Nous avons rencontré Christophe Béchu, l'ancien ministre de l'Écologie redevenu maire d'Angers. L'ancien ministre a évoqué avec nous cette, presque, nouvelle fonction, mais fait aussi le bilan de son mandat au ministère de la Transition écologique.
Jeudi 24 octobre, Michel Barnier présentait un nouveau plan national d'adaptation au changement climatique. C'est un peu le plan de Christophe Béchu, resté longtemps sur son bureau, reporté à maintes reprises.
Pas de quoi crisper celui qui n'est plus ministre de l'Écologie.
"Ça me rend heureux et c'est la règle du jeu. Quand on est dans une fonction ministérielle, on ne travaille pas pour l'instant, on travaille pour le pays et puis on travaille pour les générations futures, en particulier en matière d'écologie".
Ce plan "dit la vérité", estime Christophe Béchu.
"Il dit aux gens, le réchauffement climatique, ce n'est pas un risque, c'est quelque chose qui a commencé et ce qui nous attend, ce ne sont pas des petits changements, ce sont potentiellement des basculements dans notre façon de vivre" insiste l'ancien ministre, "parce que si on n'augmente pas collectivement, sur le plan mondial, le rythme auquel on sort du pétrole et du gaz, c'est 4 degrés de plus à la fin de ce siècle qu'on aura en France et 4 degrés, c'est la fin des sports d'hiver, c'est la montée des eaux partout sur le littoral".
"Il y a une urgence à agir"
Pour Christophe Béchu, il y a une urgence à agir, "il y a une urgence à agir pour sortir du pétrole et il y a une urgence à se protéger, à s'adapter à ce que sont déjà les conséquences du changement climatique".
Et pour le moment, on n'est qu'à plus 1,7 degré et donc ça laisse présager de nouveaux drames comme ceux qu'on a vécus récemment.
Christophe BéchuAncien ministre de l'Ecologie
Dans le contexte de coupe budgétaire qu'on connaît en ce moment, y a-t-il un risque que cette coquille soit une coquille vide, faute de moyens ?
"Premier enjeu", changer les règles du jeu quand on construit notamment un bâtiment neuf, "il faut le faire en se disant qu'on affrontera potentiellement des températures, des inondations", éviter la "mal adaptation", c'est-à-dire de mettre de l'argent public qui soit mal utilisé, pas au bon endroit, pas de la bonne manière".
Pour Christophe Béchu, il faut aussi les moyens, "parce que l'augmentation des catastrophes naturelles, ça coûte, que les assureurs seuls ne peuvent pas couvrir, que les entreprises seules ne peuvent pas couvrir".
On a un enjeu de financement qui n'est pas encore bouclé
Christophe BéchuAncien ministre de l'Ecologie
Le fonds vert, un programme de financement de 2 milliards d’euros pour des projets portés par les élus locaux et les collectivités territoriales en faveur de l’accélération de la transition écologique dans les territoires, voulu par l'ancien ministre a été amputé de la moitié de ses budgets, moins 1,5 milliard d'euros.
Michel Barnier parlait de dette financière et de dette écologique. Cela pourrait laisser que seule la dette financière compte.
"Et pourtant, la dette écologique, elle entraîne une dette financière, parce que si on ne s'occupe pas de l'écologie, l'écologie, entre guillemets, elle s'occupe de vous. Et ce qui me frappe, c'est à quel point on parle de ce que ça coûte parfois les changements, les normes, les fonds, mais on ne regarde jamais ce que ça coûte si on ne fait rien".
Bien sûr qu'on ne peut pas, dans un contexte où on a 6 % de déficit, faire comme s'il n'y avait pas de problème d'argent public.
Christophe BéchuAncien ministre de l'Ecologie
Des idées nouvelles
Christophe Béchu a retrouvé son fauteuil de maire à Angers. Souhaitera-t-il se présenter aux prochaines municipales en 2026 ?
"La question se posera le moment venu. Pour le moment, ce qui est certain, c'est que je suis heureux de retrouver cette responsabilité, heureux de retrouver mon équipe, heureux de retrouver les agents de la ville, heureux de retrouver les habitants et avec à la fois un programme à finir, des engagements à tenir et plein d'idées nouvelles, piochées notamment au sein du ministère de la Transition écologique".
Il se dit "inquiet de voir que l'opposition de gauche à Angers, elle, est sensible aux sirènes de la France insoumise quand on voit à quel point ça éloigne toute une partie de la gauche de ce qu'est l'intérêt général".
"Moi, je pense qu'à chaque fois que vous faites de la haine de l'autre votre boussole, que ce soit la haine de l'étranger comme le Rassemblement national ou la haine des riches comme LFI, à la fin, vous favorisez une forme de violence".
Propos recueillis par Maxime Jaglin.
Christophe Béchu sera notre invité dimanche dans Dimanche en politique, à partir de 11h10.
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