Près de 200 salariés du numéro un de la volaille en France ont cessé le travail jeudi matin, à Sablé-sur-Sarthe. Ils dénoncent des conditions de travail en forte dégradation et un manque de dialogue avec la direction.
"On est tout pareil, on se sent fatigué, pas écouté. On a l’impression qu’on est pris pour pas grand-chose, tout simplement", résume David Chesneau, conducteur de ligne et salarié depuis 30 ans à LDC. "Il y a beaucoup de gens en arrêt de travail suite à des maladies professionnelles, mais rien ne bouge."
Comme David Chesneau, ils sont près de 200 salariés à avoir cessé le travail ce jeudi matin, un débrayage pour alerter la direction sur les conditions de travail de plus en plus dégradées dans leur usine de production, notamment dans le secteur des produits panés.
900 salariés concernés
La réorganisation du travail et la suppression d'une pause dans ce secteur, sans concertation avec les salariés, ont été les éléments déclencheurs du mouvement. 900 personnes sont concernées sur le site de la DPE, la découpe de produits élaborés (poulets et cordons bleus).
"Avant, vous aviez deux fois 15 minutes de pause, voire deux fois 20 minutes sur certains secteurs. Aujourd’hui, c'est une pause de 20 minutes", explique Laurence Diogène, déléguée FO. "Certains l’ont découvert en revenant de vacances, pour d’autres, ça a été le vendredi après-midi pour application le lundi", ajoute Sandrine Lepron, élue FO. "La direction n'a pas joué le jeu du dialogue".
Les salariés travaillaient auparavant de 13h à 21h30 et désormais de 13h à 21h10. "Les journées avec une pause, c'est très dur", explique Véronique Deslandes qui travaille au service des panés.
On est toujours en train de regarder la pendule pendant la pause, parce qu’on est surveillé. Ils veulent qu’on pointe pour vérifier qu’on ne dépasse pas notre temps de pause. Nous, on a refusé.
Véronique DeslandesSalariée site DPE-LDC
"La direction nous a répondu que c’est la loi "
Une délégation d'une vingtaine de salariés a été reçue par la direction en fin de matinée, une première étape de dialogue avant une réunion plus formelle prévue lundi 9 septembre. "On a l’impression d’être écouté, mais ensuite, on se demande si le papier n’est pas mis à la poubelle", réagit Sandrine Lepron à l'issue de la rencontre.
"Concernant les pauses, la direction nous a répondu que c’est la loi : on fait 7h50 de travail, il n’y a qu’une pause. C’est partout pareil, donc pourquoi pas ici. Et vous n’êtes pas contents de finir 20 minutes plus tôt ?"
Le personnel du site de Sablé-sur-Sarthe souligne aussi des pannes récurrentes dans les ateliers, des cadences de plus en plus soutenues et le non-remplacement des personnes absentes.
Les salariés se mobilisent souvent sur le pouvoir d'achat, sur les salaires, sur les conditions de travail, c'est beaucoup plus rare, c'est symbolique d'un malaise.
Richard RozeSecrétaire fédéral FGTA-Force Ouvrière
Un nouveau débrayage possible
"Tous les voyants sont au vert, avec un chiffre d'affaires de plus de 6 milliards d'euros, des objectifs de bénéfices à plus de 350 millions à l'échéance de 2026-2027. Et aujourd'hui, les salariés, ce sont les grands oubliés, comme souvent, notamment sur les conditions de travail", se désole Richard Roze.
"On essaie de faire notre travail du mieux possible, malgré des conditions déplorables. Ce n'est pas toujours évident et il n'y a aucune reconnaissance", confie David Chesneau.
Selon les réponses apportées par la direction lundi prochain, le syndicat FO n'exclut pas un nouveau débrayage.
Propos recueillis par Caroline Ditte et Nathan Vildy
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