Les haies sont essentielles pour de nombreux oiseaux. Ils les utilisent comme source de nourriture, comme site de nidification et comme aide à la navigation. L'écart entre le volume des haies supprimées et celui des haies plantées est totalement disproportionné. Une nouvelle atteinte à la biodiversité rurale. La LPO et d'autres organisations s'efforcent de replanter des haies dans les campagnes.
Sur la route qui mène de Saint-Aubin-de-Luigné à Saint-Lambert-du-Lattay, un petit chemin descend dans une parcelle, le long du Layon, cette rivière qui a donné son nom au fameux vin moelleux d'Anjou. On est tout près également du Chaume, une autre appellation locale prestigieuse.
Ce jeudi matin, une douzaine de personnes sont accroupies en ligne, occupées à planter des noisetiers, des châtaigniers, des poiriers sauvages... De chaque côté de cette allée, elles créent une haie, sous la direction de Simon Coutand, chargé de mission agriculture et biodiversité à la LPO Anjou (Ligue de Protection des Oiseaux).
Pour les générations futures
Les propriétaires des lieux, Marie Chazerault et Julian Berthelot, sont maraîchers. Ils ont planté sur cette parcelle des courges, des poireaux et des pommes de terre. Ils y font paître également "Paysanne" et "Larzac", deux ânesses de 10 ans.
"Ça leur donnera un peu d'ombre" explique Marie.
L'idée est aussi de planter des essences fourragères pour nourrir des animaux, de valoriser le bois, mais on n'en est pas encore là, pour l'instant, les arbustes font, au plus, 1,50 m.
Cette démarche, Marie et Julian l'ont faite aussi, disent-ils, pour les générations futures. Du bois des arbres, certes, ces générations pourront faire des planches, mais l'ambition est aussi de soutenir la biodiversité.
"On essaye de travailler les haies pour qu'il y ait de la variété, pour nourrir les oiseaux à différentes saisons, explique Simon Coutand, de la LPO. Il faut aussi que la haie soit assez vite étoffée pour que ce soit une zone de refuge pour les oiseaux, rouge-gorges, mésanges, pinçons, moineaux. La pie-grièche écorcheur (appelée ainsi parce qu'elle écorche ses proies), présente de mai à septembre, a besoin des haies pour se protéger et empaler ses proies."
Pas très glamour cet oiseau, reconnait Simon, mais il est en forte régression du fait des insecticides et de la disparition des haies.
L'alouette des champs, en régression également, pourra y construire son nid.
70 % du linéaire de haies a disparu
Chaque année en France, depuis 2017, plus de 20 000 km de haies disparaissent, selon les chiffres du Ministère de l'Agriculture.
"Depuis 1950, révèle une étude d'experts publiée en 2023, 70 % du linéaire de haies ont disparu des bocages français. Sous l'effet conjoint du remembrement agricole et du déclin de l'activité d'élevage, la surface en haies et alignements d'arbres en France métropolitaine est en constante diminution."
Le développement de zones commerciales, artisanales, d'autoroutes est aussi responsable de la situation.
Un projet gouvernemental prévoit de replanter 50 000 km de haies sur le territoire, dans les six ans à venir.
En attendant, des propriétaires terriens comme Marie et Julian font ce qu'ils peuvent, aidés en cela par divers organismes. Ainsi, les 120 arbres plantés dans ce champ, ont été financés par la région des Pays de la Loire, le Département du Maine-et-Loire et l'Agence de l'eau Loire Bretagne. Le couple de maraichers a participé pour 20 %.
Ces chantiers, que la LPO mène avec des bénévoles et l'association Horizon Bocage, sont aussi propices à la lutte contre le réchauffement climatique.
"Au bout de vingt ans, la haie est fonctionnelle au niveau de la captation du carbone" confirme Simon Coutand.
Pour les mois à venir, Marie et Julian devront surveiller ces haies en devenir. Ce matin, ils y ont posé du paillage pour protéger du froid, nourrir le sol et conserver l'humidité.
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Article initialement proposé en février 2024