Apiculteur et aventurier, il descend la Loire sur 700 km en kayak pour alerter sur la disparition des abeilles

Relier Roanne à Saint-Nazaire en kayak par la Loire, c'est le défi qu'Alban Mauzac est en train de relever. Après avoir pris le départ le 16 avril, l'apiculteur devrait arriver à Saint-Nazaire aux alentours du dimanche 30 avril. Ce challenge sportif vise à sensibiliser sur l'importance des abeilles pour la biodiversité, et sur le risque de disparition qui pèse sur ces insectes qui participent grandement, mais discrètement, à la production agricole.

50 kilomètres. C'est la distance que parcourt en moyenne Alban Mauzac sur la Loire chaque jour à bord de son kayak depuis le 16 avril. "On pagaie 8 à 10h par jour", précise-t-il lors d'une pause à Saumur (Maine-et-Loire). 

À 26 ans, le jeune homme est un apiculteur "nouvelle génération". Actif sur les réseaux sociaux, suivi par des sponsors et sensible aux périls environnementaux.

Il fait partie de la vague d'éco-aventuriers qui s'engagent dans moult défis sportifs pour alerter sur les effets du changement climatique.

J'ai voulu partir à l'aventure, me faire plaisir, mais aussi apporter quelque chose à tout le monde.

Alban Mauzac

Apiculteur et éco-aventurier

Son cheval de bataille à lui, c'est la lutte contre la disparition des populations d'abeilles, pollinisateurs essentiels à nombre de cultures agricoles.

Membre du mouvement Sport Planète de la MAIF, Alban Mauzac a donc décidé de prendre ses rames pour remonter la Loire de Roanne à Saint-Nazaire du 16 au 30 avril. Un trajet de 700 km pour sensibiliser au rôle crucial des abeilles pour la biodiversité. 

Chaque dizaine de kilomètres parcourue sera convertie en essaim d'abeille confié à des "apiculteurs et à des associations" dans le département du Var et en Ariège.

Voir le reportage réalisé à Saumur par Céline Dupeyrat, Vincent Raynal et Mattéo Gaudin

durée de la vidéo : 00h02mn15s
Alban Mauzac a décidé de mêler aventure, apiculture et combats pour l'environnement. ©France Télévisions / Céline Dupeyrat / Vincent Raynal / Mattéo Gaudin / Dorian Brianchon

Images de drone : Dorian Brianchon

Bivouac et journées sportives

Alban est accompagné de son ami Alexandre Crépin, qui pagaie à ses côtés. Dorian Brianchon, chargé d'immortaliser l'expédition, reste au sec et conduit la camionnette qui sert de lieu de bivouac au trio. 

Je suis admiratif parce que tous les jours, il mène un combat.

Alexandre Crépin

Ami d'Alban Mauzac

Les conditions de vie sont spartiates, et les journées très sportives.

"On se lève à 5-6h et même s'il pleut, on y va. On est sur l'eau avant 7h et après, on pagaie. On fait quelques pauses de 15 minutes, on prend des photos dans les villes-clés. On continue jusqu'à ce qu'on en ait marre, ce qui arrive souvent vers 16-17h", raconte Alban Mauzac. 

Pluie, vent de face et soleil ne sont pas tendres avec les kayakistes. "On préfère limite qu'il pleuve, sinon on se prend des sacrés coups de soleil", confie Alban. 

Une expédition physiquement éprouvante

L'apiculteur est habitué à se dépasser : "Je fais au minimum une expédition à l'année". Il cumule déjà à son actif l'ascension de sommets pour récolter des fonds à destination de la protection de la faune et de la flore sauvage, et une expédition cycliste de 1652 km assortie d'opérations de ramassage de déchets pour lutter contre la pollution plastique.

Le kayak qui lui permet de remonter la Loire est le même que celui de sa première expédition, en 2021.

La traversée de la Loire "est l'expédition la plus dure que j'ai fait pour l'instant, avoue pourtant Alban Mauzac, il faut faire 700 km à la force des bras, et j'ai plutôt l'habitude d'utiliser mes jambes pour faire du sport". 

Là on est sur le dernier tronçon, il y a beaucoup de lignes droites. On voit le même pont pendant plus d'une heure, on se dit : on y arrive jamais à ce pont ou c'est comment ?

Alban Mauzac

Apiculteur et éco-aventurier

"700 km, c'est long, c'est beaucoup et rien à la fois. C'est pas un record mondial, mais ça demande de sortir quelque chose de nous-mêmes", confirme Alexandre. 

Une reconversion en tant qu'aventurier 

La difficulté ne fait pas fuir Alban. On dirait presque qu'il la cherche à travers ce qu'il appelle ses "aventures", dont il a fait son métier.

Natif de Toulon, le jeune homme n'a pas toujours été apiculteur. À l'origine, il a une formation dans le commerce et a exercé un temps dans ce milieu, qui l'a "très vite exaspéré". 

"À la suite de plusieurs voyages dont un au Népal, j'ai eu envie de réitérer, de créer des projets d'aventures", déclare-t-il. 

Il se lance en 2019 en parallèle de son emploi en tant que responsable de magasin bio. "Ensuite, j'ai tout quitté, je ne me suis pas trop donné le choix", relate-t-il.

Je n'avais jamais navigué sur un fleuve. Ce qui m'intéresse c'est d'interpeller par le biais du sport.

Alban Mauzac

Apiculteur et éco-aventurier

Alban a créé son métier de toutes pièces. Désormais, il partage sa vie entre ses expéditions, les conférences qui en découlent, ses abeilles et les animations autour de l'apiculture. Plusieurs sponsors le suivent et lui permettent de financer ses projets. 

Son activité d'apiculteur l'a poussé à s'intéresser au sort des abeilles, et à faire cette expédition sur la Loire. 

Les abeilles sont dans une situation délicate. La sécheresse les impacte directement.

Alban Mauzac

Apiculteur et éco-aventurier

"S'il n'y a pas assez d'eau pour les plantes, il y aura peut-être des fleurs, mais pas de nectar à l'intérieur ni de pollen. Ce ne sont pas des conditions idéales pour les plantes et ça supprime de la nourriture aux abeilles", détaille l'apiculteur. 

Menace d'extinction et d'appauvrissement alimentaire

Selon l'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), "35% des pollinisateurs invertébrés, en particulier les abeilles et les papillons, sont menacés d'extinction".

Or, les abeilles ont un rôle majeur dans la reproduction de fruits et de plantes. "Les abeilles pollinisent un tiers de ce que nous mangeons et jouent un rôle essentiel dans la préservation des écosystèmes de la planète. Environ 84% des cultures destinées à la consommation humaine dépendent des pollinisateurs", indique la FAO.

La pollinisation par les abeilles permet "non seulement d’obtenir plus de fruits, de baies ou de graines, mais également d’améliorer la qualité des produits".

Le risque de leur disparition serait une perte de biodiversité et de diversité alimentaire. Les fruits, noix et légumes pourraient se retrouver supplantés par des cultures de riz, de maïs et de pomme de terre "favorisant des régimes alimentaires déséquilibrés"

Avec son expédition sur la Loire, Alban Mauzac veut faire prendre conscience de ce danger méconnu, et donner, à son échelle, les moyens aux apiculteurs et aux associations d'agir contre la disparition de leurs cheptels. 

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