Plusieurs agriculteurs se sont réunis ce matin, place Lafayette à Angers, pour protester contre les retards de versement des aides de la PAC (Politique Agricole Commune). Ils alertent sur leur situation financière et les charges administratives toujours aussi importantes.
La colère n’est pas totalement retombée. Après d’intenses manifestations en début d’année, les problématiques liées au monde agricole sont loin d’être réglées. Ce matin, plusieurs agriculteurs de la Confédération paysanne du Maine-et-Loire, du GABBAnjou (Groupement des Agriculteurs Biologistes et Biodynamistes) et du CIVAM 49 (Centre d'Initiatives pour Valoriser l'Agriculture et le Milieu rural) se sont réunis dans le centre-ville d’Angers pour réclamer le paiement des aides 2023 de la Politique Agricole Commune de l’Union Europénne.
Aujourd’hui dans les Pays de la Loire, plus de 4000 dossiers sont encore en attente de traitement, pour un total d’environ 27 millions d’euros. De quoi mettre en grande difficulté certains exploitants comme Baptiste Boré. "On attend 10 000 euros de nos aides PAC bio depuis le 15 mars. On a dû contracter un prêt à court terme auprès de notre banque pour limiter la casse dans la trésorerie et pouvoir payer nos salariés et nos fournisseurs, explique l’éleveur de vaches et maraîcher installé à La Pommeraye. C’est un prêt à 4,5 % qu’il va falloir que l’on rembourse à la fin de l’année, soit 800 euros qui partent pour les banques. Pas pour moi, ni pour ma femme qui est mon associée."
Le bio en première ligne
Ces difficultés financières et ces lourdeurs administratives sont encore plus prégnantes dans le bio, estime celui qui se considère comme l’un des "dindons de la PAC". « Tout le monde a été payé au 15 mars, surtout ceux qui font de l’agro-business. Eux, ils n’ont jamais eu de souci, dénonce celui qui est également président du CIVAM 49. Nous, on nous a dit : « ne vous inquiétez pas, vous allez être payés rapidement. » Aujourd’hui, on est le 26 juin et je n’ai toujours rien sur mon compte."
Par leur manifestation à deux pas d’un marché, les agriculteurs mobilisés tenaient aussi à alerter le grand public. "On a fait une exposition sur deux remorques : une remorque d’agriculteur-paysan, et une remorque d’agriculteur plutôt productiviste et industriel, explique Alain Guiffès, éleveur laitier et porte-parole de la Confédération paysanne du Maine-et-Loire. Les gens voient bien la différence. On voit bien de quel côté va leur cœur, ce sont des gens qui viennent au marché régulièrement."
On n'a rien contre l'administration, on vient juste les interpeller pour qu'ils fassent remonter les choses.
Alain Guiffès, éleveur laitier et porte-parole de la Confédération paysanne du Maine-et-Loire
Le public conquis, certains agriculteurs ont été reçus par la Direction départementale des territoires avec, à la sortie, quelques satisfactions. "Nous, on n'a rien contre l'administration, on vient juste les interpeller pour qu'ils fassent remonter les choses, prévient Alain Guiffès. On a eu un engagement pour que mi-juillet, tout soit calé, et je tiens à dire que l’administration a réussi à mettre en place un système avec des plafonnements d’aides sur le deuxième pilier (de la PAC, destiné au développement rural et à l'environnement, ndlr). On est capable, dans l'administration française, de gérer les plafonnements. Ça, c'est un point qu'on a ressorti de cette rencontre."
Malgré tout, les agriculteurs restent sur le qui-vive et comptent bien, trois semaines après les Européennes, se faire entendre à nouveau : "Dans 4 jours, il y a des élections législatives. Il ne faut pas se louper."