C'est la fin d'une belle histoire rue Gambetta au Mans. La plus ancienne commerçante du centre-ville ferme boutique. À l'âge de 88 ans, Colette Bissonier a tiré le rideau. Elle était arrivée au magasin "Le Mans Laine" comme apprentie en 1949. Les clientes les plus fidèles étaient au rendez-vous mardi 31 octobre pour son dernier jour d'ouverture.
Elle peine à lire les instructions sous les brins colorés. "Je deviens bigleuse", murmure Colette en rigolant. Au Mans, tout le monde la connait et tout le monde l'appelle "Coco". il faut dire que ça fait un bail que la marchande de laine est derrière le comptoir. 74 ans qu'elle tient la boutique. Alors forcément, en ce jour de fermeture, la boutique du 8 rue Gambetta est pleine à craquer.
Colette connait par cœur chacune de ses clientes.
Elle sait ce que l'on aime, ce qui nous va et ce qui nous va pas. Ça fait tellement longtemps !
JeanineUne cliente
Sur les murs de la boutique, des photos noir et blanc, la mémoire du magasin. Colette est arrivée à l'ouverture en 1949 comme apprentie, vingt ans plus tard, elle épouse Roger Bissonier le patron.
Oui, j'ai épousé le patron, le pauvre, il n'est plus de ce monde. Si je l'ai épousé, ce n'est pour récupérer la boutique mais parce qu'il était tout seul !
Colette BissonierPatronne de la boutique "Le Mans Laine"
L'octogénaire n'en revient pas de la fidélité de "ses tricoteuses". Elles sont pourtant toutes là.
C'est cocooning ici. On a besoin d'être entourée, d'être conseillée.
MoniqueUne cliente
Le commerce ferme sans repreneur, mais Laurence, vendeuse ici depuis 37 ans, n'a pas dit son dernier mot.
Je suis arrivée ici, j'avais 15 ans et demi. Je me suis dit après 37 ans que vas-tu faire ? Les clientes vont trop me manquer donc je repars, j'ai trouvé un petit local. Le temps de m'installer, on me retrouvera rue de la Juiverie
Laurence BesnardVendeuse
"Ah merci Laurence, on va pouvoir se retrouver, et puis ça reste dans le centre-ville !" s'enthousiasme une retraitée, pelotes de laine bleue sous le bras.
Entre deux embrassades, "Coco" reçoit un cadeau. "Oh non, il ne fallait pas".
Vous savez, c'est une femme brillante, aimante, travailleuse, toujours le sourire et ça, vous savez, c'est important. On n'en fait plus des comme ça.
Une cliente
Il ne reste presque plus rien sur les étagères. Les stocks ont tous été écoulés ou presque. L'enseigne aura tenu ses promesses jusqu'au bout. Même si, comme l'avoue "Coco" "partir à la retraite à mon âge, c'est une honte !". Appuyée sur sa canne, la marchande de laine quitte son magasin sans se retourner. Un large sourire lui fend le visage, mais elle doit avoir le cœur bien gros.