Alimentation : de la viande de poulet cellulaire cultivée près de Cholet

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À l’heure où l’élevage est mis en cause pour son impact sur le réchauffement climatique. L’un des seuls acteurs français à cultiver des cellules de viande de poulet en laboratoire, la start-up Vital Meat, située près de Cholet, a ouvert exceptionnellement ses portes à nos journalistes Jérémy Armand et Laura Striano. Montage : M. Gaudin ©Jérémy Armand/ Laura Striano

Ce n'est plus de la science-fiction. La viande "in vitro" est depuis quelque mois autorisée à la vente aux États-Unis. Des cellules de viande sont prélevées sur un animal, puis cultivées en laboratoire. L’un des seuls acteurs français à cultiver des cellules de viande de poulet en laboratoire, la start-up Vital Meat, située près de Cholet, a ouvert ses portes à l'une de nos équipes

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Ça a l'aspect de morceaux de poulet, l'odeur du poulet et même le goût... mais ce n'est pas vraiment du poulet.

Enfin si...

Ce sont des cellules de poulet qui dégagent leur arôme à la cuisson. Rien de plus n'est ajouté.

Nous sommes près de Cholet dans un lieu tenu secret. Au cœur du laboratoire de la Start-up Vital Meat.

À l’origine, de cette nouvelle "viande", il y a des cellules prélevées dans des œufs fécondés il y a plus de 20 ans. Elles ont été congelées et reproduites à l’infini puis introduites dans de grandes cuves que l'on appelle des fermenteurs ou des bioréacteurs, semblables à ceux que l'on utilise pour brasser la bière.  Ces cellules, maintenues à 37 degrés, vont être alimentées en nutriments, ainsi que l'explique une ingénieure de la start-up.


C'est vraiment la même chose que si elles étaient dans le corps de l'animal, on va leur donner des acides aminés, des sucres, des vitamines, des minéraux et donc naturellement elles vont se sentir bien et elles vont se multiplier. En quelques jours, on va obtenir plusieurs dizaines de kilos de viande"

Olivia de Talancé Directrice des opérations chez Vital Meat

Directrice des opérations chez Vital Meat

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Ce qui est possible avec le poulet l'est aussi avec le bœuf, le canard ou le poisson…

Ces dernières années, la viande cellulaire suscite un engouement planétaire.

Une centaine de start-ups dans le monde lèvent des millions d’euros. Et pourtant, pour le moment, seuls Singapour et les États-Unis autorisent la vente de viande cultivée en laboratoire.

L'un des obstacles et pas des moindre au développement de cette "viande artificielle", c'est son prix. Il y a 10 ans, le premier burger artificiel, coûtait 250 000 euros.

Mais pas de quoi décourager le groupe choletais Grimaud, un poids lourd de la génétique animale. Il s'est lancé dans la course il y a trois ans. Aujourd'hui, son dirigeant s’estime prêt à passer à l’échelle industrielle. Il donne déjà rendez-vous aux consommateurs dans moins de cinq ans pour retrouver dans leurs assiettes son poulet cellulaire.

Une "viande" controversée

Ce type d'expérimentation est cependant loin de faire l'unanimité.

Ses promoteurs mettent en avant le bas bilan carbone que la production de viande de laboratoire comparé à l'élevage qui représente 14,5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. 

Ils avancent aussi que cela pourrait être une solution pour éviter que 3 millions d'animaux ne soient abattus chaque jour en France pour satisfaire le mode d'alimentation des consommateurs occidentaux. Mais des craintes s'expriment notamment sur les risques sanitaires que peuvent provoquer la culture des cellules.

Certains fabricants utilisent en effet des hormones de croissance et multiplient les lignées cellulaires en les reproduisant à l'infini. Un flou subsiste quant à l'évolution de ces produits alimentaires technologiques. Certains spécialistes s'en inquiètent comme Marie-Pierre Ellies-Oury, professeure en science animale à Bordeaux Sciences Agro

"On prélève une cellule qui va se multiplier de façon très importante pour arriver à concevoir un produit final avec des fibres musculaires. Mais cette surmultiplication va possiblement induire des dérégulations au niveau de nos cellules qui vont faire un peu comme dans le cas d'un cancer, dans la mesure où elles peuvent évoluer de façon inattendue par rapport à la normale. Un bémol toutefois : si c'est un produit qui est ingéré il sera dégradé au moment de l'ingestion par l'homme."

Marie-Pierre Ellies-Oury

Professeure en science animale

Cela étant, un mouvement est en marche pour accéder à ce marché, après Singapour et les États-Unis, la Suisse et le Royaume-Uni sont en train d'instruire des demandes formulées par des entreprises.

La France, pour l'instant, par la voix de son ancien ministre de l'Agriculture Julien de Normandie, s'est positionnée pour préserver la viande naturelle contre la viande artificielle.

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