Sablé-sur-Sarthe : une nouvelle fois, L214 porte plainte contre LDC, le leader français du poulet

L'association L214 diffuse aujourd'hui des images terrifiantes d'un élevage intensif de poulets en Sarthe ainsi que le témoignage d'un éleveur vendéen. Les bénévoles de l'association dénoncent une nouvelle fois les conditions d'élevage des poulets conditionnés et vendus par le géant de l'agro-alimentaire LDC. Ils veulent interpeller les candidats à la présidentielle sur la maltraitance dans les élevages.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

C'est, une fois de plus, une vidéo choc que l'association L214 diffuse sur ses réseaux. On y voit les conditions terribles dans lesquelles les poulets destinés à la "consommation standard" (dans les supermarchés, la restauration et les cantines) sont élevés à Moncé-en-Saonois. 

À l'appui de ces images, le témoignage de Francis Guilloteau, un éleveur vendéen qui a longtemps travaillé pour les marque Doux, le Gaulois, Maître Coq, Douce France, ou Père Dodu...avant qu'elles ne soient rachetées, notamment par LDC et la coopérative Terrena. En 2018 il a refusé de se plier aux demandes de rendement de ses nouveaux donneur d'ordres.

L'opérateur agro-alimentaire lui demandait, entre autres, des investissements colossaux (environ 1,5 millions d'euros) pour "transformer et ventiler artificiellement mes bâtiments d'élevages, et augmenter ma production", soit, entasser un maximum de poulets dans un minimum d'espace.

 

Francis Guilloteau entend désormais dénoncer les règles, les normes imposées par l'industrie agro-alimentaire aux éleveurs. 

Il faut savoir que 80% des poulets consommés sont élevés dans ces conditions. Les gens ne savent pas ce qu'ils mangent, mais c'est de la cochonnerie.

Francis Guilloteau, éleveur en Vendée

Une vingtaine de poulets vivent entassés dans un mètre carré, c'est la norme...

En France, selon Francis Guilloteau et l'association L214, quand on travaille pour LDC et ses marques Le Gaulois (mais aussi Maitre Coq, Père Dodu, Douce France), on peut produire jusqu'à 42 kg de poulet au M2.

En clair, selon les normes, il est possible de faire vivre et d'élever 21 ou 22 animaux pendant 32 jours dans un espace dit vital d'1 M2.

Soit l'équivalent d'une feuille A4 (celle que vous mettez dans votre imprimante) par volaille. 

Des animaux qui ne sont pas voués à vivre bien longtemps : 35 jours maximum.

Ce sont des poulets dits à "croissance rapide" issus d'une souche brevetée appelée Ross 308. Dont on optimise la croissance musculaire.

Mieux vaut pour ces poulets ne pas faire de vieux os...la taille de la poitrine de ce poulet ( les blancs) fait que ses pattes ne suffisent pas toujours à le soutenir. "Cela se traduit par l'existence de poulets incapables de se déplacer, et qui meurent de faim près de leur mangeoire" indique les observateurs de ces conditions d'élevage.

"Il faut savoir qu'en 1950, il fallait quatre fois plus de temps pour amener un poulet à maturité et qu'il atteigne son poids d'abattage", explique Sébastien Arsac co-fondateur de L214, seulement voilà, on n'avait pas encore inventé le Ross 308.

Pour Francis Guilloteau, pas question d'investir des sommes folles pour transformer ses bâtiments et répondre aux exigences des opérateurs de l'agro-industrie.

"Moi, ce que je veux aujourd'hui c'est aller vers une production raisonnée, le but de mon combat c'est de produire de la volaille moins chère que le bio ou le label rouge mais en respectant le bien-être des animaux".

Et celui-de l'éleveur, ajoute t-il car "l'éleveur est un esclave. Il ne décide rien du tout. Il ne décide pas la souche, il ne décide pas l’aliment. Il ne décide rien du tout. Il ne décide même pas son prix. Il est condamné à travailler et produire au maximum. »

Selon l'éleveur vendéen, on doit pouvoir diviser les normes par 2, "ça veut dire qu'on peut tout à fait élever un poulet de 2 kilos sur une feuille A3, ce qui ferait 21kg du m2, en ventilant naturellement nos bâtiments, sans les étanchéifier". 

Il faut en finir avec ce système agro-alimentaire intensif pour donner une alimentation saine aux consommateurs

Francis Guilloteau

Une pétition pour interpeller les candidats à la présidentielle

Ce mardi 20 février, une vingtaine de militants de l'Association L214 se sont rassemblés à Sablé-sur-Sarthe pour dénoncer les conditions d'élevage sus-décrites.

Distribution de tracts, bénévoles transformés en homme sandwich pour alerter la population sabolienne des pratiques du groupe LDC. Une mobilisation qui visait aussi à remettre une pétition signée par plus de 120 000 personnes à la direction du leader du poulet.

L'action de ce mardi visait aussi à interpeller les candidats à la présidentielle pour qu'ils s'emparent de cette problématique ainsi que l'explique Léo Le Ster de L214 dans notre reportage

De son côté a direction du groupe LDC a souhaité réagir à l'action de L214 et nous a fait parvenir ce communiqué :

" Encore une fois nous dénonçons les pratiques de L214 qui utilise un montage d’images choquantes et qui donne la parole à quelqu'un qui n’a jamais été en contrat avec le Groupe. Il ne peut donc juger : Ni des actions importantes qui sont menées en matière de bien-être animal au sein du Groupe ; Ni de la qualité des relations et de la collaboration quotidienne que le Groupe entretient avec les éleveurs, qui s’appuient sur la contractualisation. Ce modèle avicole français est reconnu et inspire les autres filières agricoles. Il protège les éleveurs de la fluctuation du prix des matières premières qui représente environ 60% du prix d'un poulet ; Ni du soin que les éleveurs partenaires apportent chaque jour à leurs animaux. Ces propos font offense à leur professionnalisme et à leur engagement ; Ni de la qualité des produits que nous commercialisons. Nous rappelons que les éleveurs partenaires sont engagés dans une démarche d’amélioration continue du bien-être animal qui concernera 100% des éleveurs d’ici 2025. Concrètement, nous accompagnons et soutenons financièrement les éleveurs au quotidien".   

L214 qui a déjà mené 3 enquêtes dans les Pays de la Loire au sein des exploitations dépendantes de LDC (travaillant pour les marques "Maître-coq" ou "le Gaulois") a systématiquement porté plainte contre le groupe agro-industriel. Il en sera de même pour l'élevage sarthois de Moncé-en-Saosnois visé par sa dernière vidéo.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information