Le rallongement des jours ne trompe pas : le printemps est bientôt de retour. Le moment est venu de reprendre possession de ses extérieurs, pour celles et ceux qui ont la main verte. Mais pour tailler les haies, mieux vaut attendre la fin du mois de juillet pour cohabiter sereinement avec nos amis les bêtes.
Remparts verdoyants, gardiennes de l'intimité du jardin, les haies ressemblent à des broussailles touffues au sortir de l'hiver.
À l'approche de la mi-mars, les amateurs de jardinage doivent cependant se retenir de jouer du sécateur, au moins jusqu'à la fin juillet, pour laisser le temps aux animaux de se reproduire en paix.
"Maintenant, il vaut même mieux éviter de tailler entre début mars et le 15 août. Avec le réchauffement climatique, les oiseaux nichent plus tôt", explique Philippe Brisemeur, adminsitrateur à la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO) de Loire-Atlantique.
Préserver la biodiversité d'un refuge naturel
Au printemps, les haies offrent un habitat important pour de nombreuses espèces animales, notamment pour les oiseaux. Ils y trouvent des sites de nidification et de protection pour leurs œufs et leurs jeunes oisillons.
"Les oiseaux choisissent une branche fourchue pour coincer leur nid et profitent de la toison feuillue pour se protéger, détaille Philippe Brisemeur, contrairement à ce que les gens pensent, beaucoup d'oiseaux nichent très près du sol."
Les passereaux, les petits oiseaux qu'on a dans le jardin, nichent dans les haies. Si on vient les déranger, ils doivent trouver un autre endroit. Ça peut aussi leur faire perdre leur ponte.
Philippe BrisemeurAdministrateur à la LPO Loire-Atlantique
Si les haies sont coupées à cette période, les nids seront détruits, les œufs seront perdus et les nouveau-nés seront exposés à des prédateurs, comme les chats ou les pies.
Les haies sont un écosystème riche qui comporte aussi des insectes ou des mammifères. "Ce que j'aime bien dire, c'est que dans "biodiversité" il y a diversité. C'est aussi important de varier les espèces végétales et de ne pas mettre que du thuya pour varier les espèces animales et ramener de la vie", affirme Philippe Brisemeur.
La reproduction des espèces protégée par la loi
La coupe de haies n'est pas réprimée pour les particuliers au niveau national, mais les préfectures peuvent publier des arrêtés encadrant la période de taille des arbres et arbustes.
L'article L415-3 du Code de l'environnement interdit néanmoins "de porter atteinte à la conservation d'espèces animales non domestiques". L'article 411-1 édicte plus précisément que "la destruction ou l'enlèvement des œufs ou des nids" sont interdits.
La coupe de haies pendant la période de nidification peut être considérée comme une violation de cette loi, qui peut donner lieu à une amende de 150 000 € et jusqu'à trois ans d'emprisonnement.
Le monde agricole est quant à lui soumis à une réelle interdiction de couper les haies. Elle émane d'un arrêté ministériel en concordance avec un règlement européen datant de 2013 et visant à protéger les oiseaux au sein de l'Union européenne. 600 millions ont disparu en Europe au cours des 40 dernières années.
"C'est notamment à cause de la suppression des haies bocagères dans les champs agricoles pour augmenter les surfaces, avoir des plus grands champs", commente Philippe Brisemeur.
Le coupe des haies en hiver
En l'absence d'interdiction formelle, la Ligue pour la protection des oiseaux préconise toutefois de planifier la coupe des haies en dehors de cette période de reproduction. Elle conseille de la réaliser en hiver, pendant les mois de novembre et de décembre, pour minimiser l'impact sur la faune sauvage.
Parmi les espèces qui confectionnent leurs nids dans les enfourchures des branches des haies comptent le "merle noir, le rouge-gorge familier, l’accenteur mouchet, le verdier d’Europe, ou encore le pinson des arbres, et bien d’autres".
Maintenir un habitat végétalisé passe aussi par le choix des arbustes. Philippe Brisemeur conseille d'éviter les thuyas, trop denses et étouffants. "On conseille par exemple aux agriculteurs de laisser leurs buissons de ronce, qui permettent aux oiseaux de nicher tout en repoussant les prédateurs."
Il est possible de faire l'acquisition de nichoirs à installer dans le jardin. Ils feront le bonheur d'oiseaux comme les mésanges, moineaux, sitelles torchepot et étourneaux.
La LPO propose un programme Refuge pour sensibiliser aux aménagements qui favorisent la biodiversité dans les espaces verts.