À Mayenne et à Château-Gontier, deux magasins vendant des produits à base de chanvre viennent d’ouvrir leurs portes. Ces nouvelles boutiques font débat.
De nouvelles enseignes fleurissent dans la région : des "coffee shops" spécialisés dans la vente de CBD, sous forme de tisanes, huiles, cosmétiques... Dans ces boutiques, tous les produits respectent la législation française. Leur taux de THC, la substance psycho active responsable de l’interdiction du cannabis, est inférieur à 0,2%. Un seuil trop faible pour qu’ils soient interdits. C’est une autre molécule, elle aussi présente dans le cannabis, qui est ici prisée par les consommateurs : le CBD.
Des vertus prisées
Cette substance qui elle, est légale, tient son succès de ses propriétés relaxantes. Bien que les vendeurs n’aient pas le droit de les vendre en tant que tel, les produits à base de CBD sont utilisés par de nombreux consommateurs à des fins thérapeutiques. Pour Charles Robert, infirmier au service addictologie du Centre Hospitalier du Nord-Mayenne "On ne peut pas nier qu’il y a un vrai intérêt pour [les patients]". La substance leur apporterait une sensation de "mieux être, un décontractant pour l’anxiété".
Antidouleur, anti-inflammatoire, réduisant le stress, l’anxiété, les troubles neurologiques, les propriétés reconnues de cette substance sont variées. « Le CBD, c’est juste pour se relaxer et enlever quelques maux physiques » témoigne un client du magasin de Mayenne.
Les fleurs de chanvre interdites, mais commercialisées
Des effets relaxants qui ne suffisent pas à convaincre l’État français. Il ne veut toujours pas de ces commerces au statut ambigu, remis en question par la législation concernant les fleurs de chanvre. Seule l’utilisation commerciale des fibres et des graines de la plante est autorisée. Or ce sont les fleurs qui contiennent la majeure partie du CBD.
Mais ce n’est pas cette interdiction de vente de fleurs de chanvre qui a découragé les magasins de CBD d’ouvrir leurs portes. Et de réaliser une bonne partie de leur chiffre d’affaires sur la vente de fleurs. Les commerçants ont profité du peu de contrôles policiers quant à l’application de cette loi, et au flou juridique dans lequel évolue le CBD.
Le coffee shop Sa-tea-va, à Angers, en a fait les frais en avril 2019. Après 9 perquisitions, 7 gardes à vues et 2 magasins fermés, le propriétaire de l’enseigne, Pascal Brunet, ne s’est pas découragé et a ouvert un nouveau magasin à Cherbourg. Une persévérance qui pourrait finir par payer.
Discorde entre la France et l’Union européenne
En novembre dernier, l’Europe a jugé illégale l’interdiction de la commercialisation du CBD en France. Et ce, même si ce CBD est extrait des fleurs de la plante.
Une décision propice à l’ouverture de nouveaux magasins comme "Green Care", pour un marché en pleine expansion.
Mais la prudence reste de mise. Bien que les commerces de CBD aient gagné une bataille avec cette décision de la cour de justice de l’Union Européenne, l’État français n’en démord pas.
"On a aujourd’hui un débat, la cours de cassation est saisie de la question de savoir s’il y a une infraction ou pas de commercialiser ce produit, éventuellement de le consommer" rapporte Maître Pascal Rouiller, avocat pénaliste. Pour le moment, pas de prohibition formelle ni d’autorisation officielle.