L'errance animale, un véritable fléau ! Pour lutter contre, des associations de protection font un travail quotidien. Mais parfois, cet engagement est source de tensions, notamment vis-à-vis du reste de la population. Comme à Fontevraud-l'Abbaye, dans le Maine-et-Loire.
Isabelle Le Roy est arrivée à Fontevraud l'Abbaye, il y a douze ans. Constatant le nombre de chats errants, malades, affamés, mourants pour certains, elle a décidé, d'abord seule, puis, après avoir créé une association (l'ABEC, association de bienveillance avec les chats), de s'attaquer à ce problème.
C'est ainsi qu'elle a posé des trappes pour identifier et stériliser les chats errants. Mais l'association s'est rendu compte que des trappes avaient été déplacées, une trappe a même été volée. Une autre retrouvée avec des poils à l'intérieur, mais sans chat.
"On espère qu'il n'a pas été victime de malveillance, dit-elle. On a décidé d'arrêter de trapper, pour la sécurité des chats."
Une convention avec la ville en 2023
Des gamelles d'eau et de nourriture, ainsi que des petits abris ont été posés en différents lieux pour des chats identifiés et stérilisés par l'association. Isabelle estime s'occuper de 60 à 80 chats chaque jour et dément participer à l'augmentation du nombre de chats errants sur la commune.
Une convention avait d'ailleurs été signée en 2023 avec la municipalité pour ce travail d'identification et de stérilisation, mais, face au mécontentement de certains habitants, la convention n'a pas été reconduite.
"Il n'y a pas de prolifération de chats puisqu'on a stérilisé 89 chats depuis la création de l'association, se défend Isabelle Le Roy. Notre association ne souhaite pas du tout gêner les habitants, ce qu'on souhaite, c'est prendre soin des animaux."
Deux points de vue à réconcilier
"On a deux points de vue complètement opposés, constate Sylvie Huault, adjointe en charge du cadre de vie à Fontevraud-l'Abbaye. D'un côté, l'association, on veut être bienveillants vis-à-vis d'eux et des animaux, mais on a aussi des administrés. On a une problématique de tourisme à Fontevraud, des hôtels, des restaurants, des chambres d'hôtes et un certain nombre de personnes qui voient les chats comme une véritable nuisance."
Ce que réclament ces habitants, c'est que l'on trouve un équilibre entre protéger les animaux, même si ce ne sont pas des animaux domestiqués, et laisser proliférer des animaux en piteux état.
"Pauvres bêtes, elles doivent souffrir"
"C'est une nuisance, reconnait Christophe Chabenat, gérant d'un hôtel à Fontevraud l'Abbaye. Je n'ai rien contre les chats domestiques, mais quand on voit dans le village, et aussi dans notre établissement l'été, des chats qui sont faméliques, pas en bonne santé, on se dit : pauvres bêtes, elles doivent souffrir. Et dans un établissement public comme le nôtre, quand un chat famélique se promène au milieu de nos clients, et que, des fois, il rentre dans les chambres, vous imaginez bien la tête que peut faire un client lorsqu'il découvre qu'un chat est dans son lit ! Quand il y a trop d'animaux qui sont errants comme ça et qui ne sont pas en bonne santé, je ne vois pas l'intérêt de permettre leur prolifération."
Sylvie Huault, adjointe, déplore le manque de possibilités pour une commune pour agir.
"On se dit que la meilleure solution, conclut-elle, c'est d'essayer d'expliquer aux uns ce que font les autres et de trouver, peut-être, un mode de fonctionnement qui permette une meilleure compréhension."
Peut-être 15 millions de chats errants
"C'est un problème que rencontrent toutes les communes de France", constate Claude Rousseau, fondateur de l'alliance sociale animale, une association sarthoise, qui est venu jouer les médiateurs à Fontevraud.
"Aujourd'hui, dit-il, nous avons (en France) 15 millions de chats domestiqués qui ont un propriétaire. Nous en avons probablement autant en chats errants."
La commune va poursuivre son travail de communication dans son journal municipal. Elle envisage aussi d'installer des abris fixes, plus loin du centre-bourg, pour éloigner ces chats errants du centre du village.
Pour appuyer un arrêté préfectoral interdisant aux particuliers (hors associations) de nourrir les chats errants, la commune va publier son propre arrêté dans ce sens. Une subvention est également à l'étude pour aider l'association de bienveillance envers les chats, si celle-ci en fait la demande. Une subvention, qui, bien sûr, serait soumise au vote des conseillers municipaux.
Olivier Quentin avec Laura Striano.
Retrouvez-nous sur nos réseaux sociaux et sur france.tv