Le Collectif Urgence Sociale manifestait ce vendredi matin devant l'Alvéole 12, là où se tenait le conseil municipal. Une Erythréenne enceinte, venue rejoindre son mari, est restée sans-abri pendant des mois. Une solution d'hébergement vient d'être trouvée. Les soutiens de Luwam ne désarment pas et dénoncent l'inaction des pouvoirs publics.
"Quand des gens dorment dans la rue c'est aussi la responsabilité du maire", la banderole déployée affiche la couleur et cible "l'inaction des pouvoirs publics".
Ils étaient un trentaine ce vendredi matin 28 janvier devant l'alvéole 12 à Saint-Nazaire. Le conseil municipal y est exceptionnellement délocalisé.
Le collectif Urgence Sociale Plus jamais sans Toi(t), ne désarme pas. Luwam est désormais à l'abri, une solution d'hébergement a été trouvée mais ils continuent à dénoncer la situation inacceptable de cette jeune Erythréenne de 27 ans, enceinte de sept mois à la rue depuis des mois. Et elle n'est pas seule.
La jeune réfugiée est là avec son ventre arrondi aux côtés de son mari. Lui est en France depuis plusieurs années. Il a un titre de séjour. Elle l'a rejoint à Saint-Nazaire en juin dernier et devrait bientôt être aussi régularisée.
"Les mois qu'ils viennent de vivre ont été particulièrement difficiles. Notamment pour elle qui est enceinte. Il y eu des démarches engagées auprès du 115, des démarches auprès d'une assistante sociale pour essayer de leur trouver un hébergement commun pour qu'ils puissent vivre dignement et ensemble préparer l'arrivée de leur bébé", rappelle un militant au micro.
"La réalité c'est que lorsque le 115 décroche et daigne faire une proposition d'hébergement et qu'on la refuse quelque en soit le motif, on se retrouve littéralement blacklisté. Et derrière bonne chance en particulier si vous êtes isolé, si vous parlez peu ou mal le français pour essayer d'insister et obtenir une place", ajoute Léo.
Il y a du bâti qui peut être ouvert à Saint-Nazaire, qui peut-être rénové à faible coût pour accueillir des dizaines de personnes et pour répondre à toutes les situations d'urgence et de personnes à la rue
Collectif Urgence Sociale Plus jamais Sans Toi(t)
"Ça va au-delà du cas de Luwam"
Ce n'est pas la première fois que le collectif interpelle la mairie au sujet de la précarité à Saint-Nazaire . "Ça va au delà du cas de Luwam. Il y a des centaines de personnes qui sont en situation de mal logement à Saint-Nazaire qui vivent soit dans la rue, soit dans leur voiture, dans des garages, chez des amis ou dans des squats".
"Nous on alerte le maire depuis plus d'un an. on est dans une ville de 70 000 habitants, avec une réserve foncière. iI y a des réponses concrètes à apporter en attendant que l'Etat via les préfectures puissent débloquer d'autres places. On sait que ce n'est pas qu'à la mairie de gérer l'urgence mais refuser d'ouvrir des gymnases et des bâtiments, qui pour le moment n'ont pas d'utilité pour la collectivité, pour ces personnes là, ça me paraît extrêmement cynique et ça montre que ce n'est pas la volonté du maire de travailler sur la question du social".
"Pour faire débloquer des situations il faut les faire connaître au niveau de la population et des associations. Aujourd'hui étant donné les très nombreuses défaillances au niveau des pouvoirs publics, il faut en arriver à mettre sur la place publique ces situations pour que les choses bougent. La preuve depuis 48 heures nous avons d'abord eu une place dans un lit halte soins santé qui s'est débloqué pour Luwam. Elle pourra être prise en charge dans une institution jusqu'à l'accouchement."
"Elle est tranquille pour les deux prochains mois. Et là on vient d'apprendre qu'un organisme de logement social est en train de débloquer un appartement pour le couple et le futur bébé. La médiatisation ça fonctionne !"
Le maire de Saint-Nazaire réajuste : "Le bailleur social ne lui a pas réservé un logement. Il y a des règles. Il y a du droit. Son dossier a été mis à jour hier soir. Il n'était pas inscrit, il n'était pas valide, il n'était pas réglementaire. Du coup la commission d'attribution se réunira prochainement. Ce n'est pas parce que l'on manifeste que l'on trouve un logement de fait".
"L'urgence, elle existe pour de nombreuses personnes, de femmes isolées, de familles, de femmes avec enfants à la rue. Il y a plus de 4 000 demandeurs à la ville de Saint-Nazaire. Il y a le respect du droit et ce respect du droit passe au dessus de la tête de ce collectif", ajoute l'élu.
L'affaire éclate dans l'attente d'un jugement pour occupation illégale
"Dès l'occupation des maisons il y a un an, on a tout de suite dit que l'on était ouvert et que l'on voulait dialoguer avec la mairie pour pérenniser le travail que l'on mène dans ces maisons. Il faut quand même savoir que 80 personnes nous ont été envoyées par les structures sociales de la ville", se défend Léo.
"Nous avons rencontré l'équipe municipale et l'élue aux solidarités à deux reprises. Comme on nous l'a demandé, nous avons créé une association. Et on nous annonce que la procédure d'expulsion sur les maisons est toujours valable.", s'énerve Léo. "Cette situation c'est la situation de trop. Il y a une véritable hypocrisie".
"Il y a un drame humain, une femme à la rue enceinte et qui plus est est covidée. Il se trouve que nous avons été informés de sa situation par les journalistes de France 3. Avant de prévenir la presse ce qui doit guider, c'est la mise à l'abri, la mise en sécurité. Je le dis très clairement il y a une manipulation politique. Ce sont des méthodes d'extrême gauche que nous connaissons bien", rétorque David Samzun, maire de Saint-Nazaire.
Et ça correspond pile poil à la journée où il y avait un jugement. Ces hommes et ses femmes du collectif occupent des squats. C'est cousu de fil blanc. C'est une instrumentalisation politique et juridique.
David Samzun, maire de Saint-Nazaire
"On fait un travail social bénévole et la ville l'apprécie mais la ville veut quand même toujours nous expulser. Ça les arrange bien que l'on ait accompagné et hébergé des centaines de personnes sur Saint-Nazaire !", conclut Léo.