Depuis près de cinquante ans, l'association Transvap entretient et restaure des trains construits au début du siècle dernier. Chaque été, les voyageurs se pressent pour monter à bord de l'un de ces engins historiques, et partir en balade à travers la campagne sarthoise.
Sur le quai de la gare de Beillé, les visiteurs se pressent. Le klaxon de l’autorail Picasso retentit. Le train, construit en 1945, s’apprête à partir, avec, à son bord, des dizaines de voyageurs déjà impressionnés par l'engin.
Tous ont acheté leur ticket à l’association Transvap, qui entretient 17 kilomètres d’une ligne de chemin de fer historique, entre Connerré et Bonnétable (Sarthe). Sur cette ligne devenue touristique, plusieurs trains historiques, comme le Picasso, circulent en toute saison.
À bord du train ce dimanche 18 août, c’est Celyan Cormeau qui pilote. Passionné par le monde ferroviaire depuis l’enfance, le bénévole, 20 ans à peine, conduit le train seul pour la deuxième fois ce dimanche. Piloter l’engin de 30 tonnes demande de la concentration, et un peu d’huile de coude. "C’est des vieux engrenages, c’est à l’ancienne, on a pas d’assistance, c’est un coup de main à prendre !", glisse le jeune, très attentif. D’ailleurs, Celyan ne quitte pas la route des yeux.
On est obligé de faire attention à ce qu’il y a sur la voie, les obstacles, si la voie est en bon état, et toutes les règles de sécurité qu’on a sur le chemin de fer touristique
Celyan CormeauConducteur bénévole du train
Pour le conducteur en herbe, être seul aux manettes d’un tel train était un rêve. "C’est un plaisir, un honneur, de pouvoir conduire ce que nos ancêtres, nos grands-parents ont construit et nous ont fait vivre par la suite", raconte le petit-fils d’aiguilleur de train, persuadé que "même si à l’heure actuelle tout évolue, il faut toujours prendre un peu de temps".
80 bénévoles dans l'association
Prendre le temps… c’est aussi ce qui passionne les 80 adhérents de l’association Transvap depuis cinquante ans. Menuisiers, ferronniers, anciens salariés de la SNCF et passionnés de mécaniques, tous s’activent pour entretenir les voies, le matériel, et faire circuler les trains. "On est une mini-entreprise ferroviaire style SNCF, mais à notre hauteur on va dire", sourit Yohann Rossignol, vice-président de l’association. Ensemble, les bénévoles font revivre ce patrimoine industriel.
De temps en temps nous avons des épaves à restaurer, c’est l’entretien courant de ces machines, jusqu’à l’exploitation
Yohann RossignolVice-président de l'association Transvap
"Ça me renvoie cinquante ans en arrière"
Et la star des trains restaurés, c’est La Chéronne. Cette magnifique locomotive à vapeur date de 1923. Elle a été remise en service il y a plus de 30 ans, après des années de travaux pour la rénover et la remettre aux normes.
Lorsque la Chéronne circule, les passagers à son bord ouvrent grand les yeux et les oreilles. Le vieux train crache ses nuages de vapeur, ses roues grincent, et les wagons se balancent lentement sur les rails. "Ça me renvoie cinquante ans en arrière, quand j’étais jeune, on a connu les tractions à vapeur, en particulier sur les lignes secondaires, souvent pendant nos vacances on prenait ce type de petit train", se souvient un voyageur, bien décidé à revenir avec ses petits-enfants.
À côté de lui, une femme tient sa petite fille sur les genoux. Elle a tenu à lui faire découvrir ce train. "Ça permet de connaître comment ça se passait dans le temps, de découvrir la vitesse parce qu’à l’époque ça n’allait pas bien vite", glisse la voyageuse. Sa voisine, elle aussi en vacances, confirme : "C’est agréable, on a la tranquillité de voir le paysage, c’est très rare de voir un train à vapeur actuellement".
Un patrimoine inestimable, dont vous pourrez profiter jusqu’à la fin de l’été les mardis et les dimanches au départ de la gare de Beillé (Sarthe).
Carla Butting avec Yann Ledos et Benjamin Bonte.
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