Le Vol au Vent achève son deuxième chargement de pièces géantes d'éoliennes.Il partira ce vendredi 22 avril pour les assembler et les poser au sein du parc éolien du Croisic.
Le navire poseur d'éoliennes Vol au Vent, de l'armement belge Jan de Nul, est immobilisé en forme Joubert, au coeur du port de Saint-Nazaire, le temps de prendre à son bord, les éléments de quatre éoliennes : mâts, nacelles, pales.
C'est le deuxième chargement pour ce navire dédié à l'installation d'éoliennes en mer. A chaque chargement, quatre éoliennes en kit sont amenées à bord, avec la précision qui s'impose pour de tels colis XXL.
Par exemple, les pales, longues chacune de 75 m, sont stockées sur le hub logistique (exploité par General Electric) puis acheminées sur le bateau à l'aide d'une grue mobile du Grand Port Maritime Nantes Saint-Nazaire et de la grue du navire.
Une grue qui s'articule et se déploie en fonction des éléments, de leur taille, de leur morphologie. Ainsi, une nacelle porteuse de la turbine sur laquelle seront implantées les pales, avoisine les 500 tonnes. Un poids conséquent mais sans problème pour cette grue du Vol au Vent qui est capable d'en soulever le triple soit 1 500 tonnes. En fonction du plan de charge du navire, cette grue aura à placer les éléments sur bâbord, tribord, à l'avant pour plutôt à l'arrière, dans les espaces dédiés à chacun.
Une logistique pour colis hors normes
Il va falloir s'habituer à se décor portuaire, ici, à Saint-Nazaire, les marchandises embarquées ont changé de taille.
Si jadis, sur les quais des bassins du port, on embarquait du blé, de la viande congelée, ou encore du charbon, les marchandises ont bien changé, en taille comme en nature.
Le Grand Port Maritime a fait renforcer les quais ces dernières années, afin qu'ils puissent accueillir les éléments du futur parc éolien, en l'occurrence celui du Croisic, et peut-être d'autres à venir.
Les spécialistes de la logistique sont donc à pied d'oeuvre pour optimiser le stockage, le transport et le chargement à bord des pièces d'éoliennes.
Dockers, marins, grutiers, techniciens d’installation et de maintenance, ingénieurs, logisticiens…autant de métiers à coordonner pour une logistique efficace et sécurisée.
Ici, les éléments arrivent par terre et par mer
L'éolien en mer français est l'un des plus jeunes d'Europe, sinon le plus jeune. Depuis quelques années, des industriels français se sont lancés dans cette filière, mais il faut reconnaître que les pays du nord ont pris une certaine avance, et donc une expérience certaine en matière de production et installation.
Pour ce qui est des fondations des éoliennes, elles ont été fabriquées par Eiffage Metal et sont livrées au fil de l’eau à La Rochelle, d’où elles sont parties pour être installées sur site.
Les 21 premières fondations de type mono-pieux (tubes d’acier enfoncés dans les fonds marins entre 12 et 25 m de profondeur), ont été installées par un navire de SDI (Groupe DEME).
Les câbles sous-marins reliant les éoliennes à la sous-station électrique, ont été fabriqués par Prysmian Group dans les usines de Montereau-Fault-Yonne (Seine-et-Marne) et de Gron (Yonne), et sont actuellement stockés au port de Saint-Nazaire. Une première partie des câbles inter-éoliennes vient de commencer à être déployée sur les fonds marins entre les fondations par Louis Dreyfus TravOcean.
Le 21 août dernier, la sous-station électrique a été positionnée sur sa fondation jacket par SDI. Elle a été construite à Saint-Nazaire par les Chantiers de l'Atlantique, historiquement chantiers navals mais qui ont pris le train de l'éolien offshore en marche depuis quelques années et déjà produit plusieurs sous-stations électriques à l'export.
Les pales arrivent par la mer, en provenance de Castellon, en Espagne, où elles ont été fabriquées par LM Wind Power, une filiale de GE Renewable Energy, un des partenaires principaux du consortium d’EDF Renouvelables et Enbridge pour le parc éolien du Croisic.
Ces pales sont arrivées depuis mai 2021 et nécessitent deux jours de manutention. En tout, 240 unités seront débarquées à Saint-Nazaire pour équiper les 80 éoliennes du parc. Le hub logistique a été créé dans le but de stocker ces éléments d'éoliennes en attendant l'assemblage et l'installation en mer qui ont débuté début avril 2022.
Les mâts des éoliennes arrivent d'Espagne, tronçon par tronçon. Une fois débarqués sur le quai de la Prise d'Eau du bassin de Penhoët à Saint-Nazaire, ils sont stockés en attendant de recevoir leurs équipements électroniques et électriques assemblés tout près, chez Clemessy (groupe Eiffage).
Ce sont des modules de puissance, également appelés e-stacks, qui vont être installés dans la partie basse des mâts d'éoliennes et permettre de convertir l'électricité produite par les nacelles situées en haut des mâts, chaque nacelle comportant une génératrice. Cette électricité sera ensuite transportée par câbles sous-marins vers la sous-station électrique du parc éolien. L'énergie produite rejoindra la terre, toujours par câbles sous-marins, à la plage de la Courance à Saint-Nazaire et sera reliée au réseau national à Prinquiau où la nouvelle unité électrique a été construite également par le groupe Eiffage.
Des nacelles en circuit court
Elles arrivent en voisines, les nacelles des éoliennes sont produites tout près, dans la zone portuaire de Montoir de Bretagne, à l'usine General Electric, anciennement Alstom. Modèle Haliade 150, puissance 6 MW. L'industriel est depuis passé à un modèle plus puissant, l'Haliade X de 12 MW, mais a conservé sa ligne de production de turbines 6 MW car tel était à l'époque le cahier des charges du parc éolien au large du Croisic.
Le boulevard des Apprentis, qui longe les Chantiers de l'Atlantique, a été retracé et élargi entre autre pour elles, afin que le convoi exceptionnel qui les amène ait toute aisance de manoeuvre.
Une fois arrivées sur le hub logistique, elles attendront leur tour avant d'être amenées sur le quai de la forme Joubert, pour être embarquées sur le Vol au Vent, aux côtés des tronçons de mâts et des pales. 80 unités sont prévues pour le parc éolien du Croisic.
Le Vol au Vent, navire poseur d'éoliennes, va repartir sur le site du plateau de Guérande, là où est implanté le parc éolien au large du Croisic, chargé de quatre éoliennes en kit qu'il assemblera lui-même sur place.
Plusieurs équipages se succèdent à bord pour un travail de jour et de nuit, une centaine de marins et techniciens au total. Au moins 24h sont nécessaires pour poser et installer un ensemble, avec des conditions météo clémentes.
Soit des rotations de cinq à dix jours suivant les difficultés rencontrées.
Le calendrier prévoit la fin de l'installation vers la fin octobre pour une mise en service espérée en fin d'année 2022. Mais d'ici là, chaque éolienne posée et connectée commencera à produire dans les prochaines semaines.
A terme, le parc éolien situé au large du Croisic et premier parc éolien français devrait produire l'équivalent de la consommation de 700 000 habitants, soit 20% de la population de Loire-Atlantique.