Pour réguler la prolifération des frelons asiatiques, un groupement de défense sanitaire en Mayenne utilise depuis deux ans des pièges très particuliers. Ils viennent d'être homologués au niveau national, car ils ont fait la preuve de leur efficacité.
C'est l'ennemi numéro un des apiculteurs, le frelon asiatique, capable de tuer jusqu'à 80 abeilles par jour. Seule solution, le piégeage avec l'arrivée des beaux jours.
"C'est vraiment la période où on va essayer d'attraper les fondatrices qui vont former les nids primaires et ensuite les nids secondaires", explique Pierre-Marc Milon, technicien au GDS apicole.
Et parmi les pièges les plus efficaces, cette innovation munie de grille filtrante.
"On a un cône, en fait, qui est ajouré, dans lequel les abeilles, les syrphes, les papillons, les moucherons, les mouches, peuvent rentrer et ressortir. Il n'y a que le frelon asiatique qui va être dedans. Lui est trop gros pour ressortir par les mailles".
Autre particularité de ce piège, la partie avec l'appât est séparée de l'endroit où le frelon va être enfermé. "Dans les autres pièges qu'on peut acheter dans le commerce, le frelon et l'appât sont au même endroit. On est obligé de tuer les frelons pour renouveler l'appât" détaille le technicien.
Pour Pierre-Marc Milon, l'intérêt de ce piège "c'est qu'il est spécifique, c'est qu'on ne va piéger quasiment que du frelon et on va pouvoir renouveler l'appât sans être au contact des insectes" souligne-t-il.
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6 000 pièges depuis janvier 2023
C'est à l'Esat de Port-Brillet, en Mayenne, que le fameux piège est fabriqué par des personnes en situation de handicap. Depuis le début de l'aventure, en janvier 2023, ce sont près de 6 000 pièges qui sont sortis de cet atelier pour être vendus partout en France.
"Il y a beaucoup de commandes, c'est ça qui est intéressant, explique Héloïse Chamarot, depuis un an et demi qu'on est en train de faire ça, les pièges à frelons, on est à fond dedans".
"Ça cartonne. Ça fait du bien, (on se dit) qu'on n'est pas là pour rien", se réjouit Ludovic Desilles.
Découpes, calibrage, montage, peinture, autant de compétences pour ces travailleurs polyvalents qui ont su relever ce nouveau challenge.
"Ça fait travailler une dizaine de personnes depuis janvier en permanence sur ces pièges-là, explique Jean-François Urvoas, de l'association Robidas, on essaie de satisfaire tout le monde, on a un petit peu de retard, mais on reste un esat. On n'est pas non plus une usine. Donc, on tient aussi au bien-être des travailleurs. On ne met pas la pression, ce n'est pas notre rôle".
Un piège 100 % français, à l'efficacité redoutable que les apiculteurs, les communes, mais également les particuliers s'arrachent. L'an dernier, en Mayenne, près de 1 500 fondatrices ont ainsi été piégées.
Le reportage de Séverine Bourgault, Florie Cotenceau et Nicolas Guilbaud
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