Une statue d’Aristide Briand, réplique identique du buste qui avait disparu pendant la Seconde Guerre mondiale, est inaugurée samedi 7 décembre au jardin des plantes de Saint-Nazaire.
"La loi aura généreusement accordé tout ce que raisonnablement pouvaient réclamer vos consciences, la justice et la liberté". Ces mots ont été prononcés par Aristide Briand lors des travaux de la loi de séparation des églises et l'État. Ils sont désormais gravés au-dessous de son buste.
Une statue de l'avocat, journaliste, élu député de la Loire puis de Loire Inférieure, réplique identique du buste qui avait disparu pendant la Seconde Guerre mondiale, est inaugurée samedi 7 décembre au jardin des plantes de Saint-Nazaire. Une oeuvre criante de vérité tant ont le croirait en train de plaider à la tribune.
Aristide Briand, homme politique français, rapporteur de la loi de la séparation de l'église et de l'État, prix Nobel de la paix en 1926, a vécu trente ans à Saint-Nazaire. Son ami Émile Guillaume, sculpteur de renom, réalise son buste en plâtre en 1926, puis un autre en bronze en 1927.
Il est offert au collège de garçons de Saint-Nazaire en 1933, puis sans doute fondu pour l’industrie de guerre allemande pendant la Seconde Guerre mondiale. L'établissement scolaire, lui, a été entièrement détruit par les bombardements.
Le buste reprend la gestuelle d’Aristide Briand lors de son discours du 8 septembre 1926 à la Société des Nations : "Arrière les fusils, les mitrailleuses, les canons ! Place à la conciliation, à l’arbitrage et à la paix ! "
La Pensée française le décrit ainsi dans ses pages du 24 mai 1926 : "Émile Guillaume représente Aristide Briand dans une attitude familière et d’une criante vérité."
Devoir de mémoire
Face à l’absence de représentation physique de l’homme d’État dans l’espace public nazairien, l’association Aristide-Briand a proposé de réaliser une réplique du buste, 90 ans après son inauguration, un projet soutenu par la Ville. Une dotation exceptionnelle d’environ 39 000 euros a été débloquée.
Nos mots, nos monuments ne seront jamais assez pour rendre hommage à des figures françaises de cette envergure. David Samzun, maire de Saint-Nazaire
David Samzun maire de Saint-NazaireMaire de Saint-Nazaire
L’association a fait appel à l’entreprise locale Airencos qui utilise un scanner 3D pour pouvoir reproduire la sculpture à partir d’un exemplaire existant, à savoir une copie du buste conservée dans la bibliothèque de l’Organisation des Nations Unies à Genève. La numérisation s’est effectuée sur place en janvier 2023.
C’est en juillet 2024 que le buste est fondu à Blain, par la Fonderie d’art Le Floch. Il sera installé et inauguré au jardin des plantes de Saint-Nazaire le samedi 7 décembre, 119 ans presque jour pour jour après l’adoption de la loi de séparation des églises et de l’État (9 décembre 1905) à l’initiative d’Aristide Briand.
L’association Aristide-Briand, active depuis plus de 35 ans, souhaitait que l’homme d’État prenne place dans l’espace public. Au-delà d’un devoir de mémoire, il s’agissait de restituer aux Nazairiens une œuvre et une mémoire vive d’un enfant du pays qui fut un très grand républicain, un laïc, un Européen, un homme de conciliation et d’apaisement, un homme dont les valeurs modernes nous sont si précieuses aujourd’hui. Patrice Bulting, président de l’association Aristide-Briand
Patrick Bulting, président de l'association Aristide Briand, active depuis plus de 35 ans, souhaitait "que l'homme d'État prenne place dans l'espace public. Au-delà d'un devoir de mémoire, il s'agissait de restituer aux Nazairiens une œuvre et une mémoire vive d'un enfant du pays qui fut un très grand républicain, un laïc, un Européen, un homme de conciliation et d'apaisement, un homme dont les valeurs modernes nous sont si précieuses aujourd'hui. "
Le père fondateur de la loi de 1905
Né le 28 mars 1862 à Nantes, ce fils de cabaretier a connu une jeunesse pauvre et a pu, grâce à une bourse, poursuivre des études qui l’ont conduit au baccalauréat puis à la licence en droit. Élevé à Saint-Nazaire où ses parents se sont installés, il devient rapidement militant socialiste et participe au lancement de petits journaux locaux d’extrême-gauche. Il devient l’ami de Fernand Pelloutier et promeut avec lui l’idée de la grève générale. Gagnant péniblement sa vie comme journaliste, clerc de notaire puis avocat, il mène une vie de bohème et connaît des amours agitées qui lui valent notamment un procès pour adultère qui a failli briser sa carrière. Attiré très tôt par la politique, Briand est battu aux élections législatives de 1889, de 1893 et 1898.
À Paris, il écrit des articles dans des journaux de gauche comme La Lanterne ou La Petite République. Il rejoint le Parti Socialiste Français, où Jean Jaurès le remarque pour son habileté tactique et ses dons oratoires. Dans l’affrontement très vif qui oppose le bloc des gauches à la droite antidreyfusarde, il est enfin élu député en 1902 à Saint-Étienne.
En 1904, une crise éclate entre le gouvernement français, présidé par Émile Combes, et le Vatican.
Briand propose alors un texte de loi qui en termine avec la rémunération par l’État des ministres du culte tout en laissant aux Églises la propriété de leurs biens et des édifices religieux. Si les protestants et les juifs acceptent sans difficulté majeure cette séparation, l’Église catholique, conduite par Pie X, refuse tout accommodement malgré les tentatives des catholiques modérés.
Dans les débats qui vont durer toute l’année 1905 à l’Assemblée et au Sénat, Aristide Briand fait preuve d’une grande habileté.
Aujourd’hui encore cette loi, fondatrice de la République avec les grands textes de 1881 sur l’école publique et la liberté de la presse, et de 1901 sur la liberté des associations, continue à régir les rapports entre les cultes et l’État sauf en Alsace-Lorraine, territoire allemand en 1905, où le concordat de 1801 continue à s’appliquer.
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