Depuis la veille et l'arrivée de 25 escadrons de gendarmes mobiles, soit 2500 hommes, on se doutait de l'imminence d'une opération. Elle a démarré vers 3h ce matin, à 6h les forces de l'ordre avançaient avec des huissiers. Le survol de la zone est interdit jusqu' à vendredi.
►Voir ou revoir notre édition spéciale du lundi 9 avril 2018"A partir de 6h ce matin, sous l'autorité de la préfète de Loire-Atlantique, la gendarmerie nationale débutera une opération d'expulsion des occupants illégaux des terrains de la zone de Notre-Dame-des-Landes"
C'est ainsi que, dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur a annoncé l'opération.
"L'opération (...) vient mettre à exécution des décisions de justice pour procéder à l'expulsion des occupants les plus radicaux",
Une opération qui vise à déloger "une centaine" de personnes, et sera maintenue "tant qu'il sera nécessaire", a précisé sur Europe 1 le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb. Les accès principaux à la route 281, l'ex-route des chicanes et symbole du "retour à l'état de droit" étaient bloqués par les gendarmes avant 04H00 au nord et dès03H30 au sud. La préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein, était sur place.
Appels à résistance
"Ces expulsions sont illégales", déclarait une occupante de la ZAD. "C'est inacceptable que l'état chasse les gens de chez eux. On appelle tous les gens à résister nous soutenir et rejoindre les rassemblements locaux. On était dans un cadre de négociation apaisé avec la préfecture à la recherche de solutions collectives".
Cette opération de grande ampleur, prévue sur plusieurs jours, doit mobiliser au total vingt-cinq escadrons de gendarmerie mobile, soit environ 2.500 militaires. Elle prévoit d'expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation, en déclarant par exemple de nouveaux projets agricoles individuels, et à démanteler certains des 97 squats recensés par les autorités. La quasi totalité des 250 zadistes estimés sur place ne l'ont pas fait, préférant une gestion collective du territoire et la possibilité de mener des projets non agricoles. Le 17 janvier, en mettant fin à ce projet vieux de cinquante ans, le Premier ministre Edouard Philippe avait promis de mettre fin à la "zone de non droit" sur la ZAD.
Face à ce qu'ils appellent un "ouragan gouvernemental", les occupants de la ZAD ont prévenu qu'ils mèneraient une "résistance physique et déterminée". Des appels aux renforts ont été lancés ces derniers jours pour monter des barricades, organiser le ravitaillement en soins et en nourriture, une "force hybride" revendiquée par le mouvement d'occupation.L'Acipa, principale association d'opposants à l'ex-projet d'aéroport, a appelé l'État "à ne pas enclencher le processus des expulsions et de la violence" et à privilégier "le dialogue", tout en réaffirmant son opposition à d'éventuels blocages des axes routiers par les zadistes. Ces derniers appellent également à des rassemblements à 18H00 à Nantes et Rennes et à converger dimanche sur la ZAD pour reconstruire les habitats détruits.
L'opération démarrée lundi est la première d'ampleur depuis l'automne 2012. Cette dernière tentative d'évacuation massive des occupants, baptisée "opération César", avait viré au fiasco malgré la mobilisation de plus d'un millier de gendarmes et policiers.