Vendanges. "Il manque au moins 700 à 800 saisonniers en Anjou"

Alors que les vendanges devraient commencer d'ici quelques jours pour certains cépages, les domaines viticoles manquent de bras. Solution d'hébergements en camping, applications pour mobiles, recrutement de main d'œuvre étrangère... Malgré les nouvelles initiatives des fédérations, rien n'y fait, il manquerait toujours des saisonniers dans les Pays de la Loire.

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Dans le Muscadet, les vendanges ne commenceront que dans quelques semaines, mais les équipes de saisonniers sont déjà bien constituées.

Pour les trouver, les domaines ont tout de même dû multiplier les opérations de communication. " On passe par tous les moyens", assure Rémy Pinson, chargé de commercialisation au domaine de l'Écu, au Landreau, dans le vignoble nantais. Pôle Emploi, groupements d'employeurs, mais aussi des annonces sur Instagram et d'autres réseaux sociaux leur ont permis de trouver à temps 40 saisonniers. 

" Mais la situation est très variable en fonction des différentes zones géographiques, les défis à relever ne sont pas les mêmes", assure Alexis Trentesaux, directeur marketing et de la communication d'Interloire, l'interprofession des vins de Loire. 

"La région du muscadet est moins concernée par ces problèmes de recrutement"

Alexis Trentesaux

Directeur marketing et de la communication d'Interloire

"On est proche de Nantes, on a plus de saisonniers disponibles de tous les âges, étudiants et parfois même jeunes retraités, explique Alexis Trentesaux, ils arrivent à former des cercles de saisonniers qui reviennent tous les ans."

Un recrutement tendu

Dans le Maine-et-Loire, la situation est beaucoup plus difficile selon les vignerons et les professionnels interrogés.

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"Cela fait deux ans que le recrutement des saisonniers est assez tendu", témoigne Gaëlle Lihard, directeur adjoint de la fédération viticole d'Anjou. L'une des raisons invoquées, le développement du marché des crémants de Loire.

"Jusqu'en 2015, le crémant de Loire représentait environ 2 400 hectares, aujourd'hui, on en compte 1 000 de plus", assure Pierre-Antoine Pinet, président de la Fédération viticole de l'Anjou et de Saumur. 

"Le cahier des charges des crémants de Loire oblige à ramasser le raisin à la main, même chose pour les liquoreux. Ce sont des produits qui se développent, donc nous avons besoin de plus en plus de main d'œuvre, mais dans le même temps, on souffre d'un déficit croissant depuis quelques années."

Gaëlle Lihard

Directeur adjoint de la fédération viticole d'Anjou

La moitié des vendangeurs serait d'origine étrangère

Cette année, pour ramasser les hectares supplémentaires, à quelques jours du début des vendanges, en Anjou, il manquerait encore 700 à 800 vendangeurs, selon le président de la Fédération. Sur son propre domaine, Pierre-Antoine Pinet est parvenu à constituer une équipe de 20 saisonniers, mais il aimerait encore en recruter cinq ou six de plus : "On sait que certains vont partir en cours de vendanges."

Cet effectif un peu trop juste pourrait être pénalisant pour lui en cas de météo défavorable.

"Si la météo se complique, avec du raisin qui risque de s'abimer, on sera obligé de récolter à la machine. Ça ne fera pas de crémant de Loire. Il sera vendu moins cher. La problématique sera surtout de savoir si on pourra le vendre ou pas."

Pierre-Antoine Pinet

Président de la Fédération viticole de l'Anjou et de Saumur

Une solution, recruter des travailleurs détachés. Pierre-Antoine Pinet estime qu'ils constituent désormais la moitié des vendangeurs dans le Maine-et-Loire : "Ils sont originaires majoritairement du Maghreb ou des pays de l'Est, comme la Bulgarie."

Faciliter l'hébergement des saisonniers

Pour parer à ces difficultés de recrutement, la fédération a lancé plusieurs initiatives cette année. " Nous avons sollicité nos élus locaux pour trouver des solutions d'hébergement."

Parmi les idées développées, inciter les propriétaires à louer des chambres vacantes à un ou deux saisonniers. "Cela n'a malheureusement pas fonctionné cette année."

Autre solution, la fédération a négocié avec les élus une tarification spéciale dans les campings municipaux de Lys-Haut-Layon. "5,70 € la nuitée pour une personne seule avec tente et voiture. La mairie met également à disposition un local municipal disposant d'un frigo, de plaques de cuisson, d'un micro-ondes..." Une vingtaine de saisonniers sont ainsi logés cet été sur deux campings de la commune.

Une appli pour faciliter l'accès aux offres d'emploi

Depuis début juillet, l'Association Nationale pour l'Emploi et la Formation en Agriculture (ANEFA) du Maine-et-Loire et son réseau Elioreso postent leurs offres d'emploi sur l'application Jobopré.

Lancée en Nouvelle-Aquitaine, l'application regroupe de nombreuses annonces de travail saisonnier dans différents secteurs agricoles. Dans le Maine-et-Loire, plus de 400 postes de vendangeurs sont encore à pourvoir.

"On n'arrivera jamais à contrebalancer totalement le manque de saisonniers, reconnaît Elise Poignant, chargée de recrutement au sein de l'ANEFA. Mais cette application facilite la mise en relation avec les vignerons. Les annonces sont géolocalisées et pour s'y inscrire, il suffit de donner son mail. On obtient ensuite directement le nom du propriétaire."

Tout domaine agricole confondu, l'application propose près de 1 300 annonces dans le Maine-et-Loire. 500 potentiels saisonniers s'y sont inscrits depuis un mois.

Chaque année, les activités agricoles dans le département du Maine-et-Loire nécessitent près de 32 000 saisonniers, ce qui correspond à 4 500 équivalents temps plein.

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