, énumère Pierre-Jean Sauvion, ensuite on a eu un manque d'eau, un manque de soleil. Et maintenant on a de fortes températures alors que l'on voudrait de l'eau".
Vous allez me dire que l'on se plaint tout le temps, je vous l'accorde mais tout ce que l'on ne souhaitait pas on l'a eu cette année
En Anjou, il existe une multitude d'appellations : Crémants, Cabernets, Rosés d'Anjou, Anjou blancs, Côteaux du Layon, Bonnezeau. "Il est très difficile de chiffrer pour toute la région. On peut établir une baisse moyenne de 25%. Avec des appellations qui auront leur rendement et d'autres qui seront à moins 50%, moins 60%", précise Pierre-Jean Sauvion.
En Anjou, le rouge attendra
A Doué, seule la récolte de blanc a commencé. Pour le rouge, il faut encore attendre. Pour en avoir le coeur net il suffit de goûter le fruit.
Penché sur une grappe, Pierre-Jean Sauvion croque un raisin. "Quand on commence les vendanges il faut d'abord manger. On sait tout de suite si c'est bon ou pas. Et il faut aussi regarder la couleur des pépins. S'ils sont verts comme ceux là, ils ne sont pas mûrs. Par définition là on ne veut pas vendanger."
"Il faut regarder la texture de la pellicule du raisin, là elle est très épaisse, elle n'est pas du tout élastique, poursuit Pierre-Jean Sauvion, pour un Cabernet franc c'est normal. On a encore au moins deux bonnes semaines à attendre pour pouvoir les récolter".
La pulpe est assez sucrée, c'est positif, les pépins sont très taniques avec de l'amertume. Là c'est pas mûr !
Dans le pays nantais, en revanche, aucun doute. La récolte sera maigre, "on estime entre 75 et 80% de perte. Ce qui est phénoménal pour cette partie du territoire Mais nous n'avons pas commencé à vendanger donc c'est assez compliqué à évaluer."
Les derniers contrôles de maturité du Muscadet sont en cours. Impossible pour l'instant de donner une date officelle pour le ban des vendanges.
Pour optimiser les rendements, il faudrait qu'il tombe vingt millimètres de pluie. Mais après une année de coups durs et de désillusions, aucun viticulteur ne se risquerait à compter sur le ciel.