Depuis septembre, le collège Frida Kahlo à Pontchâteau est dans le top 3 des plus gros collèges publics de Loire-Atlantique. Tous les personnels avaient fait grève en décembre dernier, pour dire leur mal-être dans cet établissement surchargé qui accueille 840 élèves. Un audit vient d'être réalisé sur demande du rectorat.
La place n'est ni la plus confortable, ni la plus enviable. Le top 3 des plus gros établissements scolaires de Loire-Atlantique et surtout le plus surchargé. 840 élèves depuis cette rentrée, soit 300 de plus que l'année précédente.
Enseignants, administratifs à la vie scolaire, agents, tout le personnel du collège Frida Kahlo craque. Depuis la fusion de deux groupes scolaires en septembre dernier, l'établissement a dû pousser les murs pour faire encore plus de place. Résultat ; un collège plein à craquer au bord de la rupture.
Alors, ce 12 décembre 2023, c'est quasi 100 % du personnel qui s'est mis en grève.
Il y a juste deux extensions construites avec des toilettes pour les élèves. Nous sommes passés de 22 à 33 classes, avec les Segpa.
Christel MaridetProfesseure de documentation et déléguée CGT Education
Des investissements insuffisants
Le département de la Loire-Atlantique a investi 6 millions d’euros. Des moyens supplémentaires, oui, mais loin d'être suffisants. "Il n'y a pas assez de salles de permanence. Les élèves se retrouvent pendant quatre heures sans rien faire. Ils sont dehors à errer dans la cour. Du coup, seulement deux salariés surveillent 800 élèves, constatait il y a un mois", Damien Bivaud, parent d'élèves.
Clairement, il n'y a pas de place sous le préau. Les gamins sont entassés. C'est limite inhumain. Les couloirs, c'est un vrai danger
Wilfried DépardProfesseur de mathématiques au collège Frida Kahlo
"Quand on passe d'une salle à une autre, ça se bouscule de tous les côtés", confirmait Marine, collégienne en classe de 3ᵉ.
Pour être entendus avant les vacances, les manifestants s'étaient déplacés en centre-ville, et avaient été reçus par la maire, également élue au département. L'élue n'avait pu que partager un état des lieux alarmant.
"Il faut plus de moyens, notamment des surveillants. Pour l'instant, il y a 7,5 postes. C'est insuffisant", avait admis Danielle Cornet, maire de Pontchâteau.
Le mouvement n'est pas resté vain. Le rectorat a proposé la réalisation d'un diagnostic partagé.
Les 11 et 12 janvier, 5 inspecteurs académiques ont mené des entretiens avec les salariés et observé le fonctionnement de l'établissement afin de "trouver des solutions communes" et de "co-construire des propositions d'amélioration".
Des échanges et après ?
Deux jours d'échanges nourris, mais un regret, "l'inspection s'est déroulée alors que 100 élèves de 3ᵉ, en stage, manquaient à l'appel."
Les inspecteurs rendront leur copie au rectorat d'ici fin janvier. Des propositions devraient être faites avant les vacances de février.
La crainte des parents d'élèves est que "les nombreux problèmes rencontrés au Collège Frida Kahlo soient justifiés par une mauvaise organisation. Nous devons donc nous attendre à ce que les emplois du temps soient en partie refaits début mars," redoutent-ils.
Une classe supplémentaire ? "Impossible !"
"Pour la rentrée prochaine, nous ne pourrons pas accueillir une classe supplémentaire malgré des projections en hausse."
Cette nouvelle classe ne tiendrait pas dans les locaux. Il est donc important que la carte scolaire soit revue
Christel MaridetProfesseure de documentation et déléguée CGT Education
Et en attendant ? En signe d'apaisement, les personnels et parents d'élèves auraient apprécié des moyens humains supplémentaires, même provisoires, "or rien n'a été proposé."
Les conditions de travail pour les collégiens comme pour les personnels restent inquiétantes ; violence, harcèlement, dégradations, augmentation du nombre de mal-être exprimés chez les enfants comme chez les adultes.
Les personnels et parents d'élèves FCPE du collège Frida Kahlo de Pontchâteau
Malgré l'audit, le contexte reste tendu, la fatigue et la lassitude finissent par épuiser tout le monde, les arrêts maladie s'enchainent.
"Un investissement pour l'avenir"
Pour répondre à l'urgence, tous attendent désormais "des renforts en personnels et le remplacement rapide et en nombre suffisant des professeurs absents" et appellent à "rétablir un équilibre des effectifs avec les établissements de Missillac, St-Joachim et Donges, qui eux s'inquiètent de la baisse du nombre d'élèves pour la rentrée 2024. "
"Le service public d'éducation, ne doit plus être considéré comme un coût, mais comme un investissement pour l'avenir", concluent les personnels et les parents d'élèves.