Il a une carrière à la fois militaire et sportive. Médaillé d'or aux Jeux olympiques de Rio en 2016, le Lieutenant-colonel Thibaut Vallette a été engagé au Tchad et en ex-Yougoslavie en 2000/2001. Il vient d'être nommé écuyer en chef du Cadre Noir de Saumur. Il nous a accordé une interview.
Comment est née votre passion pour l'équitation ?
J’habitais à Rouen. Mes parents m’ont mis sur un poney quand j’avais 5 ans, comme tout le monde. Puis au gré des mutations de mon père, je montais quand le club de cheval n’était pas trop loin de là où l’on vivait. Après j’ai toujours monté à cheval, mais en dilettante. Quand j’ai préparé le concours de Saint-Cyr, à la Flèche, aller caresser les chevaux et les monter le week-end était une vraie respiration pour moi. Ça n’a jamais été très loin de moi, mais ma carrière s’est faite au gré des rencontres et des opportunités.
Vous avez eu une carrière à la fois militaire et sportive, comment gère-t-on le passage d’un milieu à l’autre ?
En 1999, je suis parti à Gap (dans un régiment de chasseurs NDLR) parce qu’à l’époque je faisais beaucoup de montagne. Ça a été très formateur. J’ai dirigé des hommes, et c’est après ça que je suis parti au Tchad et en ex-Yougoslavie. Ces expériences m’ont sans nul doute servi pour le reste de ma carrière.
Quel a été votre parcours jusqu'à la médaille d'or obtenue en équipe aux Jeux Olympiques de Rio ?
Ce qui a tout changé dans ma carrière sportive, c’est ma rencontre avec Qing du Briot. C’est un cheval qui n’a pas un parcours classique. Il a été acheté par l’IFCE (Institut français du cheval et de l'équitation) à 6 ans, alors que les chevaux sont en général achetés à 3. C’est l’adjudant Gildas Flament qui l’a repéré et l’a sorti sur sa première année de concours. Puis il a demandé à ce que je récupère Qing. J’ai découvert un cheval très volontaire, pour qui rien n’était trop difficile. Il avait vraiment une grande confiance en l’homme. On a découvert le haut niveau ensemble. La médaille d’or, c’est un souvenir merveilleux. C’est la récompense du travail de toute une équipe…4 cavaliers, les grooms, le staff technique…Et puis les chevaux ont bien vécu l’évènement, ça c’est une grosse satisfaction. On les emmène à l’autre bout du monde, ils prennent l’avion, doivent s’adapter à un autre climat etc… s’ils reviennent en forme, on a tout gagné.
Vous n'avez pas été trop déçu de devoir abandonner une semaine avant les Jeux olympiques de Tokyo ?
Forcément j’étais déçu quand à une semaine du départ, on a dû renoncer mais aujourd’hui mon cheval est en bonne santé donc je suis satisfait. Il aurait dû terminer sa carrière avec les Jeux de Tokyo, c’est ce qui était prévu mais je préfère ça plutôt qu’il soit allé se blesser. Là, je vais pouvoir lui offrir une belle retraite. Je ne le ferais pas concourir ailleurs.
Quels projets avez-vous pour le Cadre Noir de Saumur ?
J’ai envie de poursuivre le travail d’ouverture de l’institution. C’est important qu’on rayonne en dehors des murs du Cadre noir. L’autre axe qui m’intéresse est le bien-être animal. Il y a beaucoup de chevaux dans un espace restreint donc je veux être attentif à leur bien-être. Sans les chevaux, nous ne sommes rien. Forcément j’aurais plus de réunions et il faudra adapter mon emploi du temps mais je vais continuer à monter à cheval tous les jours, c’est essentiel dans mon métier.
Le Cadre Noir de Saumur
Véritable institution française, le Cadre Noir de Saumur a été fondé au début du 19ème siècle par Louis XVIII. Aujourd'hui, c'est un corps de cavaliers d’élite missionné pour l’enseignement équestre supérieur et la préservation de l’Équitation de tradition française. Depuis 2011, cette équitation est iunscrite par l'UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Militaires à l’origine, les écuyers exerçaient à l’École de cavalerie. Devenu civil, ce corps d’instructeurs enseigne depuis à l’École nationale d’équitation (ENE), devenue une entité de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE). C’est l’uniforme que portent les écuyers qui est à l’origine du nom.