DOCUMENTAIRE L’œil du Tigre : Laurence, non–voyante au combat !

Tourné en Mayenne, ce documentaire de Raphaël Pfeiffer dresse le portrait émouvant de Laurence Dubois, championne d’art martial non-voyante, et surtout femme rayonnante. À découvrir lundi 09 novembre à 22h45
 

Société
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L’histoire de Laurence est faite d’épreuves : née avec un glaucome et des yeux très fragiles, elle a su très vite qu’elle ne les garderait pas toute sa vie. À 17 ans, elle perd son premier œil.
L’usage du deuxième diminue progressivement durant les quinze années qui suivent, et à 33 ans elle perd complètement la vue, c'était il y a vingt ans.

Douée d'une forte personnalité, extravertie et aimant faire la fête, Laurence est depuis toujours fan de sports de combat, des disciplines qu’on lui avait interdites à cause de sa fragilité oculaire.
Devenue non-voyante, elle va se consacrer à un art martial Vietnamien, le Vovinam Viet Vo Dao.

Le documentaire qui lui est consacré, "L’œil du Tigre" est sorti en salles en 2019. Raphaël Pfeiffer voulait porter l’histoire de son personnage sur grand écran, et tourner sur la durée.
 


"J’ai vite compris que Laurence était un personnage plus riche, plus intéressant que ce que l’on peut imaginer au premier abord." raconte Raphaël Pfeiffer. "Le sport était un peu secondaire, il y avait chez elle quelque chose de fascinant, notamment dans son rapport à sa famille. Cela touchait à des thèmes qui dépassaient le quotidien d’une personne en situation de handicap. Il fallait creuser, il fallait rester, filmer."

Laurence vit avec son mari Philippe et ses enfants à Châtillon-sous-Colmont entre Mayenne et Ernée. Leur vie n’est pas facile.
Ils ont une toute petite ferme, une dizaine de vaches, dont ils vendent le lait. Philippe n’a jamais un week-end. Quand ils partent en vacances, ils vont dans un camping à trente minutes de la ferme, pour qu’il puisse quand même aller traire ses vaches et retrouver sa famille le soir.
 

"Ce n’est ni un film sur le handicap, ni un film sur le sport" insiste Raphaël Pfeiffer "c’est un film sur une femme exceptionnelle, qui a eu une vie très difficile, qui a traversé beaucoup d’épreuves et qui, parce qu’elle est rayonnante, est une source d’inspiration permanente."

Les séquences au dojo avec les entraînements et les compétitions, les scènes de vie familiale et de vie de la ferme alternent dans "L'oeil du tigre" pour nous faire partager le quotidien de Laurence et des siens, sans s’alourdir pour autant.

C'est un film sur la bonté : la présence de Laurence rend les autres meilleurs

Raphaêl Pfeiffer, réalisateur de 'L'oeil du Tigre"


"C’était important pour moi de faire un film sur des personnes de situation sociale modeste sans rentrer dans des problèmes d’argent" indique le réalisateur, qui poursuit : "C’est aussi un film sur la bonté : la présence de Laurence rend les autres meilleurs. C’est ce qu’elle fait ressortir chez son mari, qui, deux à trois fois par semaine, l’accompagne à son entraînement, passe une heure et demie à la regarder, puis la ramène. Je n’ai pas l’impression qu’il voit ça comme un devoir."

Reste que le sport, qu’elle a commencé sur le tard prend une place prépondérante dans la vie de Laurence Dubois. "Elle fait quelque chose qu’elle n’aurait pas pu faire avant, elle y obtient une reconnaissance qui lui permet de surmonter des moments plus durs. Parce qu’il lui arrive d’avoir des moments de tristesse liés à son handicap, même si elle vit globalement bien avec."
 

Et en ne renonçant à rien : son investissement dans le Viet Vo Dao ne s’est pas fait au détriment de sa vie de famille ou de sa vie sociale, comme le remarque très justement le sociologue Frédéric Reichhardt dans cet entretien.

Si Laurence Dubois a d’abord suscité la curiosité dans les dojos, elle est aujourd’hui une porte-parole des questions liées au handicap au sein des instances de son sport, et un exemple pour beaucoup au-delà : en France, on compte 3,1 millions de personnes déficientes visuelles dont 210 000 malvoyants profonds et 70 000 aveugles.


 
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