Pierre Gay, directeur du Bioparc de Doué-La-Fontaine, décide d'emmener ses trois petits-enfants en Amérique du Sud à la découverte de son combat mené pour la réintroduction d'animaux dans leur milieu naturel.
Ulysse (16 ans), Gabriel (13 ans) et Héloïse (10 ans) savent depuis qu’ils sont en âge de comprendre qu’ils n’ont pas un grand-père comme les autres. Un papy hors du commun qui a consacré sa vie à faire partager sa passion pour la faune sauvage et valoriser l’harmonie entre les hommes et les animaux. Son outil principal ? Le Bioparc de Doué La Fontaine créée par son père lorsqu’il avait 9 ans en 1961 et qui lui a confié sa direction en 1972. Aujourd’hui, Pierre Gay passe la main petit à petit à son fils François, mais poursuit son combat, un acte essentiel : éveiller la conscience écologique des hommes, protéger des écosystèmes en aidant les populations qui vivent aux côtés des espèces menacées.
Au total, ce sont plus de 40 espèces qui bénéficient de programmes d’élevage ex-situ pour assurer leur survie à long terme en captivité. Rien d’étonnant que Pierre ait eu l’idée de proposer à ses petits-enfants un voyage en terre inconnue. C’est ce voyage en Amérique du Sud que le documentaire réalisé par François Derive "La nature en héritage" nous propose de vivre.
Le carnet de voyage de Pierre
Depuis 2001, Pierre Gay, directeur du Bioparc, souhaite éveiller notre conscience écologique et faire des zoos autre chose que des foires à bestiaux encagés pour satisfaire le goût d’exotisme des chalands. Avant lui, d’autres comme Claude Caillé, fondateur du zoo de la Palmyre en Charente-Maritime, avait compris le rôle essentiel des zoos pour la protection, la reproduction des espèces menacées et leur réintroduction dans leur milieu naturel, mis en danger par la folie consumériste des hommes.
C’est à la première personne que le directeur du bioparc nous raconte le récit de son voyage familial. Lui qui passe la moitié de son temps dans le monde entier au contact des associations et des populations qui se battent pour le maintien de la biodiversité, a choisi le Pérou où il se rend chaque année. Une occasion unique pour faire le point sur les combats gagnés des animaux réintroduits dans leur milieu naturel et de présenter à ses petits-enfants ces espaces protégés et ces hommes qui sont devenus ses amis.
La réserve d’Illescas, l’archipel des otaries
Le voyage commence par un road trip dans le désert de Sechura au nord-ouest du Pérou. Quatre heures de route pour rejoindre la côte pacifique et la réserve d’Illescas. Un havre de paix pour des espèces marines comme les manchots, les pélicans du Pérou, les condors des Andes, et surtout les milliers d’otaries.
Une halte bivouac permet à la famille Gay de faire la connaissance de Maros. Cet ancien pêcheur vit dans un acacia géant sculpté par le vent au bord du Pacifique. Après 50 ans de labeur en mer, il veille avec quelques gardiens pour protéger ce territoire. Il en a fallu des années à ses hommes, avec le soutien de Pierre, pour chasser les pêcheurs illégaux qui pillaient les ressources de l’archipel, et obtenir le statut de réserve pour Illescas.
Chaparri : Le refuge des ours à lunettes
Aujourd’hui, son camp est devenu le point de départ vers Chaparri, la montagne sacrée des ours à lunettes. Cet animal doit notamment son nom aux taches plus claires qu'il a autour des yeux. Après des années de déboisement et d’exploitation minière, les habitants, les "Comuneros", 500 familles de paysans, se sont déclarés "communauté écologique" transformant ces territoires de chasse en une réserve où sont réintroduits les ours à lunettes. Des semaines, des jours plus tard, la porte des enclos s’ouvrira, laissant le choix ou non de la liberté à ses animaux.
Les revenus de la réserve, objets artisanaux essentiellement pour les touristes, leur permettent d’améliorer leurs conditions de vie et de financer principalement des écoles et des services de santé dans les hameaux de la forêt. L'ouverture de cette réserve a permis aussi de créer des emplois et de produire une agriculture écologique, solidaire et durable exploitant le recyclage de l’eau et les énergies renouvelables.
Ces communautés, déterminées à maîtriser leur culture et gérer leur vie, me donnent raison d'espérer pour mes enfants et mes petits enfants
Pierre GayDirecteur du Bioparc
Paysages et faunes créent une jolie complicité entre les acteurs du film : les réactions des enfants qui ponctuent le film, relèvent souvent de l’émerveillement. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un grand-père naturaliste et de pouvoir admirer des endroits rares à couper le souffle !
Le film se termine par une séance de chamanisme. Une tradition encore très présente dans les communautés précolombiennes comme celles qui peuplent la terre de la montagne magique. Les marchés des sorciers vendent toujours des plantes médicinales, des gris-gris qui servent à organiser des cérémonies. Des moments uniques réservés à de rares visiteurs amis que l’on peut interpréter comme des médiations millénaires entre les humains et les esprits de la nature. C’est peut-être aussi ce qui rend plus fort ces communautés qui se battent contre l’adversité et apportent à Pierre Gay le soutien dont il a besoin pour ses justes combats !
Quant à Ulysse, Gabriel et Héloïse, cet incroyable voyage aura peut-être fait naître des vocations chez eux. Le grand-père en rêve sans doute sans le dire.
Pierre Gay et son Bioparc
Les 17 ha de Bioparc de Doué-la-Fontaine accueillent plus de 1700 animaux appartenant à plus de 130 espèces différentes. Des animaux qui se sentent comme dans leur environnement naturel et la philosophie de Pierre Gay n’y est pas pour rien ! Son objectif est la préservation des espèces menacées et la sensibilisation les visiteurs à ses différents objectifs.
Le sourire aux lèvres, Pierre aime échanger avec les touristes et si possible avec les animaux : cris ou sifflements dont lui seul a le secret et qui n’appellent pas forcément de réponse. Mais sa véritable mission est d’expliquer toujours et encore le Programme Ex situ et le projet nature mis en avant dans le film. Le premier vise à la réintroduction d’individus nés en parcs zoologiques dans la nature, pour les espèces pour lesquelles, c'est envisageable. Le parc participe à 42 programmes européens. Le projet nature, on l’a vu, s’engage aux côtés de peuples du monde pour la protection de la biodiversité.
Ces projets répondent aux besoins des écosystèmes. Des hommes bénéficient de l’expertise du Bioparc et d’aides financières grâce aux visites du site, à des partenaires et ses dons au fonds de dotation Bioparc Conservation. Chaque année, plus de 20 Projets Nature sont soutenus par le Bioparc. Il a reversé 500 000 euros en 2022 et 3 630 000 entre 2001 et aujourd’hui.
Entre écologie et héritage familial, prenez part à un voyage 100 % nature, ce jeudi 9 novembre en regardant le documentaire "La nature en héritage" de François Derive, une production Human Nature Production.
Rediffusion lundi 13 novembre à 9 h 10 sur France 3 Pays de la Loire.
► À voir en replay sur france.tv dans notre collection La France en Vrai
► Retrouvez l'ensemble de nos programmes sur france.tv