"Je veux juste vivre de mon travail, peu importe les 70 heures par semaine" Face à l'inflation, les boulangers en colère

Plusieurs boulangers se sont rassemblés à Segré, dans le Maine-et-Loire, pour protester contre la hausse des prix de l'énergie et exprimer un ras-le-bol général.

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"Je travaille entre 70 et 90 heures par semaine et je gagne moins que si j'étais au RSA", lâche Mickaël François, boulanger à La Fournée de Pépé, à Segré, dans le Maine-et-Loire.

"C'est dur de payer autant pour l'énergie alors que Total et Engie ont fait des milliards de bénéfices en 2022, on se demande à qui profite le conflit", s'interroge-t-il.

"C'est une accumulation de tout depuis 2019"

Une cinquantaine de personnes s'est rassemblée à Segré ce samedi 4 mars 2023, dans le Maine-et-Loire, pour partager un ras-le-bol général : "C'est vraiment une accumulation de tout depuis le début de la crise covid en 2019", détaille le boulanger.

Je ne me plains pas, je fais un métier-passion. Je demande juste à vivre de mon métier, rien de plus.

Mickaël François, boulanger à Segré

Depuis le début de la guerre en Ukraine, le prix des matières premières et de l'énergie a considérablement augmenté, rendant les factures des boulangeries françaises très salées.

Stéphane Heurtier est boulanger à La Chapelle-Glain, en Loire-Atlantique. Sa facture du mois de février a augmenté de 120% par rapport à celle de l'année dernière.

"Je me lève à minuit pour faire tourner les fours en heures creuses"

"J'ai payé 1 200€ de plus par rapport à février 2022, alors que cela représentait déjà une facture de 1 000€", déplore le boulanger de 42 ans.

Face à cette hausse, il a du s'adapter : "Maintenant, je me lève à minuit pour faire tourner les fours en heures creuses. À 7h, tout est déjà éteint. Les baguettes sont un peu moins fraîches, mais nous n'avons pas le choix."

Stéphane Heurtier et Mickaël François sont allés manifester tous les deux à Paris, le 23 janvier dernier. Entre 1 000 et 2 000 artisans s'y sont rassemblés.

Un petit chiffre par rapport aux manifestations contre la réforme des retraites, mais un nombre important pour cette profession, peu habituée à descendre dans la rue. "C'était ma première manifestation alors que j'ai 42 ans", explique Stéphane Heurtier.

"Si je n'arrive pas à vivre de mon travail, je dépose le bilan"

"Mais un texte de loi pour étendre le bouclier tarifaire a été adopté en première lecture par l'opposition à l'Assemblée Nationale, on espère que le Sénat ira dans la même direction, et que cela ne prenne pas trop de temps", ajoute l'artisan.

Car beaucoup de boulangers français sont en difficulté. Certains ont déjà fermé boutique, et beaucoup y pensent : "Si je vois que je n'arrive pas à vivre de mon travail encore en juin, je dépose le bilan", se résigne Mickaël François.

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