Après l'Assemblée nationale, le Sénat a voté oui à la réintroduction de l’utilisation des néonicotinoïdes pour la culture de betteraves. En Sarthe, les récoltes sont décimées par la jaunisse. Sauf que les néonicotinoïdes, dangereux pour les abeilles, inquiètent les apiculteurs.
Si les néonicotinoïdes sont à nouveau autorisés, cette mesure est provisoire, autorisée jusqu'en 2023. Un sursis, le temps de trouver une alternative pour sauver à la fois les abeilles et la culture betteravière.
Le virus de la jaunisse
En quarante ans de carrière, c'est la pire récolte de Laurent Caillaux, agriculteur à Mamers, en Sarthe. Depuis l'interdiction des néonicotinoïdes il y a deux ans, ses betteraves souffrent.Un puceron transmet le virus de la jaunisse à la plante et empêche le développement des racines…
"En temps normal, une betterave doit faire, à peu près, un kilo", explique l'agriculteur, "là, on a des betteraves qui font plutôt 250 grammes".
Résultat : moins 60% de rendement, soit plus de 2 000 tonnes de betteraves perdues.
"Sans ces néonicotinoïdes, nous avons une production trop faible pour être rentable sur nos exploitations, poursuit Laurent Caillaux, le fait de ne pas être rentable sur nos exploitations fait que nous arrêtons la culture de la betterave. Plus de culture de la betterave, plus de sucrerie"
Pour la betterave, l'insecticide n'est pas pulvérisé à l'air libre, mais intégré dans la semence. Cela ne suffit pas à rassurer les apiculteurs.
Un "recul environnemental"
Le Parlement a autorisé mercredi, via un ultime vote du Sénat, le retour temporaire des néonicotinoïdes, insecticides tueurs d'abeilles, pour "sauver" la filière betterave, un texte "difficile", de l'aveu du gouvernement, dénoncé à gauche comme un "recul environnemental".Le projet de loi autorise, à titre dérogatoire, les producteurs de betteraves à sucre à utiliser jusqu'en 2023 des semences traitées avec des pesticides de la famille des néonicotinoïdes, interdits depuis 2018.
Pour la filière, qui représente près de 46 000 emplois, il y a urgence : les dérogations devraient en effet être effectives au plus tard en décembre, pour laisser le temps aux industriels de produire les semences nécessaires au semis de mars.