EARTA est une entreprise différente. Sur 249 salariés, 220 sont des personnes handicapées, spécialisées dans le recyclage des invendus de presse. Elle fait les frais du naufrage de Presstalis. Avec leur patron engagé, tous sont en marche vers l'Élysée pour y rencontrer le président de la République.
Les 249 salariés d'EARTA, sont pour la plupart des personnes en situation de handicap. La liquidation d'une filiale de l'ex-Presstalis qui était leur principal donneur d'ordre met cette entreprise différente, à son tour, au bord de la faillite, et devant l'obligation de licencier.
Tous en appellent à Emmanuel Macron et organisent une marche vers l'Élysée depuis Nantes.
Ce lundi 23 août ils se sont arrêtés à la Mairie du Mans où ils ont été reçus par le maire Stéphane Le Foll.
Difficile pour des salariés handicapés de retrouver un emploi
EARTA assurait la gestion en région de la reprise des invendus de la presse pour le compte de la SAD, une filiale de l'ex-Presstalis. La liquidation de la SAD et la cession de Presstalis menacent cette activité, selon le gérant, Didier Rio.L'entreprise compte 249 salariés, dont 220 en situation de handicap, répartis sur plusieurs sites dans l'ouest, à Couëron, Guérande, et La Montagne en Loire-Atlantique, ainsi qu'à Voivre-lès-le-Mans dans la Sarthe. C'est cette dernière unité qui pourrait disparaître avec une soixantaine d'emplois.
"La perte de leur emploi va être catastrophique humainement alors même que, depuis des années, ils ont toujours été au niveau, malgré leurs difficultés, et très souvent surprenants. C'est une réelle catastrophe", déplore Didier Rio. "Il sera très difficile pour ces salariés de retrouver un emploi".
Avec 7 millions d'euros de Chiffre d'Affaire, EARTA dispose aussi d'une activité d'imprimerie et de sacherie papier; Si le tri des invendus de presse venait à disparaître, 2 millions d'euros manqueraient au CA annuel, mettant l'ensemble de l'entreprise en difficulté.
Des assurances avaient été données
Cette marche "symbolique", réunit une cinquantaine de personnes. Elle est partie ce lundi 17 août de Nantes avec pour objectif d'interpeller les élus locaux et les pouvoirs publics : "On veut que nos élus ne puissent pas dire: "on ne savait pas". On veut arriver à Paris pour que quelqu'un nous dise que c'est fini. On ne peut pas attendre que l'entreprise ferme. Nos dirigeants doivent assumer un vrai choix", explique le gérant d'EARTA.Des assurances avaient été données pour un maintien de l'activité, mais celles-ci n'ont pas été suivies d'effet : "la nouvelle gestion des flux retour en région sera finalement assurée par France Messagerie ou par son confrère, la Messagerie Lyonnaise de Presse".
"Pourtant Presstalis a reçu 120 millions d'euros de l'État, on pourrait penser que l'argent public servirait à aider les salariés les plus en difficulté..." indique dubitative une marcheuse d'EARTA.
Précisément, l'État a prévu d’injecter 80 millions d’euros, une somme qui s’ajoute aux 95 millions déjà versés ces derniers mois à Presstalis.
En marche vers l'Élysée
L'entreprise EARTA a été fondée en 2001. Elle accueille des travailleurs en situation de handicap souvent victimes de traumatismes crâniens qui ont entrainé chez ces personnes une incapacité partielle de travail.Sur les sites de la Sarthe, par exemple, les employés réceptionnent, trient et conditionnent une partie des magazines et journaux invendus et préparent l'autre partie au recyclage.
Les marcheurs ont prévu d'arriver à Paris le 31 août et souhaitent être reçus par Emmanuel Macron. Ils interpellent aussi, Xavier Niel, actionnaire du journal Le Monde, ainsi que Louis Dreyfus, président du directoire du journal, et qui a négocié pour la presse quotidienne, la reprise de Presstalis et sa transformation en France Messagerie.
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