Ce vendredi 8 novembre, le ministre de l'Industrie est à Cholet où il a rencontré les élus, les représentants syndicaux et les salariés du site Michelin qui ont appris ce mardi la fermeture programmée de leur usine. La visite sur le site de l'usine a été très brève et le ministre est reparti sous les huées des salariés de Michelin Cholet.
Marc Ferracci, le ministre de l'Industrie est arrivé ce vendredi matin à Cholet pour évoquer le difficile dossier de la fermeture de l'usine Michelin.
Une fermeture dont la rumeur courait depuis quelques jours et qui a été officiellement annoncée ce mardi 5 novembre.
Deux usines fermées
La marque au Bibendum ferme deux de ses usines, l'une à Vannes, dans le Morbihan, qui emploie 300 personnes, et l'autre à Cholet, dans le Maine-et-Loire qui compte 955 salariés. Des fermetures annoncées d'ici à 2026.
Ces deux unités sont spécialisées dans la production de pneus pour camions et camionnettes.
"Nous sommes pris en étau entre l’importation massive de pneumatiques entrée de gamme provenant de Chine notamment, et un manque de compétitivité de l’Europe, avec le coût de l’énergie", a expliqué la direction du groupe.
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Sonnés par cette annonce, les salariés de Cholet ont immédiatement organisé un piquet de grève devant leur usine afin d'empêcher la sortie des stocks de pneus et de gommes présents sur le site.
Le ministre à la rencontre des salariés
Des salariés qui recevaient la visite du ministre de l'Industrie, Marc Ferracci ce vendredi à la mi-journée.
Le programme du ministre prévoyait tout d'abord une rencontre en sous-préfecture avec les syndicats, puis avec des représentants syndicaux, des représentants de la Chambre de Commerce et d'Industrie choletaise, de France Travail et du Medef.
L'objectif de cette table ronde étant de s'assurer que Michelin va tenir ses engagements en matière de reclassement des 955 salariés et de réindustrialisation du site.
"Il va en ressortir du blabla, estimait le délégué CGT de Michelin Cholet, Richard Grangien interrogé devant la sous-préfecture de Cholet avant l'arrivée du ministre. De toute façon, ils (les politiques) n'ont plus la main depuis des générations sur les entreprises. Des groupes comme Michelin qui font des milliards de bénéfices, ils les caressent dans le sens du poil. On n'attend absolument rien de cette réunion."
Le syndicat a bien l'intention, en revanche, de faire valoir ses revendications, à savoir le maintien de l'emploi.
Pour sa collègue du syndicat Sud, il n'y a pas grand-chose à attendre non plus de cette visite ministérielle, si ce n'est une couverture médiatique qui évitera d'être oublié face à l'actualité américaine.
Une visite sous les huées
À la mi-journée, Marc Ferracci s'est rendu sur le site de l'usine pour y rencontrer les salariés présents.
Le ministre de l’Industrie a été accueilli sur le site dans le brouhaha, par des salariés qui n’attendaient rien de cette rencontre.
"Je suis venu ici pour dialoguer avec vous, a commencé le ministre délégué à l'Industrie. Je pense que ce que nous vous devons aujourd'hui, ce sont des engagements qui doivent être tenus. La manière dont les annonces ont été faites (de la fermeture), sans la présence de la direction, est une manière qui n'est pas acceptable et j'ai eu l'occasion de le dire à tout le monde."
Le discours a été un moment suspendu par des cris de "Michelin assassin !".
"Personne ne sera laissé sur le bord du chemin"
Puis, Marc Ferracci a repris la parole pour dire que les engagements pris par Michelin doivent être tenus.
"Ce que nous avons mis en place avec les élus, c'est un comité de pilotage, a poursuivi le ministre, qui va se mettre au travail dès les prochains jours. Qui va mettre en œuvre les engagement sur les indemnisations, l'accompagnement, le reclassement."
Le ministre a rappelé et soutenu la demande des syndicats de trouver des solutions locales de reclassement pour chacun, sur le territoire.
"L'engagement que nous prenons, a-t-il conclu, c'est d'obtenir des résultats, personne ne sera laissé sur le bord du chemin."
Enfin, il y a eu un bref échange avec deux salariés, puis Marc Ferracci est reparti sous les huées.
Une rencontre qui aura duré une dizaine de minutes avant que le ministre ne s’engouffre dans sa voiture sous bonne escorte.
"Survivre à cette chute"
"Ce n'est pas lui (le ministre) qui va empêcher la fermeture, estime Morgane Royer, de Sud. Il aurait pu l'empêcher depuis bien longtemps, ça fait déjà longtemps qu'ils sont au courant. Depuis janvier, les directeurs industriels de Michelin sont au courant qu'ils veulent fermer Cholet donc, ils ne vont pas me faire croire qu'ils (les politiques) ne sont pas au courant."
Le syndicat Sud dit ne rien attendre du ministre, mais plutôt de la direction du groupe Michelin sur les indemnités "pour survivre à cette chute" dit Morgane Royer. "C'est énorme ce qui se passe en France, fait remarquer la syndicaliste. C'est la première fois que Michelin ferme deux sites comme ça !"
Poursuite de la grève
Les salariés ont ensuite défilé dans la zone industrielle où l'usine est implantée depuis un demi-siècle. La grève pourrait se poursuivre la semaine prochaine. La direction de Michelin appelle de son côté à une reprise du travail pour le mardi 12 novembre.
À noter que le groupe des députés de La France Insoumise-Nouveau Front Populaire à l'Assemblée nationale demande la création d'une commission d’enquête parlementaire sur les aides publiques versées Michelin.
Olivier Quentin avec, sur place, Eric Aubron et Jérémy Armand
►Voir le reportage à Cholet d'Eric Aubron, Jérémy Armand et Nicolas Guilbaud
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