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DOCUMENTAIRE. "Réparer les parents", une unité de périnatalité au chevet des mères et des pères désemparés

Un îlot d’écoute, de bienveillance, d’accompagnement et de soins : c’est ainsi que l’on peut qualifier l’Unité de périnatalité rattachée au pôle Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent du Mans qui aide et accompagne des mères et des pères en difficulté psychologique ou sociale. Témoin du travail patient des soignants, le documentaire "Réparer les parents" adresse un message déculpabilisant aux mamans et aux papas en proie au doute sur leurs capacités.

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Un compagnon violent qu’il a fallu fuir, une addiction qui met l’enfant en danger, une phobie, un deuil : les situations qui ont conduit les mères et les pères à s’engager dans ce parcours de soins sont multiples. Ce qui les relie, c’est un sentiment de solitude, d’impuissance et d’angoisse de ne pas pouvoir faire face à la charge d’une maternité ou d’une paternité pourtant désirée.

La réalisatrice : Amalia Escriva

Réalisatrice du documentaire "Le corps des femmes" déjà tourné au Mans dans le huis clos du cabinet de la gynécologue Céline Plard-Dugas, Amalia Escriva sort du rôle d’observatrice qui était le sien alors, pour se livrer avec sincérité au seuil de son récit d’immersion entre les murs de l’Unité de périnatalité.

Comme tant d’autres femmes, la maternité a été pour elle source d’une inquiétude impossible à partager, sauf à s’attirer le soupçon de ne pas savoir y faire. La mort subite du nourrisson, tant redoutée, les pleurs du bébé, les avis contradictoires de l’entourage avec ou sans blouse blanche. Au bout, le sentiment d’être "paumée, seule face à notre bébé" confie Amalia Escriva.

Cette confession d’Amalia Escriva en guise d’introduction, permet au spectateur d’entrer sans effraction et sans jugement dans l’intimité des vies des parents suivis par l’Unité. Comme la réalisatrice, nous pouvons nous reconnaître dans le récit des difficultés, certaines passagères, d’autres bien plus profondes et poignantes. La différence ? Elles et ils ont eu la chance d’être orientés vers ces consultations, et ont trouvé le courage de s’y rendre.

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La confession d'Amalia Escriva, réalisatrice du documentaire "Réparer les parents" ©Amalia Escriva

Un travail d'équipe

L’approche de l’Unité de périnatalité, qui dépend de l’EPSM de la Sarthe, est pluridisciplinaire. Autour du Docteur Camille Rébillard, pédopsychiatres, psychologues, psychomotriciennes et puéricultrices se relaient pour des consultations aux formes variées. En tête-à-tête individuel ou en couple, sans les enfants ou avec, dans la salle de jeux lors d’ateliers comptine, ici tout est thérapie, tout est soin.

Avec tact, le documentaire se donne le temps du dévoilement en observant le travail des soignantes auprès de ces parents cabossés, empêchés, et cela commence à la prise du premier rendez-vous par un accueil téléphonique tout en délicatesse. Pas d’interview, pas de vérité experte assénée ni confessions impudiques dans ce film, mais une caméra patiente pour donner à voir et à entendre ce dont l’écoute et la parole sont capables sur la durée.

Les histoires de chacune et chacun se racontent donc à petits pas. C’est la mère de Maxence, terrorisée à l’idée qu’il puisse arriver quelque chose à son petit garçon d’un an. Le confier à une nounou, ou aux parents de son conjoint ne va pas de soi. Au cours de l’entretien avec la psychologue auquel nous assistons, nous apprenons qu’elle a perdu sa petite Ambre au terme de sa précédente grossesse. "Je ne vis pas, je survis pour mon fils, moi, je suis morte avec ma fille" explique-t-elle, les yeux embués. "Moi, je voulais construire une famille, je ne sais pas ce que c’est qu’une famille." Son compagnon prend ses mains entre les siennes.

C’est cette autre maman de deux garçons, assise dans un coin de la salle de jeux de l’Unité de périnatalité parmi d’autres mères venues avec leur enfant pour un atelier comptines. Elle semble absente, indifférente à son petit Augustin, âgé de quelques semaines seulement, qui repose sur ses genoux. Elle souffre d’une dépression post-partum sévère et éprouve des pulsions suicidaires. À la fin de l’atelier, l’infirmière Christelle de Willecot de Rincquesen reste près d’elle et de ses enfants, le dialogue s’engage.

"Mardi, j’aurais pu passer à l’acte" confie la mère. "Je le regardais, j’avais envie de le jeter par la fenêtre.

- Y a-t-il des moments où c’est plus agréable que d’autres ? Vous aimez l’habiller ?

- Même pas.

- Le bain ? C’était un moment de plaisir d’habitude

- Non, on ne le fait pas depuis une semaine."

Avec douceur, l’infirmière choisit alors de parler au nourrisson sur les genoux de sa mère et s’adresse de fait aussi à elle. "Tu vois là, c'est compliqué pour maman. Maman n’est pas là en ce moment. Maman a des jours avec et des jours sans. Maman fait tout pour aller mieux, avec le temps ça va aller."

La pluridisciplinarité de l’équipe prend alors tout son sens : la posture protectrice de l’infirmière qui n’hésite pas à parler avec douceur au nourrisson des difficultés de sa mère, la prescription par la pédopsychiatre Camille Rébillard d’un traitement adapté pour la maman et d’un arrêt de travail au papa pour permettre au couple de faire face. La parole qui enfin peut surgir et nommer le traumatisme dont les séquelles rongent cette jeune maman permettra d’engager une thérapie adaptée pour dénouer les liens qui entravent les parents et lever l’hypothèque qui pèse sur le développement des enfants.

Le rôle du père

Au gré des consultations et des témoignages, "Réparer les parents" fait la démonstration évidente du besoin d’accompagnement, ponctuel ou sur la durée dont de si nombreux parents ont besoin, et parmi eux les pères. "J’étais paralysé, je ne savais pas quoi faire" raconte l’un d’entre eux qui a mal vécu l’accouchement de sa compagne à domicile. L’enfant est venu très vite, il s’est senti impuissant. "Ça m’a fait remonter des choses de l’enfance, je suis né avec le cordon autour du cou et ma fille aussi, j'ai eu peur. Après l’accouchement, j’étais souvent stressé, en colère. Je m’en voulais de ne pas avoir su être là comme j’aurais dû. J’ai accepté de venir consulter, les premières séances m’ont déstabilisé, j’ai réussi à m’en libérer, non sans mal."

Libérée, la maman du petit Augustin est en voie de l’être comme le montre l’ultime séquence du documentaire, tourné sur plusieurs mois. À genoux sur les tapis de la salle de jeux avec Christelle, l’infirmière, elle apprend à masser son bébé, sourit, l’embrasse, revenue à la parole comme on revient à la vie.

Réparer les parents, un documentaire de Amalia Escriva (52’)

Une coproduction 24 Images - France Télévisions

Diffusion jeudi 19 octobre à 22h55

Rediffusion à 09h10 vendredi 20 octobre et jeudi 16 novembre

► À voir en replay sur france.tv dans notre collection La France en Vrai

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