La réforme des retraites continue à mobiliser contre elle. Et les manifestations se succèdent : 6ème journée mardi dernier, 7ème ce samedi. Avec des chiffres record dans notre région : près de 190 000 personnes dans les rues des Pays de la Loire le 7 mars selon les syndicats, 100 000 selon la Police. Dimanche en Politique donne la parole à des manifestants à Angers, Le Mans, Nantes et Challans en Vendée, ce dimanche 12 mars à 11h30.
La réforme des retraites sera bientôt de retour à l’Assemblée Nationale, après son examen au Sénat. Sera-t-elle finalement votée ? Ou adoptée avec le 49-3 ?
Un vote très politique
Dans notre région, le gouvernement peut compter sur 18 voix "Pour" sur 30 députés : celles des macronistes et de la seule députée LR de notre région, Anne-Laure Blin en Maine-et-Loire.
Mais trois députés des Pays de la Loire, pourtant membres de la majorité, manquent pour l’instant à l’appel.
En Maine-et-Loire, ils sont deux à afficher leurs réticences face à la réforme.
L’ex-socialiste, passée à Renaissance, Stella Dupont, refuse en l’état de voter le texte. "Je partage l’intérêt d’une réforme des retraites pour pérenniser notre système par répartition, véritable patrimoine commun. Mais […] je pense possible de trouver un meilleur équilibre dans la répartition des efforts demandés. Il me semble important que pour les jeunes, pour les femmes, pour les Seniors, on apporte des mesures complémentaires".
Philippe Bolo, député Modem, du Maine-et-Loire, reste lui aussi incertain sur son vote.
Yannick Favennec, ex-député UDI de Mayenne rallié à la majorité aux dernières législatives, l’affirme lui aussi : "À ce jour, je ne vote pas Pour. Mon vote est toujours suspendu aux avancées et clarifications du gouvernement sur les carrières longues et sur celle des femmes".
Des frondeurs - qui refusent cette appellation - et que le gouvernement espère rallier à sa cause avant le vote final… Car à l’Assemblée nationale, chaque voix va compter pour faire passer la réforme.
La menace se fait donc de plus en plus claire pour les députés macronistes : s’ils votent contre ou s’abstiennent, ils pourraient être exclus des rangs de la majorité à l’Assemblée Nationale.
Une mobilisation record
Loin du Palais Bourbon ou du Palais du Luxembourg, les manifestants, eux, continuent à défiler en nombre…
Voici les chiffres de mobilisation dans notre région pour la journée du 7 mars :
Une mobilisation record dans de nombreuses villes, notamment en Loire-Atlantique, où 100 000 personnes, selon l'intersyndicale, ont manifesté entre Nantes, St Nazaire, Ancenis, Chateaubriant et pour la 1ère fois Clisson.
Paroles de manifestants
Damien a été de toutes les manifestations contre les retraites. Cet informaticien de 38 ans qui vit dans la région nantaise perd à chaque jour de grève "entre 100 et 120 euros de salaire. À la fin du mois ça compte". "Mais je le fais aussi par solidarité car mon salaire me permet de faire grève" ajoute Nicolas, son collègue.
Patrick est lui retraité et il en est sûr, "malgré tout ce que Macron peut dire, il reculera ! Il n'est pas tout puissant Jupiter ".
À Challans, où les manifestations n’ont jamais autant mobilisé, Jocelyne, jeune retraitée, attend, elle, "qu’on nous écoute là-haut, car ces gens-là ne savent pas ce que c’est de travailler en usine toute une journée. On est usés et à un moment, on aspire à autre chose que se lever le matin pour travailler. On veut profiter de la vie".
"L’idée qu’on ne travaillera pas plus longtemps, il faut l’oublier"
Que leur répondent les députés favorables à la réforme ? Stéphane Buchou, élu Renaissance dans la 3ème circonscription de Vendée, l’affirme : "si on ne fait rien, on aura un déficit cumulé de plusieurs dizaines milliards dans quelques années. Nous avons donc l’impérieux devoir de réformer notre système de retraite, pour assurer aux générations futures une retraite. Ce serait tellement plus simple de ne rien faire et de laisser ça aux prochaines générations. On est sur une réforme d’effort, l’idée qu’on ne travaillera pas plus longtemps, il faut l’oublier".
Des arguments que balaie Christophe, jardinier en Vendée : "moi, je travaille depuis l’âge de 17 ans et je ne vois pas pourquoi je devrais travailler jusqu’à 64 ans. Hélas, notre colère n’est pas entendue au Parlement. Pourquoi il n’y aurait pas un référendum ? Quand on connait dans quel état il a été élu, entre M. Macron et Mme Le Pen, ça a pas été un vrai choix démocratique. Quand on engage des réformes comme ça, il faut parler à tout le monde".
Entre élus et manifestants, la fracture est béante. "On les a élus, il faut qu’ils nous entendent aussi car là, on a l’impression de parler dans le vide" ressent Johann en Vendée. Et les députés insoumis ne sont pas vus comme des recours. "Ils se chamaillent à l’Assemblée, nous on travaille tous les jours".
Une société française en crise
Face à ces France qui semblent ne plus se parler, se comprendre, le politologue Arnauld Leclerc est très pessimiste : "La société française traverse une crise comme elle n’en a peut-être pas encore connue [...] Le carburant de la politique, c’est la légitimité, et Emmanuel Macron n’en a plus. Il sera en difficulté dans toutes les réformes à venir, et pas seulement sur les retraites. Sa capacité à agir dans les mois et les années à venir est faible. Toutes les élites politiques en France sont dans un discrédit très fort. La société craque, elle a des formes d’opposition très radicales, qui peuvent prendre demain des formes plus violentes".
Un nouveau Mai 68 se profile t-il ? Certains l’espèrent… Mais la jeunesse, carburant et souvent détonateur d’une révolte populaire d’envergure, semble plus réticente. Un peu plus mobilisée que lors des précédentes manifestations, elle reste malgré tout encore peu présente dans les défilés.
►Dimanche en politique au cœur des manifestations, c'est ce dimanche 12 mars à 11h30 sur France 3 Pays de la Loire
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