Après Daniel Cordier, une autre grande figure de la résistance est décédee ce week-end. Noëlla Rouget née à Saumur était agée de 100 ans. En 1965, elle avait obtenu la grâce pour son bourreau.
Elle était née Peaudeau à Saumur le 25 décembre 1919 et envisageait de devenir institutrice à Angers.
Dès 1941, elle s'engage aux cotés des réseaux de résistance angevins.
Le 31 janvier 1944, elle est déportée à Ravensbrück. Dans son convoi, elle rencontre Geneviève de Gaulle, Germaine Tillion ou encore Denise la soeur de Simone Veil.
Noëlla Rouget fera partie des 300 premières femmes françaises libérées. Elle regagne Angers le 16 avril 1945, retrouve ses parents et son frère, qu’elle avait craint d’avoir perdus dans les bombardements de son quartier. Elle pèse 32 kilos, souffre d’œdèmes tuberculeux.
C'est en Suisse, auprès de Geneviève de Gaulle que Noëlla recouvre la santé et s'installe désormais.
Longtemps, Noëlla Rouget ne parla pas de sa déportation. Pourtant, en 1965, elle est amenée à témoigner devant la Cour de sûreté de l’État, lors du procès de Jacques Vasseur.
Dans le box des accusés, se trouve l'homme auquel elle doit son arrestation et celle de son fiancé, Adrien Tigeot, qui fut fusillé le 13 décembre 1943, à Belle-Beille, avec six autres camarades.
Considéré comme le chef de la Gestapo française d’Angers, responsable de plusieurs assassinats et arrestations, Jacques Vasseur avait disparu à la fin de la guerre et était condamné à mort par contumace. Découvert et arrêté en 1962 à Lille où il s’était caché pendant dix-sept ans, il est rejugé en 1965, à Paris, devant la Cour de sûreté de l’État.Noëlla Rouget écrit le 2 novembre 1965 une lettre au président du Tribunal, dans laquelle elle déclare : "Dans quelques jours, commencera la phase finale du procès : le réquisitoire et la condamnation. Cette condamnation risque d’être, je le crains, la peine capitale. Devant une telle éventualité je me sens tenue, en conscience, de vous exprimer ma pensée. Les horreurs vécues sous le régime concentrationnaire m’ont sensibilisée à jamais à tout ce qui peut porter atteinte à l’intégrité tant physique que morale de l’homme et j’ai rejoint les rangs de ceux (…) qui font campagne pour l’abolition de la peine de mort".
Vasseur est condamné à mort. Noëlla Rouget demande alors sa grâce au général de Gaulle, président de la République, qui la lui accorde.
En mai 2011, Noëlla Rouget signera avec d'anciennes résistantes et d'anciens résistants, dont Marie-José Chombart de Lauwe, Stéphane Hessel, Raymond Aubrac, Daniel Cordier, l'Appel de Thorens-Glières, visant à remettre dans le débat public les principes du Conseil national de la Résistance.
Lors d’une rencontre avec des élèves de l’École internationale de Genève en 2013, Noëlla Rouget a ces mots : "Quand je vous parle des souffrances que nous avons vécues à Ravensbrück, je parle pour prêcher la vigilance auprès des jeunes générations car si Auschwitz a été possible, Auschwitz est possible tant que règne dans le monde la haine de l'autre, le racisme et la haine".
Noëlla Rouget s'est éteinte à Genève ce dimanche 22 novembre 2020.