Audition du préfet de Loire-Atlantique devant le Sénat suite à la démission du maire de Saint-Brévin : « C’est un échec collectif et j’en prends ma part »

Le préfet de Loire-Atlantique Fabrice Rigoulet-Roze et le sous-préfet de Saint-Nazaire, Michel Bergue ont été auditionnés au Sénat suite à la démission du maire de Saint-Brévin, Yannick Morez. Ce dernier a notamment accusé l'Etat de l'avoir abandonné. Les deux hauts-fonctionnaires reconnaissent qu'ils auraient pu mieux faire.

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L'audition aura duré 1h45 au palais du Luxembourg en présence de sénateurs.

Cette audition du préfet de Loire-Atlantique Fabrice Rigoulet-Roze et du sous-préfet de Saint-Nazaire, Michel Bergue intervient après celle de Yannick Morez, le maire de Saint-Brévin par la même commission, le 17 mai dernier.

Sentiment d'abandon

Lors de son audition, ce dernier avait dénoncé avoir été avoir été abandoné par l'Etat dans la gestion de la montée des violences à son égard. Il a également accusé le préfet de Loire-Atlantique d'avoir menti quant à la tenue de réunions publiques.

"Quand (le préfet) dit qu'il a organisé des réunions publiques, de la part d'un préfet, mentir effrontément, en public, c'est quand même important, il représente l'État. Il sait très bien qu'il n'a pas organisé de réunions publiques, on a toutes les preuves, il suffit de lui demander la date, il ne pourra pas en fournir, il n'en a pas fait."

Préfet Fabrice Rigoulet-Roze, préfet de Loire-Atlantique a récusé le fait d’avoir menti.

« Je n’ai jamais affirmé avoir eu régulièrement ou de nombreuse fois le maire au téléphone car ce n’est pas le cas. J’ai indiqué à la presse que je l’avais eu le 10 mai pour lui affirmer mon soutien. Puis le 22 mai".

"Je n’ai pas dit non plus avoir organisé des réunions publiques. J’ai simplement indiqué que le soutien de l’Etat sur le dossier du CADA de l’Etat depuis 2021 avait été constant avec la participation de l’Etat aux côtes de la municipalité dans le cadre de réunions publiques de concertation et d’échanges. Je faisais notamment référence aux réunions organisée à l’invitation de la mairie les 5 octobre et 16 novembre 2021 et le 22 février 2022 (...)

Le préfet estime avoir porté une attention personnelle dans ce dossier et invoque le contexte des manifs contre la réforme des retraites qui auraient mobilisé fortement les forces de l’ordre et des services de l’État.

Il refuse de parler d’abandon et amorce un début de mea culpa.

"Est-ce que nous aurions pu mieux faire ?", s’est interrogé le préfet. Avant de poursuivre : « Je ne crois pas que l’État ait oublié de soutenir et d’accompagner un maire lâchement ciblé par un incendie dont l’origine criminelle a été confirmée et encore moins ne pas avoir pris ces éléments au sérieux. Les gendarmes ont d’ailleurs pris sans délai les mesures de protection renforcées au bénéfice de monsieur le maire après l’incendie criminelle ».

La démission du maire de Saint-Brévin est un échec collectif et j’en prends ma part comme représentant territorial de l’Etat.

Fabrice Rigoulet-Roze

Préfet de Loire-Atlantique

En conclusion de son audition, le préfet s'est permis d'ajouter :"Chaque démission est une défaite pour la démocratie".

"Les services de l'État ont été constamment présents"

Quant au préfet de Saint-Nazaire, Michel Bergue, lors de son tour de parole, il a quant à lui souhaité rappeler le contexte de la création du CADA- centre d'accueil de demandeurs d'asile- avant d'affirmer :" À chaque étape de ce dossier, et particulièrement depuis que la situation s'est fortement durcie depuis fin 2022, les services de l'État chacun dans leur rôle, les préfets, les sous-préfets dans leurs missions respectives, les forces de l'ordre, tout particulièrement la gendarmerie départementale, l'opérateur désigné pour gérer le dossier ont été constamment présents, ont consacré énormément de temps et d'énergie à la gestion de cette affaire. À toutes les étapes, il a été rappelé qu'il s'agissait d'un sujet de la compétence de l'État, porté par l'État local dans lequel celui s'est constamment investi". 

La commune en général assez tranquille de Saint-Brévin a certes été secouée par cette affaire mais elle n'a jamais été laissée seule dans les difficultés.

Michel Bergue

Sous-préfet de Saint-Nazaire

"Où est le préfet, où est le sous-préfet ?"

André Reichardt, sénateur Les Républicains du Bas-Rhin (Grand Est), leur a posé la question suivante : "Est-ce que vous ne pensez pas que le rôle de l'État compte tenu de la durée de cette affaire dans le temps, aurait été d'être humainement à côté de ce maire?"

Et d'ajouter : "Durant le récit du maire de Saint-Brévin, que l'on a senti très éprouvé, je me mettais à sa place et je me disais, mais où est le préfet, où est le sous-préfet dans tout ce qu'il dit ?

Ce à quoi Fabrice Rigoulet-Roze, a confirmé qu'il n'avait pas physiquement rencontré le maire. "Si nous n'avions pas été dans ce contexte très prenant -les manifestations contre la réforme des retraites-, mon réflexe aurait été d'aller voir le maire. Je n'ai pas anticipé sa volonté de démission."

Hussein Bourgi, sénateur PS de l'Hérault à quant à lui interpellé les deux hauts fonctionnaires : "Est-ce que l'un ou l'autre, vous êtes allés à Saint-Brévin pour témoigner du soutien de l'État à Saint-Brévin?

Le préfet de Loire-Atlantique a reconnu que non.

Quant au sous-préfet de Saint-Nazaire, il a simplement répondu :"J'ai eu le maire au téléphone le jour de dit, je n'ai pas perçu de demande particulière de sa part à ce moment-là, peut-être à tort."

Un coup d’arrêt dans la carrière des deux hauts-fonctionnaires?

D'après nos informations, le préfet arrivé en poste le 30 janvier pourrait passer entre les gouttes. En revanche, le sous-préfet de Saint-Nazaire Michel Bergue, en poste depuis 5 ans, concentre toutes les critiques. Les élus locaux ne se bousculent pas pour le défendre. 

La démission de Yannick Morez a été acceptée par le préfet de Loire-Atlantique.

Il y a une semaine, le Sénat a fait une proposition de loi pour mieux protéger les élus locaux, et renforcer leur sécurité.

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