Saint-Pierre-des-Nids, dans le nord de la Mayenne, est réputée pour ses migrations d'hirondelles de fenêtre qui viennent en nombre passer le printemps sur la commune.
L'hirondelle de fenêtre qui passe l'hiver en Afrique, nous revient au printemps après avoir effectué quelque 5 000 km de voyage, et repart à la fin de l'été avec sa progéniture et suffisamment de réserves pour faire le voyage de retour.
Si elle vient sous nos latitudes, c'est, parait-il, parce qu'en Afrique, à cette période de l'année, la concurrence est importante avec d'autres passereaux, amateurs, comme elle, d'insectes. Une fois arrivée chez nous, elle s'installe sur des façades d'immeubles ou d'autres constructions où elle construit son nid.
À ne pas confondre avec l'hirondelle de cheminée ou hirondelle rustique, qui a le même parcours migratoire, mais qui a une gorge rouge brique.
Cette dernière, comme son nom l'indique, niche dans les grands conduits de cheminée ou les bâtiments agricoles. On la trouve plutôt dans les campagnes alors que l'hirondelle de fenêtre est plus courante en ville.
L'hirondelle de fenêtre est en déclin, sa population observée en Europe a baissé de plus de 30 % en 40 ans. Le réchauffement climatique, moins de nourriture (les insectes disparaissent), mais aussi la rénovation des façades qui l'empêche de nidifier, en sont les principales causes. Elle est protégée depuis un arrêté ministériel d'octobre 2009.
On ne peut donc détruire les nids qu'elle construit, sauf dérogation.
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20 nouveaux nids
La municipalité de Saint-Pierre-des-Nids, au nord-est de Laval, a donc suivi cet arrêté de protection des hirondelles et c'est pourquoi, ce lundi matin, ont été installés de nouveaux nids sur un immeuble, dans le centre-ville, afin de compenser la perte de plusieurs nids, en face, sur de veilles maisons insalubres promises à la destruction.
Saint-Pierre-des-Nids est, dit-on, l'une des trois communes de la Mayenne qui ont le plus de nids d'hirondelles de fenêtre.
Des élèves de l'école publique Simone Veil ont participé à cette opération. Les nids ont été fabriqués par la Ligue de Protection des Oiseaux. Les enfants ont poncé l'entrée de chaque nid pour éviter que les oiseaux ne se blessent et ils en sont les parrains.
"On a beaucoup d'hirondelles ici et il faut les protéger", explique Camille, 7 ans.
"Si elles découvrent que les nids sont cassés (des anciennes maisons), elles ne pourront plus y habiter. On en fait des nouveaux pour qu'il y ait plus d'hirondelles", confirme Lucien, un camarade de classe, qui a bien l'intention de prendre ses jumelles pour les observer quand elles arriveront.
►Voir le reportage de Fanny Cotenceau, Laurence Couvrand et Florence Thibert.
"Dans le cadre de travaux, on peut demander une dérogation qui va permettre d'accompagner ces travaux et, si possible, permettre que les hirondelles se réinstallent sur le bâtiment après rénovation. Où, quand ils sont démolis, on cherche à ce que les hirondelles puissent se réinstaller sur un bâtiment proche en posant des nids artificiels comme on le fait aujourd'hui".
C'est le Groupe Ornithologique des Avaloirs, le GOA, qui a supervisé cette opération avec Mayenne Nature Environnement et la commune. Selon les deux associations, 65 nids ont été dénombrés à Saint-Pierre-des-Nids dont 50 habités. Ce qui, potentiellement, doit permettre la naissance de 400 hirondelles.
Au total, ce sont 20 nids qui doivent être accrochés sur les immeubles de la rue du Bourg l'Abbé. Ce qui devrait compenser la perte des 15 nids qui disparaîtront avec la destruction des maisons insalubres.
"On a envie vraiment que cette colonie reste"
"Si ça fonctionne, chaque couple peut faire jusqu'à deux nichées par an et dans chaque nichée, il y aura quatre petits, détaille Pierre Transon, du Groupe Ornithologique des Avaloirs. On a vraiment envie que cette colonie reste et s'implante bien sur la commune."
On peut donc aider les hirondelles en fabriquant soi-même des nids que l'on posera à des endroits adaptés, à la bonne hauteur et la bonne exposition. Des guides existent, tout comme pour les nids de martinets qui sont également en danger.
Écrit par Olivier Quentin avec Fanny Cotenceau
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