Témoignage - Fermeture de boulangerie : "Je suis dégoûté, on a tout mis dans ce projet, la facture d'électricité nous a achevés"

Grégory Auroy et Elise Tournay ont fermé leurs deux boulangeries de Saint-Jean-de-Sauves (Vienne) et Monts-sur-Guesnes (Vienne). Affectés par la crise du Covid puis l'augmentation du coût des matières premières, ils ont dû jeter l'éponge avec l'augmentation "exorbitante" de leur facture d'électricité.

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Elise Tournay et Grégory Auroy ont ouvert leur première boulangerie, dans une petite commune de près de 1.400 habitants à Saint-Jean-de-Sauves (Vienne), le 1er juillet 2017. Deux ans plus tard, le 24 octobre 2019, ils lancent un deuxième établissement à Monts-sur-Guesnes (Vienne).

CARTE. Saint-Jean-de-Sauves

L'histoire est belle. Deux nouveaux commerces, créés par deux jeunes en territoire rural, ils ont même six employés. Leurs boulangeries fonctionnent puis le duo rencontre de premières difficultés avec la crise de la Covid. 

Une facture d'électricité multipliée par six

Cette année, l'augmentation du prix des matières premières (œufs, lait, farine) touche aussi fortement le binôme. Mais à chaque période compliquée, Grégory, 38 ans et Elise, 30 ans, se relèvent. 

"On a rencontré beaucoup de difficultés. Mais celle de trop, ça a été le renouvellement de notre contrat électrique. Pour nos deux établissements, la facture a explosé et nous n'avons pas eu d'autres choix que de fermer", raconte Grégory Auroy.

À la fin de leur contrat d'électricité, ils doivent le renouveler. Sauf que le prix est multiplié par six, passant de 1.600 à 9.800 euros.

"Nous n'avons eu aucune possibilité de négocier", rapporte Grégory.

"15 heures par jour pour sauver la boulangerie"

Malgré tout, avant de jeter l'éponge, Elise et Grégory ont tout tenté.

"On est passé de six à trois employés. On travaillait 15 heures par jour pour sauver la boulangerie, jusqu'à 200 heures dans le mois. Ça faisait un an qu'on se battait", indique Grégory.

Ils ont investi près de 400.000 euros dans leurs boulangeries. Le combat des trentenaires s'est donc arrêté le 15 octobre, cinq ans après l'ouverture de leur boulangerie.

On a fermé pour raison de santé, ce n'était plus possible pour nous. J'ai même dû être hospitalisé. Moralement et physiquement, c'était plus possible.

Grégory Auroy

Leurs commerces ont été liquidés le 22 novembre. "On repart avec rien, tout ce qu'on a mis dans ce projet. Ça a duré cinq ans, je suis dégoûté de tout ça".

Rebondir pour ne pas sombrer

Désormais, Grégory travaille avec un bureau d'étude dans le béton. Elise, elle, fait de l'intérim. 

"On a été obligé de rebondir rapidement. Nous avons encore plus de 30.000 euros à rembourser", déclare Grégory Auroy.

Comme eux, ils sont des dizaines de milliers en France à avoir dû cesser leur activité de boulanger. Et l'hécatombe pourrait se poursuivre, beaucoup vont devoir renouveler leur contrat et ainsi subir la hausse du prix de l'énergie.

Tous les artisans-boulangers sont à présent tournés vers la rencontre jeudi soir entre leur représentant et le ministre de l'Économie Bruno Le Maire. "D'éventuelles aides pour 2023 vont être discutées" déclare Alain Hayée, président de la fédération des artisans boulangers pâtissiers de la Vienne. Car aujourd'hui, ils sont nombreux à avoir le couteau sous la gorge. 

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